dimanche

Indifférence des 'intellectuels' et du gouvernement français devant le massacre des chrétiens

  Chrétiens d'Irak : plus urgent que le foot !
Cardinal Philippe Barbarin

L’indifférence des intellectuels et du gouvernement français envers le massacre des chrétiens d’Irak devrait nous bouleverser, s'indigne le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, dans cette lettre parvenue à Zenit (agence d'information basée à Rome)

Les mots semblent impuissants devant la tragédie des chrétiens d’Orient. En Irak, les informations parfois contradictoires qui nous parviennent témoignent du chaos et de l’angoisse de nos frères. Mardi soir, j’ai reçu l’appel du patriarche des Chaldéens, Louis-Raphaël Ier Sako que j’avais eu la joie d’accueillir à Lyon en mars. Il est actuellement en synode avec une vingtaine d’évêques de la région. Il me dit que la situation est effrayante, mais que des menaces beaucoup plus graves sont encore à venir. L’éradication des minorités religieuses n’est hélas pas un dommage collatéral de la folle stratégie des assassins : c’est leur but affiché.

En France, il faut bien le dire, la situation des chrétiens d’Irak n’est pas un grand générateur d’émotions. Comment expliquer que, jusque dans nos paroisses, nous ne portions pas davantage le souci de nos frères d’Orient ? Plusieurs raisons l’expliquent sans doute. La presse est le reflet des consciences de notre pays : les chrétiens de là-bas sont considérés comme un problème étranger. Il y a sans doute aussi une espèce de fatalisme : la région est en proie à des secousses meurtrières depuis si longtemps que tous, nous nous habituons à l’inacceptable.

Le fait qu’ici, en Occident, les religions soient officiellement respectées mais aussi fréquemment suspectées, n’arrange rien. La situation des chrétiens persécutés dans le monde ne provoque souvent chez nos politiques qu’une compassion polie, tardive et peu suivie d’effets. Asia Bibi entame sa quatrième année de détention préventive dans une prison pakistanaise de haute sécurité sans que cela n’empêche grand monde de dormir ; ces dernières semaines, Meriam Yahia Ibrahim Ishag a accouché dans les prisons soudanaises, enchaînée pour allaiter son petit dans le couloir de la mort ; la pression américaine a permis une libération… de quelques heures, puisqu’elle a de nouveau été arrêtée. Là encore, il a manqué de grandes voix françaises pour s’y opposer simplement, fortement, fermement.

Le réflexe communautaire d’un groupe humain l’invite à défendre ses membres. Que les chrétiens aient reçu la vocation d’aimer tout homme sans distinction de race, de culture ou de religion est un enseignement directement issu de l’Évangile. Mais, de grâce ! que cela ne nous fasse pas fermer les yeux sur les malheurs de nos frères les plus proches.

En 1794, l’un des plus grands massacres de prêtres de notre histoire s’est déroulé à Rochefort. 829 prêtres réfractaires y ont été déportés par le Comité de Salut public ; sur les 829, seuls 274 survécurent : ils firent le serment de ne jamais parler de l’horreur qu’ils avaient vécue, pour permettre à la France de se relever. Aujourd’hui, la ville de Karakosh, dans la plaine de Ninive, est devenue sous l’afflux des réfugiés la plus grande ville chrétienne d’Irak. Entendez-vous le cri qui monte ? C’est celui d’un camp de réfugiés. Karakosh n’est pas Rochefort, car le massacre est en cours. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas rester silencieux.

Le Patriarche me disait hier qu’une partition du pays serait préférable à une guerre civile qui tue d’abord les innocents. Si seulement la communauté internationale pouvait aider à trouver une solution… Mais n’attendons pas tout des États et de leur diplomatie. Agissons ici et maintenant, comme le Pape nous y a appelés. Lorsque Jean-Paul II m’a accueilli dans le collège des cardinaux, il a insisté sur le sens de la pourpre cardinalice : c’est le rappel du sang des martyrs. C’est pourquoi j’appelle aujourd’hui les chrétiens d’ici à faire monter vers le ciel une prière fervente pour nos frères d’Orient. Je les invite à cultiver la conscience de cette fraternité qui nous lie par-delà les kilomètres et les siècles. Je veux leur redire les paroles du Patriarche : « Ce qui nous manque le plus, c’est votre proximité, votre solidarité. Nous voulons avoir la certitude que nous ne sommes pas oubliés ! »

Je propose d’encourager les associations œuvrant dans la plaine de Ninive. Je supplie les chrétiens d’ici et tous les hommes et femmes de bonne volonté qui travaillent dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’alimentation, de l’aide d’urgence de venir en aide aux survivants. J’ai le désir de lancer un jumelage entre notre diocèse et l’un de ceux qui en a le plus besoin. Je suggère qu’un pourcentage des quêtes de nos paroisses qui le souhaitent soit versé durant l’année qui vient pour le soulagement de la détresse de nos frères d’Irak. J’invite tous les chrétiens à rester éveillés et attentifs, à être les veilleurs de leurs frères.

Que les héritiers de saint Pothin deviennent les frères de ceux de saint Thomas, apôtre de l’Orient. Comme l’a dit le pape François, nous sommes face à un œcuménisme de sang : ce ne sont pas des catholiques, des protestants, des orthodoxes que l’on martyrise : ce sont des chrétiens. Il est d’ailleurs à craindre que les persécutions ne s’arrêteront pas aux chrétiens. Il faut dès aujourd’hui que la ville de Karakosh devienne un sanctuaire pour tous les belligérants, et un havre de paix pour les populations civiles qui, par milliers et de toutes les confessions, y affluent. Car ce sont des hommes que l’on tue, dans le silence, entre deux olas d’un stade de foot brésilien.

Le Patriarche me l’a dit : « Nous gardons espoir, mais comme vous le savez, l’espoir est fragile. » Et si leur espoir était aussi entre nos mains ? Le pape François le rappelle : « Les chrétiens persécutés pour leur foi sont si nombreux ! Jésus est avec eux. Nous aussi. » Nous aussi !

CARDINAL PHILIPPE BARBARIN
Archevêque de Lyon

Primat des Gaules

mercredi

Pas de "chacun pour soi" chez les chrétiens



Catéchèse du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, il y a un autre groupe de pèlerins reliés à nous dans la salle Paul VI ; ce sont les pèlerins malades. Parce qu’avec ce temps, entre la chaleur et le risque de pluie, c’était plus prudent qu’ils restent là-bas. Mais ils sont reliés à nous à travers le grand écran. Et de cette façon, nous sommes unis dans la même audience. Et aujourd’hui, nous prierons tous spécialement pour eux qui sont malades. Merci.

Dans la première catéchèse sur l’Église, mercredi dernier, nous sommes partis de l’initiative de Dieu qui veut former un peuple pour apporter sa bénédiction à tous les peuples de la terre. Il commence avec Abraham et ensuite, avec beaucoup de patience, - et Dieu en a, il en a beaucoup - il prépare ce peuple dans l’Ancienne alliance jusqu’à ce que, en Jésus-Christ, il le constitue comme signe et instrument de l’union des hommes avec Dieu et entre eux (cf. concile œcuménique Vatican II, Constitution Lumen Gentium, 1). Aujourd’hui, nous voulons nous arrêter sur l’importance, pour le chrétien, d’appartenir à ce peuple. Nous allons parler de l’appartenance à l’Église.

1. Nous ne sommes pas isolés et nous ne sommes pas des chrétiens à titre individuel, chacun pour soi : notre identité est une appartenance ! Nous sommes chrétiens parce que nous appartenons à l’Église. C’est comme un nom de famille : si le prénom est « je suis chrétien », le nom est « j’appartiens à l’Église ». C’est très beau de remarquer que cette appartenance est aussi exprimée dans le nom que Dieu s’attribue à lui-même. En répondant à Moïse, dans l’épisode étonnant du « buisson ardent » (cf. Ex 3,15), il se définit en effet comme le Dieu des Pères. Il ne dit pas : Je suis le Tout-puissant… non : Je suis le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il se manifeste ainsi comme le Dieu qui a noué une alliance avec les Pères et qui demeure toujours fidèle à son pacte, et il nous appelle à entrer dans cette relation qui nous précède. Cette relation de Dieu avec son peuple nous précède tous, elle remonte à ce temps-là.

2. En ce sens, notre pensée va en premier lieu, avec gratitude, à ceux qui nous ont précédés et qui nous ont accueillis dans l’Église. Personne ne devient chrétien tout seul ! Est-ce que c’est clair ? Personne ne devient chrétien tout seul. On ne fait pas des chrétiens dans un laboratoire. Le chrétien fait partie d’un peuple qui vient de loin. Le chrétien appartient à un peuple qui s’appelle l’Église et cette Église fait de lui un chrétien, le jour de son baptême, et ensuite tout au long de la catéchèse, etc. Mais personne, personne ne devient chrétien tout seul.

Si nous croyons, si nous savons prier, si nous connaissons le Seigneur et pouvons écouter sa Parole, si nous le sentons proche et que nous le reconnaissons dans nos frères, c’est parce que d’autres, avant nous, ont vécu leur foi et nous l’ont ensuite transmise. La foi, nous l’avons reçue de nos pères, de nos ancêtres et ils nous l’ont enseignée. Si nous y réfléchissons bien, combien de visages chers défilent sous nos yeux en ce moment ! Cela peut être le visage de nos parents qui ont demandé pour nous le baptême, celui de nos grands-parents ou d’un membre de notre famille qui nous a appris à faire le signe de croix et à réciter nos premières prières. Je me souviens toujours du visage de la sœur qui m’a enseigné le catéchisme ; il me revient toujours à l’esprit – elle est certainement au ciel, parce que c’est une sainte femme, mais je me souviens toujours d’elle et je rends grâce à Dieu pour cette sœur. Ou bien celui du curé, d’un autre prêtre ou d’une sœur, d’un catéchiste, qui nous a transmis le contenu de la foi et nous a aidé à grandir en chrétien… Voilà, c’est cela l’Église : une grande famille dans laquelle on est accueilli et on apprend à vivre en croyants et en disciples du Seigneur Jésus.

3. Nous pouvons vivre ce chemin non seulement grâce à d’autres personnes, mais avec d’autres personnes. Dans l’Église, il n’existe pas de « prêt-à-monter », il n’existe pas de « joueur libre ». Combien de fois le pape Benoît a-t-il décrit l’Église comme un « nous » ecclésial ! Il arrive parfois que l’on entende dire : « Je crois en Dieu, je crois en Jésus, mais l’Église ne m’intéresse pas… ». Combien de fois avons-nous entendu cela ? Et cela ne va pas. Il y a des personnes qui considèrent qu’elles peuvent avoir un rapport personnel, direct, immédiat avec Jésus-Christ en dehors de la communion et de la médiation de l’Église. Ce sont des tentations dangereuses et dommageables. Ce sont, comme disait le grand Paul VI, des dichotomies absurdes. Il est vrai que marcher ensemble est exigeant et, parfois, cela peut devenir pesant : il peut arriver que certains frères ou sœurs nous créent des problèmes, ou nous scandalisent… Mais le Seigneur a confié son message de salut à des personnes humaines, à nous tous, à des témoins ; et c’est dans nos frères et sœurs, avec leurs dons et leurs limites, qu’il vient à notre rencontre et se fait reconnaître. Et ce que signifie appartenir à l’Église. Souvenez-vous bien de cela : être chrétien signifie une appartenance à l’Église. Le nom de « chrétien » veut dire « appartenance à l’Église ».

Chers amis, demandons au Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie, Mère de l’Église, la grâce de ne jamais tomber dans les tentations de penser pouvoir faire sans les autres, pouvoir faire sans l’Église, de pouvoir nous sauver tout seuls, d’être des chrétiens de laboratoire. Au contraire, on ne peut pas aimer Dieu sans aimer ses frères ; on ne peut aimer Dieu en dehors de l’Église ; on ne peut pas être en communion avec Dieu sans l’être avec l’Église et nous ne pouvons pas être de bons chrétiens sinon avec tous ceux qui cherchent à suivre le Seigneur Jésus, comme un unique peuple, un unique corps. Et c’est cela l’Église.

mardi

Euthanasie : la Fondation Lejeune publie un Manuel pédagogique


La Fondation Jérôme Lejeune publie un Manuel Euthanasie, rédigé par un comité d’experts, qui s’adresse aux jeunes, mais aussi aux éducateurs, formateurs, parents et professionnels de la santé.

Dans un communiqué, la Fondation souligne l’opportunité de ce manuel pédagogique, « dans une actualité chargée de débats sur la fin de vie : médiatisation de sorties de comas, annonce d’un projet de loi avant la fin de l’année, cas de Vincent Lambert, procès du Dr Bonnemaison… »

Ce Manuel gratuit, accessible en ligne, a pour but « d’expliquer de façon claire les différentes questions posées par l’euthanasie ». Émaillé de citations, de témoignages, il est illustré par des dessins de Brunor.

Il se compose de 5 parties : la première pose les définitions des formes d’euthanasies qui existent. La deuxième partie, éthique, aborde les questions liées à la dignité de l’homme en fin de vie.

La troisième approfondit le rôle de la médecine et la responsabilité du médecin. La quatrième partie précise le Droit, en évoquant l’actualité. Enfin, la dernière propose des solutions en développant la philosophie qui sous-tend les soins palliatifs.


La Fondation Lejeune avait déjà publié un Manuel Bioéthique des Jeunes et un Manuel Théorie du Genre et SVT.




Pape François : La mesure de l’amour de Dieu c’est aimer sans mesure


La mesure d'aimer Dieu, c'est de l'aimer sans mesure.
Saint BERNARD, Traité de l'amour de Dieu, VI, O.C. t.2, p.381, L.
Vivès, Paris, 1873.
« La mesure de l’amour de Dieu c’est aimer sans mesure »
Angélus du 22 juin 2014

Paroles du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour!

En Italie et dans beaucoup d’autres pays on célèbre la fête du Corps et du Sang du Christ – on utilise souvent le nom latin : Corpus Domini ou Corpus Christi. La Communauté ecclésiale se recueille autour de l’Eucharistie pour adorer le plus précieux des trésors que Jésus lui a laissé.

L’Evangile de Jean présente le discours sur le « pain de vie », tenu par Jésus dans la synagogue de Capharnaüm, dans lequel il affirme: « Je suis le pain de vie, descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde » (Jn 6,51). Jésus souligne qu’il n’est pas venu dans ce monde pour donner quelque chose, mais pour se donner lui-même, pour donner sa vie, en nourriture à ceux qui ont foi en Lui. Cette communion avec le Seigneur nous engage, nous, ses disciples, à l’imiter, en faisant de notre existence, dans nos comportements, du pain rompu pour les autres comme le Maître a rompu le pain qui est réellement sa chair. Pour nous, ce sont les comportements généreux envers notre prochain qui montrent que nous rompons notre vie pour les autres.

A chaque fois que nous participons à la sainte messe et que nous nous nourrissons du Corps du Christ, la présence de Jésus et de l’Esprit Saint agit en nous, façonne notre cœur, nous transmet des attitudes intérieures qui se traduisent en comportements conformes à l’Evangile. Avant tout docilité à la  Parole de Dieu, puis fraternité entre nous, courage du témoignage chrétien, imagination de la charité, capacité de donner espérance aux découragés, d’accueillir les exclus. De cette manière, l’Eucharistie fait murir un style de vie chrétien. La charité du Christ, accueillie d’un cœur ouvert, nous change, nous transforme, nous rend capables d’aimer non pas de la mesure humaine, toujours limitée. Mais selon la mesure de Dieu. Et quelle est la mesure de Dieu ? Sans mesure ! La mesure de Dieu est sans mesure. Tout ! Tout ! Tout ! L’amour de Dieu ne peut se mesurer : il est sans mesure ! Alors nous devenons capables d’aimer aussi ceux qui ne nous aiment pas: et cela n’est pas facile. Aimer ceux qui ne nous aiment pas … ça n’est pas facile! Car si nous savons qu’une personne ne nous aime pas, nous aussi nous sommes  portés à ne pas l’aimer. Alors que non ! Nous devons aimer aussi ceux qui ne nous aiment pas! Nous opposer au mal par le bien, pardonner, partager, accueillir. Grâce à Jésus, grâce à son Esprit, notre vie aussi devient du « pain rompu » pour nos frères. Et en vivant ainsi nous découvrons la vraie joie! La joie du don de soi, pour rendre ce grand don que nous avons reçu en premier, sans mérite. Que c’est beau ! Notre vie qui devient un don! C’est cela imiter Jésus. Je voudrais rappeler ces deux choses. D’abord : la mesure de l’amour de Dieu c’est aimer sans mesure. Est-ce clair ? Et notre vie, avec l’amour de Jésus, en recevant l’Eucharistie, se transforme en don. Comme la vie de Jésus. Ne pas oublier ces deux choses : la mesure de l’amour de Dieu c’est aimer sans mesure. Et en suivant Jésus, avec l’Eucharistie, nous faisons de notre vie un don.

Jésus, Pain de vie éternel, est descendu du ciel et s’est fait chair grâce à la foi de la très Sainte Marie. Après l’avoir porté en elle avec amour, un amour indescriptible, elle l’a suivi fidèlement jusqu’à la croix et la résurrection. Demandons à la Vierge Marie de nous aider à redécouvrir la beauté de l’Eucharistie, à en faire le centre de notre vie, spécialement à la messe le dimanche et à l’adoration.

Paroles du pape après l’angélus

Chers frères et sœurs,

Le 26 juin prochain ce sera la Journée des Nations Unies pour les victimes de la torture. Dans cette circonstance, je réaffirme ma ferme condamnation contre toute forme de torture et j’invite les chrétiens à s’engager pour collaborer à son abolition et soutenir les victimes ainsi que leurs familles. Torturer les personnes est un péché mortel ! Un péché très grave!

Je vous salue tous, romains et pèlerins !

Je salue en particulier les étudiants de la London Oratory School, les fidèles du diocèse de Côme et ceux d’Ormea (Cuneo), le « Chœur de la joie » de Matera, l’association « L’Arche » de Borgomanero et les enfants de Massafra. Je salue aussi les élèves du Lycée « Canova » de Trévise, le groupe cycliste de Saint-Pierre en Gu, (Padoue) et l’initiative « Vivre en Champion » qui, en s’inspirant de Saint Jean Paul II a porté dans toute l’Italie un message de solidarité.


Je vous souhaite à tous un bon dimanche et un bon déjeuner. Priez pour moi ! Priez pour moi, au revoir !

samedi

Discriminations contre les chrétiens: la douleur du pape François

ROME, 20 juin 2014 

Le pape François fait part de sa « douleur » face aux discriminations contre les chrétiens dans le monde : « la raison reconnaît dans la liberté religieuse un droit fondamental de l’homme qui reflète sa plus haute dignité », rappelle-t-il.

Le pape a reçu les participants au Congrès international organisé par le département de droit de l’université romaine LUMSA et l’École de droit de St John’s University sur le thème : "La liberté religieuse selon le droit international et le conflit mondial des valeurs" (Rome, 20-21 juin 2014), ce vendredi 20 juin, dans la salle du Consistoire du Vatican.

« À la lumière des acquis de la raison, confirmés et perfectionnés par la Révélation, et du progrès civil des peuples, il est incompréhensible et préoccupant que perdurent aujourd’hui dans le monde des discriminations et des restrictions de droits, pour le seul fait d’appartenir à une religion précise et de la professer publiquement », a dénoncé le pape.

Il a insisté : « Il est inacceptable que subsistent encore de véritables persécutions pour des raisons d’appartenance religieuse ! Cela blesse la raison, menace la paix et humilie la dignité de l’homme. »

« C’est pour moi un grand motif de douleur de constater que les chrétiens dans le monde subissent la majorité de ces discriminations », a ajouté le pape qui a déploré le fait que les persécutions contre les chrétiens soient « encore plus fortes aujourd’hui que dans les premiers siècles de l’Église » et qu'il y ait actuellement « davantage de martyrs qu’à cette époque », plus de 1700 ans après l’édit de Constantin.

« La raison reconnaît dans la liberté religieuse un droit fondamental de l’homme qui reflète sa plus haute dignité, celle de pouvoir rechercher la vérité et d'y adhérer », a-t-il rappelé, exhortant « les systèmes juridiques, étatiques ou internationaux à reconnaître, garantir et protéger la liberté religieuse qui est aussi un indicateur d’une saine démocratie ».


« La liberté religieuse n’est pas simplement celle d’une pensée ou d’un culte privé. C’est la liberté de vivre selon les principes éthiques qui découlent de la vérité trouvée, que ce soit sur le plan privé ou public », a-t-il précisé.

jeudi

Les positions de Monique Baujard dérangent les évêques fidèles au Christ

Article du Salon Beige - Juin 2014
Directrice du Service national famille et société de la conférence des évêques de France, Monique Baujard fait l'objet de sévères critiques quant à sa fidélité au Magistère de l'Eglise. Nous avons déjà vu que le livret du Conseil Famille et Société, résumant la Doctrine Sociale de l'Eglise, intitulé «Notre Bien commun», proposait quelques aspects étranges.

Par ailleurs, son invitation de l'idéologue du gender Fabienne Brugère à une journée de formation des responsables diocésains de la pastorale familiale, le 19 mars dernier, avait provoqué une levée de boucliers, jusque parmi les évêques. Cette polémique avait heureusement amené Mgr Pontier à annuler la venue de Mme Brugère, venue dont bon nombre d'évêques n'avaient pas été informés.

Dans le même registre, nous avions pu lire avec stupéfaction sa critique ouverte à l'endroit de l'encyclique Humanae vitae de Paul VI, allant même jusqu'à suggérer que le Pape François pourrait - à l'occasion sans doute du prochain synode sur la famille ? - en modifier la doctrine.

Nous avons même vu qu'elle se plaignait que les évêques de France soient trop attentifs à leur communion avec l'évêque de Rome, comme si l'Eglise de France était une sorte d'Eglise autocéphale ! 

Enfin, sur le grave sujet de l'avortement, elle a osé affirmer tout récemment, lors du Conseil d'administration de la COMECE (Commission des Episcopats de la Communauté Européenne) en mars dernier, que l'avortement est un droit des femmes. Cette remarque fait visiblement du bruit puisque, à notre connaissance, au moins deux cardinaux supérieurs de dicastères à Rome en sont informés et plusieurs évêques français pensent faire part de leur inquiétude à Mgr Grallet, archevêque de Strasbourg représentant la CEF à la COMECE. Et 3 évêques membres de la COMECE ont fait savoir qu'ils comptaient en référer à l'autorité.

Dans la Constitution Gaudium et Spes, le Concile Vatican II écrit :
"La vie doit donc être sauvegardée avec un soin extrême dès la conception : l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables."

Dans Evangelium Vitae, saint Jean-Paul II écrivait :
"Revendiquer le droit à l'avortement, à l'infanticide, à l'euthanasie,et le reconnaître légalement, cela revient à attribuer à la liberté humaine un sens pervers et injuste, d'un pouvoir absolu sur les autres et contre les autres."

Dans son discours au corps diplomatique, le pape François a déclaré :
"la seule pensée que des enfants ne pourront jamais voir la lumière, victimes de l’avortement, nous fait horreur".

Le Catéchisme de l’Eglise Catholique affirme :
§ 2272 La coopération formelle à un avortement constitue une faute grave. L’Église sanctionne d’une peine canonique d’excommunication ce délit contre la vie humaine. " 

Qui procure un avortement, si l’effet s’en suit, encourt l’excommunication latæ sententiæ " (CIC, can. 1398) " par le fait même de la commission du délit " ( CIC, can. 1314) et aux conditions prévues par le Droit (cf. CIC, can. 1323-1324). 

L’Église n’entend pas ainsi restreindre le champ de la miséricorde. Elle manifeste la gravité du crime commis, le dommage irréparable causé à l’innocent mis à mort, à ses parents et à toute la société.

§ 2273 Le droit inaliénable à la vie de tout individu humain innocent constitue un élément constitutif de la société civile et de sa législation :

" Les droits inaliénables de la personne devront être reconnus et respectés par la société civile et l’autorité politique. Les droits de l’homme ne dépendent ni des individus, ni des parents, et ne représentent pas même une concession de la société et de l’état ; ils appartiennent à la nature humaine et sont inhérents à la personne en raison de l’acte créateur dont elle tire son origine. Parmi ces droits fondamentaux, il faut nommer le droit à la vie et à l’intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu’à la mort " (CDF, instr. " Donum vitæ " 3).

" Dans le moment où une loi positive prive une catégorie d’êtres humains de la protection que la législation civile doit leur accorder, l’Etat en vient à nier l’égalité de tous devant la loi. Quand l’Etat ne met pas sa force au service des droits de tous les citoyens, et en particulier des plus faibles, les fondements même d’un état de droit se trouvent menacés... Comme conséquence du respect et de la protection qui doivent être assurés à l’enfant dès le moment de sa conception, la loi devra prévoir des sanctions pénales appropriées pour toute violation délibérée de ses droits " (CDF, instr. " Donum vitæ " 3)

§ 2274 Puisqu’il doit être traité comme une personne, dès la conception, l’embryon devra être défendu dans son intégrité, soigné et guéri, dans la mesure du possible comme tout autre être humain.


Au vu de ces éléments, Mme Monique Baujard peut-elle rester Directrice du Service national famille et société de la conférence des évêques de France ?

mercredi

L'Eglise ne se réduit pas au clergé ni au Vatican

La condition pour faire partie de l'Eglise ? Faire confiance à Dieu

Catéchèse du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour ! Et félicitations, parce que vous avez été courageux, avec ce temps, on ne sait pas si l’eau va arriver ou pas… Bravo ! Espérons que nous terminerons l’audience sans eau, que le Seigneur ait pitié de nous !

Aujourd’hui, je commence un cycle de catéchèses sur l’Église. C’est un peu comme un fils qui parle de sa propre mère, de sa propre famille. Parler de l’Église, c’est parler de notre mère, de notre famille. En effet, l’Église n’est pas une institution finalisée à elle-même ni une association privée, une ONG, et il faut encore moins limiter son regard aux membres du clergé ou au Vatican… « L’Église pense… ». Mais l’Église, c’est nous tous ! « - De qui parles-tu ? – Non, des prêtres… ». Ah, les prêtres font partie de l’Église mais l’Église, c’est nous tous ! Ne la réduisons pas aux prêtres, aux évêques, au Vatican… Ils font tous partie de l’Église, mais l’Église, c’est nous tous, de la même famille, de la même mère. Et l’Église est une réalité beaucoup plus ample qui s’ouvre à toute l’humanité et qui ne naît pas dans un laboratoire, l’Église n’est pas née dans un laboratoire, elle n’est pas née à l’improviste. Elle est fondée par Jésus mais c’est un peuple qui a une longue histoire derrière lui et une préparation qui a commencé bien avant le Christ lui-même.

1.On trouve déjà cette histoire, ou « préhistoire », de l’Église dans les pages de l’Ancien Testament. Nous avons entendu le Livre de la Genèse : Dieu a choisi Abraham, notre père dans la foi, et lui a demandé de partir, de laisser sa patrie terrestre et d’aller vers une autre terre qu’il lui indiquerait (cf. Gn 12,1-9). Et pour cette vocation, Dieu n’appelle pas Abraham tout seul, individuellement, mais il implique dès le début sa famille, sa parenté et tous ceux qui sont au service de sa maison. Ensuite, une fois en chemin, - oui, c’est comme cela que l’Église commence à cheminer -, Dieu élargira encore l’horizon d’Abraham et le comblera de ses bénédictions, lui promettant une descendance nombreuse comme les étoiles du ciel et comme le sable au bord de la mer. La première donnée importante est justement celle-ci : en commençant par Abraham, Dieu forme un peuple pour qu’il apporte sa bénédiction à toutes les familles de la terre. Et Jésus naît au sein de ce peuple. C’est Dieu qui fait ce peuple, cette histoire, l’Église en chemin, et Jésus naît là, dans ce peuple.

Un second élément : ce n’est pas Abraham qui se construit un peuple, mais c’est Dieu lui-même qui donne vie à ce peuple. D’habitude, c’est l’homme qui s’adressait aux divinités pour chercher à combler la distance et pour invoquer son soutien et sa protection. Les gens priaient les dieux, les divinités. Mais dans ce cas-ci, en revanche, on assiste à quelque chose d’inouï : c’est Dieu lui-même qui prend l’initiative. Écoutons ceci : c’est Dieu lui-même qui frappe à la porte d’Abraham et lui dit : Avance, quitte ta terre, commence à marcher et je ferai de toi un grand peuple. Et c’est le début de l’Église et Jésus naît dans ce peuple. Dieu prend l’initiative et adresse la parole à l’homme, créant un lien et une relation nouvelle avec lui. « - Mais, Père, comment cela se passe-t-il ? Dieu nous parle-t-il ? – Oui. – Et nous, nous pouvons parler à Dieu ? – Oui. - Mais nous pouvons avoir une conversation avec Dieu ? – Oui. » Cela s’appelle la prière, mais c’est Dieu qui a fait cela depuis le commencement. Dieu forme ainsi un peuple avec tous ceux qui écoutent sa Parole et qui se mettent en marche, en lui faisant confiance. C’est la seule condition : faire confiance à Dieu. Si tu fais confiance à Dieu, si tu l’écoutes et que tu te mets en route, c’est cela faire Église. L’amour de Dieu précède tout. Dieu est toujours premier, il arrive avant nous, il nous précède. Le prophète Isaïe, ou Jérémie, je ne me souviens pas bien, disait que Dieu est comme la fleur d’amandier, parce que c’est le premier arbre qui fleurit au printemps. Pour dire que Dieu fleurit toujours avant nous. Quand nous arrivons, il nous attend, il nous appelle, il nous fait marcher. Il est toujours en avance par rapport à nous. Et cela s’appelle l’amour, parce que Dieu nous attend toujours. « - Mais, Père, je ne crois pas à cela, parce que si vous saviez, Père, ma vie, elle n’a vraiment pas été belle, comment puis-je penser que Dieu m’attend ? – Dieu t’attend. Et si tu as été un grand pécheur, il t’attend encore plus et il t’attend avec beaucoup d’amour, parce qu’il est premier. C’est cela, la beauté de l’Église qui nous conduit à ce Dieu qui nous attend. Abraham nous précède, et Adam aussi nous précède.

3. Abraham et les siens écoutent l’appel de Dieu et se mettent en marche, bien qu’ils ne sachent pas clairement qui est ce Dieu et où il veut les conduire. C’est vrai, parce qu’Abraham se met en route en faisant confiance à ce Dieu qui lui a parlé, mais il n’avait pas de livre de théologie pour étudier qui était ce Dieu. Il fait confiance, il met sa confiance en l’amour. Dieu lui fait sentir son amour et lui, il fait confiance.

Mais cela ne signifie pas que ces personnes sont toujours convaincues et fidèles. Au contraire, dès le commencement il y a des résistances, des replis sur soi et sur ses propres intérêts et la tentation de marchander avec Dieu et de résoudre les choses à sa façon. Ce sont les trahisons et les péchés qui marquent le cheminement du peuple tout au long de l’histoire du salut, qui est l’histoire de l’infidélité du peuple. Mais Dieu ne se lasse pas, Dieu a de la patience, beaucoup de patience et, dans le temps, il cherche à éduquer et à former son peuple, comme un père avec son propre fils. Dieu marche avec nous. Le prophète Osée dit : « J’ai marché avec toi et je t’ai appris à marcher comme un papa apprend à marcher à son enfant ». Une belle image de Dieu ! Et c’est pareil avec nous : il nous apprend à marcher.

Et c’est ce même comportement qu’il conserve envers l’Église. Nous aussi, en effet, malgré notre résolution de suivre le Seigneur Jésus, nous faisons chaque jour l’expérience de l’égoïsme et de la dureté de notre cœur. Mais quand nous nous reconnaissons pécheurs, Dieu nous remplit de sa miséricorde et de son amour. Et il nous pardonne, il nous pardonne toujours. Et c’est précisément cela qui nous fait grandir comme peuple de Dieu, comme Église : ce n’est pas notre bravoure, ce ne sont pas nos mérites, - nous sommes peu de chose, ce n’est pas cela - mais c’est d’expérimenter quotidiennement combien le Seigneur nous aime et prend soin de nous. C’est cela qui nous aide à sentir que nous lui appartenons vraiment et que nous sommes dans ses mains, et qui nous fait grandir dans la communion avec lui et entre nous. Être l’Église, c’est se sentir dans les mains de Dieu, qui est père et qui nous aime, nous caresse, nous attend, nous fait sentir sa tendresse. Et cela, c’est très beau !


Chers amis, voilà le projet de Dieu : quand il a appelé Abraham, Dieu pensait à cela : former un peuple béni par son amour et qui apporte sa bénédiction à tous les peuples de la terre. Ce projet ne change pas, il est toujours en œuvre. Il a eu son accomplissement dans le Christ et, aujourd’hui encore, Dieu continue de le réaliser dans l’Église. Demandons alors la grâce de demeurer fidèles à la suite du Seigneur Jésus et à l’écoute de sa Parole, prêts à partir tous les jours, comme Abraham, vers la terre de Dieu et de l’homme, notre véritable patrie, devenant ainsi une bénédiction un signe de l’amour de Dieu pour tous ses enfants. J’aime penser qu’un synonyme, un autre nom que nous pouvons avoir, nous, chrétiens, serait celui-ci : nous sommes des hommes et des femmes, nous sommes des personnes qui bénissent. Le chrétien, par sa vie, doit toujours bénir, bénir Dieu et bénir tout le monde. Nous, chrétiens, nous sommes des personnes qui bénissent, qui savent bénir. C’est une belle vocation !

Le corrompu irrite Dieu et scandalise la société

La corruption, les pauvres en font les frais

Naboth lapidé devant sa vigne
Chronique universelle de Rodolphe d'Ems
Artiste anonyme (entre 1350 et 1375)
La corruption des puissants, ce sont finalement les pauvres qui en font les frais, et à cause de l’avidité des autres ils se retrouvent sans même avoir ce dont ils auraient besoin et auquel ils ont droit. Voilà l’idée développée par le Pape François ce lundi matin, dans l’homélie de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte Marthe. Pour parler de la corruption, un mal « aussi triste que vieux comme le monde » « un péché à portée de main », le Pape François est parti d’un récit de la Bible, proposé par la liturgie du jour: l’histoire de Nabot, propriétaire d’une vigne depuis des générations, et qui finit par être lapidé à mort pour avoir refusé de la vendre au roi Acab qui « voulait juste élargir un peu son jardin ». «Cette histoire  est habituelle dans les milieux où l’on trouve le pouvoir matériel ou politique, ou encore spirituel » :

« Dans la presse, nous lisons si souvent que l’un ou l’autre a été emmené au tribunal, tel politique parce qu’il s’est enrichi comme par enchantement. Ce chef d’entreprise emmené au tribunal lui aussi parce qu’il s’est enrichi d’un coup, en exploitant ses ouvriers. De ce prélat qui s’est trop enrichi et a abandonné son devoir pastoral au bénéfice de son pouvoir. Corrompus de la politique, du monde des affaires, de la vie ecclésiastique. Nous en trouvons partout. Et nous devons dire la vérité : la corruption est ce péché à portée de main, pour les gens qui ont autorité sur les autres, que ce soit économique, politique, ou ecclésiastique. Tous nous sommes tentés par la corruption. C’est un péché vraiment à portée de main. Parce que lorsque quelqu’un a du pouvoir il se sent puissant, il se sent comme Dieu ».


L’unique voie c’est le service qui te rend humble

Du reste, on en arrive à être corrompus « sur le chemin de notre propre sécurité ». Avec le «bien-être, l’argent, puis le pouvoir, la vanité, l’orgueil…et de là on en arrive même à tuer ». « Mais qui fait les frais à la fin de toute cette corruption ? » « C’est le pauvre»:

«Si nous parlons des corrompus politiques ou des corrompus dans le monde des affaires, qui en fait les frais ? Les hôpitaux sans médicaments, les malades qui n’ont pas de soins, les enfants sans éducation. Ce sont les ‘Nabot’ contemporains, qui font les frais de la corruption des grands. Et qui fait les frais de la corruption d’un prélat ? Les enfants, qui ne savent pas se faire le signe de la croix, qui ne connaissent pas le catéchisme, qui ne sont pas soignés » « Les malades qui ne reçoivent pas de visite, les prisonniers qui ne sont pas accompagnés spirituellement. Les pauvres payent la note. La corruption est payée par les pauvres : les pauvres économiquement, les pauvres spirituellement».

Par contre, «l’unique voie pour sortir de la corruption, l’unique voie pour vaincre la tentation, le péché de la corruption, c’est le service ». Parce que « la corruption vient de l’orgueil, de la superbe, et le service te rend humble » :

« Aujourd’hui, nous offrons la Messe pour tous ces gens qui payent le prix de la corruption, qui payent pour la vie de ces corrompus. Pour tous les martyrs de la corruption politique, de la corruption économique et de la corruption ecclésiastique. Prions pour eux. »


«Le corrompu irrite Dieu et fait pécher le peuple». 

C’est ce qu’a souligné le Pape François lors de la messe célébrée en la chapelle de la maison Sainte-Marthe et il s’est à nouveau attardé sur le martyr de Nabot, raconté dans le Premier Livre des Rois. Le Pape a répété que pour les corrompus, il n’y a qu’une seule voie de sortie: «demander pardon», car autrement, ils rencontreront la malédiction de Dieu.

Lorsque quelqu’un «entre» dans «la voie de la corruption», «il enlève la vie, usurpe et se vend». Le Pape François revient sur une vibrante dénonciation de la corruption. La Première Lecture du jour se concentre sur le meurtre de Nabot décrété sur ordre du roi Achab qui s’est emparé de sa vigne. Le prophète Élie, annote le Pape, déclare qu’Achab le corrompu s’est «vendu». C’est comme s’il «arrêtait d’être une personne et devenait une marchandise», «à vendre et acheter»:

«C’est la définition: une marchandise! Que fera ensuite le Seigneur avec les corrompus, quel que soit la corruption ?…Hier, nous avons dit qu’il en existait trois types, trois groupes : les corrompus de la politique, du monde des affaires et de la vie ecclésiastique. Tous les trois font du mal aux innocents, aux pauvres car ce sont les pauvres qui paient la fête des corrompus ! C’est à leur compte. Le Seigneur dit clairement ce qu’il fera : « Je vais faire venir le malheur sur toi et je te balaierai. J’exterminerai quiconque appartient à Achab, celui qui est esclave et celui qui est libre en Israël».

Les oiseaux du ciel te dévoreront !

«Le corrompu- poursuit le Pape- irrite Dieu et fait pécher le peuple!» Jésus, poursuit-il, l’a clairement dit : celui «qui crée un scandale fait mieux de se jeter à la mer», le corrompu «scandalise la société, scandalise le peuple de Dieu». Le Seigneur préannonce donc le châtiment pour les corrompus «car ils scandalisent et exploitent ceux qui ne peuvent pas se défendre, ils les rendent esclaves» : «Les oiseaux du ciel te dévoreront». Le corrompu, poursuit François, «se vend pour faire du mal, mais il ne le sait pas : il croit qu’il se vend pour avoir plus d’argent, plus de pouvoir». Mais, répète le Pape, en réalité «il se vend pour faire du mal, pour tuer». C’est pour cela qu’il avertit : «Lorsque nous disons : Cet homme est corrompu ; cette femme est corrompue …Mais arrêtons-nous un moment : « As-tu les preuves ?» Car, met en évidence le Pape, «dire à une personne qu’il ou elle est corrompu (e) : c’est dire «qu’elle est condamnée et que le Seigneur l’a chassée» :

Les corrompus ne sont pas seulement des traîtres mais plus que cela. La première chose dans la définition du corrompu, c’est qu’il vole, qu’il tue. La deuxième chose : qu’est-ce qui revient aux corrompus ? C’est la malédiction de Dieu car ils ont exploités les innocents, ceux qui ne peuvent pas se défendre et ils l’ont fait avec des gants blancs, de loin, sans se salir les mains. La troisième chose : il y a-t-il une voie de sortie, une porte de sortie pour les corrompus ? Oui ! Lorsqu’il entendit de telles paroles, Achab déchira ses vêtements, endossa un sac sur son corps et se mit à jeuner. Il se coucha avec son sac et m
archait la tête basse. Il commença à faire «pénitence».

Les corrompus doivent demander pardon

Le riche Zachée rencontre Jésus
Ceci, met en évidence le Pape, «est la porte de sortie pour les corrompus, les corrompus de la politique, les corrompus du monde des affaires et les corrompus de la vie ecclésiastique : demander pardon! Et, ajoute-t-il, «cela plaît au Seigneur». Le Seigneur, souligne-t-il encore, «pardonne mais il pardonne lorsque les corrompus» font «ce qu’a fait Zachée : «J’ai volé, Seigneur ! Je donnerai quatre fois ce que j’ai volé !».


«Lorsque nous lisons sur les journaux que celui-ci est corrompu, que cet autre-là est corrompu, qu’il a commis tel acte de corruption, que le pot-de-vin va par ici et par là et que tant de choses sont commises par les prélats, comme chrétiens, notre devoir est de demander pardon pour eux afin que le Seigneur leur donne la grâce de se repentir et qu’ils ne meurent pas avec le cœur corrompu…» «Condamner les corrompus, oui», a conclu le Pape, «demander la grâce de ne pas devenir corrompus, oui !» et aussi, «prier pour leur conversion !».

vendredi

Saint Ignace de Loyola (oeuvres, article et vidéos)

Íñigo López de Loyola, francisé en Ignace de Loyola (né le 24 décembre 1491 note 1 à Azpeitia dans le Pays basque espagnol et mort le 31 juillet 1556 à Rome) est le fondateur et le premier Supérieur général de la Compagnie de Jésus — en latin abrégé SJ pour Societas Jesu — congrégation catholique reconnue par le pape Paul III en 1540 et qui prit une importance considérable dans la réaction de l'Église catholique romaine aux XVIe et XVIIe siècles, face à l'ébranlement causé par la Réforme protestante.

Auteur des Exercices spirituels, il fut un extraordinaire directeur de conscience. La spiritualité ignatienne est l'une des principales sources d'introspection religieuse dans le catholicisme. À la tête des Jésuites, il devint le fer de lance de la lutte contre le protestantisme et un ardent promoteur de la Réforme catholique, aussi appelée Contre-Réforme. Il orienta sa congrégation vers l'œuvre missionnaire, en particulier vers les Indes et la Chine. Il a été canonisé par le pape Grégoire XV le 12 mars 1622. Sa fête est célébrée le 31 juillet.

Courte présentation de Saint Ignace

La vie de Saint Ignace


1 - La formation d’Ignace

Eneko (Íñigo en castillan) est né dans le château de Loyola dans la commune d'Azpeitia, à 25 kilomètres au sud-ouest de Donostia-San Sebastián dans la province du Guipuscoa, au Pays basque (Espagne). Son nom, Iñigo, vient de Saint Enecus (Innicus), père-abbé d'Oña; le nom Ignatius fut pris plus tard lorsqu'il résidait à Rome1.

Dernier né d'une fratrie de 13 enfants, Ignace grandit au sein d'une famille de la petite noblesse basque, alliée traditionnelle de la maison de Castille. Il a seulement 7 ans quand sa mère, Marina Sáenz de Licona y Balda, meurt et il noue une relation forte avec son père, don Beltrán Yáñez de Oñaz y Loyola. Il connaît l'éducation du grand siècle espagnol qui éclot en cette fin du XVe siècle.

Orphelin de père à quinze ans, Ignace quitte Loyola et devient page à la cour de Ferdinand d'Aragon en 1506 puis, devenu gentilhomme adulte, il exerce la fonction de secrétaire au service d'un parent de sa mère, Juan Velázquez de Cuéllar, trésorier général (contador mayor) de la Reine de Castille, Isabelle la Catholique. Il mène pendant dix ans une vie de Cour, comme il le dit dans son Autobiographie : Jusqu'à la vingt-sixième année de sa vie, il fut un homme adonné aux vanités du monde et principalement il se délectait dans l'exercice des armes. Il se lie avec la princesse Catalina, sœur de Charles Quint, séquestrée par sa mère Jeanne la Folle à Tordesillas2.

Ignace soldat, portrait d'époque
En 1516, la mort de Ferdinand d'Aragon à qui succède Charles Quint entraîne le renvoi de Juan Velázquez et donc l'éloignement d'Ignace. En 1517, Ignace entre dans l'armée du duc de Lara vice-roi de Navarre, récemment rattachée au Royaume de Castille (1512). Le 20 mai 15213, alors qu'il a atteint l'âge de trente ans, il participe au siège de Pampelune (Navarre), ville qu'il défend face aux troupes franco-navarraises appuyées par François Ier qui cherche à récupérer la couronne de Navarre au bénéfice de la famille du vicomte de Béarn Henri d'Albret. Submergés par le nombre, les Espagnols veulent se rendre, mais Ignace les exhorte à se battre. Une jambe blessée et l'autre brisée par un boulet de canon il est ramené à son château et « opéré », mais sa jambe droite reste plus courte de plusieurs centimètres, et ce pour le restant de sa vie4, l'empêchant définitivement de revenir dans l'armée espagnole.



La conversion

Durant sa convalescence, faute de trouver les célèbres romans de chevalerie du temps5, il lit de nombreux livres religieux comme une Vie de Jésus de Ludolphe le Saxon en quatre volumes ou la Légende dorée de Jacques de Voragine, richement illustrée6 qui narre les faits et gestes de saints. Dans un mélange de ferveur et d'anxiété, il voit en songe lui apparaître « Notre-Dame avec le Saint Enfant Jésus », il rejette « sa vie passée et spécialement les choses de la chair7 ».

Il ne songe plus qu'à adopter une vie d'ermite et suivre les préceptes de saint François d'Assise et d'autres grands exemples monastiques. Il se décide à se dévouer entièrement à la conversion des « infidèles » musulmans en Terre sainte, avec la prétention de les convertir tous au Christianisme, fidèle en cela à l'esprit du conquistador. Par ailleurs, Ignace, en signe d'expiation veut partir en pèlerinage et toute sa vie, il recherchera les sites consacrés à la dévotion chrétienne. Il devint pèlerin dans la tradition médiévale, « el pelegrino », ainsi qu'il titre ses souvenirs dicté à Luis Gonçalves de Camara à la fin de sa vie8.

La Vierge de Montserrat, Vierge Noire
 en bois du 
xiie siècle
Après son rétablissement, il quitte en février 1522 la maison familiale pour rejoindre Jérusalem. Sur le chemin, arrivé au monastère bénédictin de Montserrat, près de Barcelone, il se confesse à un père d'origine française, le père Chanon, et passe trois jours en prières. Dans la nuit du 24 mars 1522, dans un geste de rupture avec sa vie ancienne de militaire, il accroche ses habits militaires et ses armes devant la statue de la Vierge noire. Vêtu d'un simple tissu, une espèce de soutane en toile, avec une corde en guise de ceinture, l’home del sac (en catalan), veut reprendre la route de Barcelone.

Mais, meurtri par son voyage, ses blessures mal cicatrisées, l'ascèse, et certains diront bloqué par la peste qui sévit à Barcelone, d'autres pour éviter le cortège du nouveau pape Adrien VI qui se rend de Madrid à Rome9, il passe plusieurs mois dans une grotte près de la ville de Manresa (Manrèse en français) en Catalogne ou il pratique le plus rigoureux ascétisme.

Il mène jusqu'au début de 1523 une vie d'ermite au cours de laquelle il commence la rédaction de ce qui deviendra les Exercices spirituels. Depuis sa « conversion », Ignace avait pris l'habitude de consigner dans des carnets, les extraits les plus frappants des textes qu'il lisait. Lors de son séjour à Manrèse, il prend l'habitude de consigner ses expériences dans un cahier, une sorte de journal intime qui deviendra l'un des livres clés de la spiritualité ignatienne.

Le pèlerinage en Terre sainte

Il prend alors comme « pèlerin de Dieu » la route de la Terre sainte et, le 20 mars 1523, embarque pour l'Italie. Béni à Rome par le pape Adrien VI, il continue son périple jusqu'à Venise, et parvient à Jérusalem, où il ne reste que trois semaines en septembre 1523, avant d'être prié par les frères franciscains de quitter le pays. À nouveau en Italie, traversée par les armées espagnoles et françaises, il se retrouve à Venise et se convainc de l'absolue nécessité d'étudier pour enseigner. Après la méthode religieuse mise au point dans les Exercices, la conviction du rôle des études va être une autre des caractéristiques du futur projet jésuite10. Il est de retour à Barcelone en mars 1524.

Les études

Façade du collège San Ildefonso à l'université d'Alcalá (1543)
Il consacre les onze années suivantes aux études, plus d'un tiers de ce qu'il lui restait à vivre. Il reprend des cours de base (grammaire et latin) à Barcelone et, dès 1526, il en sait assez pour suivre les cours de philosophie et de théologie à l'université d'Alcalá de Henares. Foyer intellectuel brillant de la Castille, cette université rassemble tous les alumbrados et conversos qui forment le climat spirituel de cette époque11. À la
fin de 1527, encouragé par Alonso de Fonseca, archevêque de Tolède, il rejoint la plus prestigieuse de toutes : l'université de Salamanque. Mais les attaques vives qu'il subit en particulier de la part de l'Inquisition et des dominicains le décident à se rendre à Paris en février 1528, ou il vivra durant sept ans.

Ses progrès dans la compréhension des mécanismes de l'enseignement et sa capacité à dominer intellectuellement y compris plus érudit que lui par l'usage du « discernement », le distinguent. Mais sa personnalité rigoureuse et entière et son attitude réformatrice lui créent de nombreux ennemis. À Barcelone, il est battu très sévèrement, et son compagnon tué, sur l'instigation de notables vexés de ne plus être admis dans un couvent qu'Ignace avait récemment réformé. À Alcalá, un inquisiteur, le grand vicaire Figueroa, le harasse constamment le soupçonnant d'illuminisme, allant jusqu'à l'emprisonner pendant quelques semaines12. À Paris, ses épreuves furent variées, pauvreté, maladie, œuvres de charité, discipline du collège, particulièrement sévère dans celui de Montaigu, où il résida, car trop pauvre et ignorant avant de rejoindre celui plus « libéral » du Collège Sainte-Barbe, où il fut accusé publiquement par Diego de Gouvea, recteur du collège, d'enfreindre les règles mais il se défendit vigoureusement et obtint des excuses publiques.

À l'Université de Paris, Ignace se retrouve « dans le chaudron de la Renaissance », au cœur de ce que Jean Lacouture appelle la décennie prodigieuse qui débute en 1525 avec la polémique entre Érasme (De libero arbitrio) et Luther (De servo arbitrio), puis la création du collège de France en 1530, la parution du Pantagruel de Rabelais (1532) ou enfin la publication de l’Institution de la religion chrétienne de Calvin (1536)13. Il est reçu maître ès arts le 13 mars 1533. Pendant ce temps, ayant débuté ses études de théologie, il est licencié en 1534, mais il ne peut être reçu docteur, ses ennuis de santé le conduisant hors de Paris en mars 1535.

2 - La création de la Compagnie de Jésus

Le vœu de Montmartre

Église Saint-Pierre de Montmartre, XIIè 
En France, Ignace de Loyola regroupe autour de lui des étudiants de qualité issus d'horizons divers, mais tous unis par une commune fascination pour Ignace. Il connut en particulier au collège Sainte-Barbe, ses deux premiers compagnons qui furent le Savoyard Pierre Favre et le Navarrais Francisco Iassu de Aprizcuelta y Xavier dit François Xavier; puis, Diego Lainez et Alonso Salmerón le rallièrent, connaissant sa réputation d'Alcalà; enfin, Nicolás Bobadilla et Simón Rodríguez de Azevedo, un Portugais.

Montmartre à l'époque d'Ignace
Ignace évolua progressivement sur l'attitude et la discipline qu'il s'imposait. Prenant en compte les critiques reçues à Alcalà ou Salamanque sur les pratiques d'extrême pauvreté et de mortification, il s'adapta à la vie dans la cité, en dirigeant les efforts de tous vers les études et les exercices spirituels. Le lien devint très fort avec ses compagnons unis dans le grand idéal de vivre en Terre Sainte la même vie que le Christ.

Le 15 août 1534, à l'issue de la messe célébrée à Montmartre dans la crypte Notre-Dame par Pierre Favre, ordonné prêtre trois mois auparavant, les sept prononcent les deux vœux de pauvreté et chasteté et le troisième de se rendre dans les deux ans à Jérusalem pour y convertir les infidèles, à la fin de leurs études.

Ils furent ensuite rejoints par Claude Le Jay, un autre Savoyard de Genève et deux Français : Jean Codure et Paschase Broët. Unis par le charisme d'Ignace, les nouveaux amis décident de ne plus se séparer.


La fondation de l’ordre

Après avoir quitté Paris, il se rend six mois en Espagne puis à Bologne, où incapable de se remettre aux études, il se consacre à des œuvres de charité attendant que ses 10 compagnons rejoignent Venise (6 janvier 1537) sur la route de Jérusalem. Mais la guerre avec les Turcs les empêche de poursuivre. Ils décident de reporter d'un an leur engagement, après quoi ils se mettront à disposition du pape. Ignace de Loyola, comme la plupart de ses compagnons est ordonné prêtre à Venise le 24 juin 1537. Ils partent ensuite dans des villes universitaires voisines, Ignace avec Pierre Favre et Laynez prennent en octobre 1537 la route de Rome. Ignace, en vue de la ville, au lieu-dit la Storta, a une vision de Dieu s'adressant à lui après l'avoir placé aux côtés du Christ : « Je vous serai propice à Rome »14.
Le pape Paul III approuve la création
de la Compagnie de Jésus en 1540


À Rome, capitale des États pontificaux, Alexandre Farnèse venait en 1534 d'être élu pape, sous le nom de Paul III. Il règne sur une capitale en crise, à peine remise du sac de Rome par les troupes de l'empereur en 1527, en butte à la corruption généralisée et siège d'une église en crise, profondément ébranlée par la fulgurante progression de la Réforme. Paul III semble rapidement voir tout le profit à tirer de cette nouvelle société de prêtres savants, rigoureux, intègres et d’un immense volontarisme réformateur. En novembre 1538, Paul III, après de nombreux contacts avec Lainez, reçoit Ignace et ses compagnons venus faire leur « oblation » au pape. Celui-ci leur ordonne de travailler à Rome qui sera leur Jérusalem15. Dès lors, s'ébauche la Compagnie de Jésus ou Ordre des jésuites.

Approbation des statuts de la Société de Jésus:
Ignace de Loyola  reçoit la bulle 
Regimini militantis Ecclesiae
des mains du pape 
Paul III.
Fresque peinte par Johann Christoph Handke dans l'église de
Notre-Dame des neiges à 
Olomouc après 1743.
De mars à juin 1539, selon les minutes rédigées par Pierre Favre, ils débattent de la forme à donner à leur action, devoir d'obéissance, cohésion du groupe alors que l'activité missionnaire disperse les jésuites, rôle dans l'éducation… En août 1539, Ignace, Codure et Favre rédigent la prima Societatis Jesu instituti summa, esquisse des constitutions de la Compagnie avec quelques points forts : l'obéissance à un Préposé général, l'exaltation de la pauvreté, le refus du cérémonial monastique, et en particulier de la prière collective et des mortifications. Ignace de Loyola soumet, par l'intermédiaire du cardinal Contarini, ce texte à Paul III qui réside l'été à la Rocca Pia à Tivoli et en approuve le contenu le 3 septembre 153916.

Malgré quelques oppositions à la Curie, la création de la Compagnie de Jésus est acceptée par le pape Paul III le 27 septembre 1540, dans sa bulle Regimini militantis ecclesiae, qui reprend la formula instituti tout en limitant le nombre de profès17 à soixante. Cette restriction fut rapidement éliminée lors de la promulgation de la bulle Injunctum nobis du 14 mars 1543.

Le 22 avril 1541, Ignace est élu, en dépit de ses réticences, premier supérieur général de la Compagnie de Jésus puis il fit avec ses compagnons, sa profession dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs18. L'Ordre est dès lors constitué.

En 1542 Ignace fonde la Maison Sainte Marthe pour accueillir et réinsérer des personnes prostituées. Il doit défendre sa fondation contre les diffamations. Il va de par les rues de Rome pour recruter des candidates sur les lieux de prostitution d'alors. Contrairement aux couvents de repenties, il laisse le choix aux personnes prostituées de se marier19.


3 - Les débuts de la Compagnie jusqu'à la mort

La structuration de l’Ordre

Ignace fut chargé en 1541 de mettre au point les règles d'organisation de la nouvelle compagnie, les Constitutions, mais il ne commença pas les travaux avant 1547, introduisant progressivement des coutumes, destinées à se transformer à terme en lois. En 1547, Juan de Polanco devint son secrétaire, et avec son aide, il réalisa un premier jet des Constitutions entre 1547 et 1550, tout en sollicitant simultanément l'approbation pontificale de réaliser une nouvelle édition de la Formula Instituti. Le pape Jules III l'accepta dans la bulle Exposcit Debitum, le 21 juillet 1550.

Les 10 premiers compagnons,
François-Xavier est au centre en haut
En parallèle, un nombre important de pères révisèrent le premier texte, mais bien que ne proposant que peu de changements, la version suivante réalisée par Ignace en 1552 était assez différente. Cette version fut publiée et prit force de loi dans la Compagnie. Des amendements légers furent jusqu'à sa mort introduits par Ignace.

Sous le nouveau général Jacques Lainez, la Congrégation générale de la compagnie décida d'imprimer le texte qui resta tel quel jusqu'aux modifications introduites par la XXXIVe Congrégation en 1995.

Il envoya ses compagnons comme missionnaires en Europe pour créer un réseau d'écoles, de collèges et de séminaires. Juan de Vega, l'ambassadeur de Charles Quint à Rome y avait connu Ignace. L'estimant énormément ainsi que ses jésuites, quand il fut nommé vice-roi de Sicile, il y attira ceux-ci. Un premier collège fut fondé en 1548 à Messine; il eut rapidement un grand succès et ses règles et méthodes furent ensuite reproduites partout.

Parallèlement à la Compagnie de Jésus, Ignace fonde à Rome en 1547, la Compagnie du Saint-Sacrement de l'Église des douze Apôtres autour d'un groupe de laïcs20.


La postérité d’Ignace

À sa mort, le 31 juillet 1556 à Rome, la Compagnie de Jésus compte déjà plus de mille membres répartis dans douze Provinces, soixante-douze résidences et soixante-dix-neuf maisons et collèges.

Béatification et Canonisation

Masque mortuaire
de Saint Ignace
Ignace de Loyola fut béatifié le 19 avril 1609, jour de Pâques (l'annonce en avait été faite le 3 décembre de l'année précédente)21Il est canonisé le 12 mars 1622, en même temps que François Xavier et Thérèse d'Avila.
Tombeau de Saint-Ignace dans l'église du Gesù à Rome
4 - La spiritualité ignatienne

Les Exercices spirituels sont un ouvrage de méditation et de prière qui est considéré comme le chef-d'œuvre spirituel d'Ignace de Loyola à partir de sa propre expérience spirituelle, vécue notamment à Manrèse. Tout l’enseignement d’Ignace de Loyola, est orienté vers le discernement, car pour lui, toute décision humaine est le lieu d’une rencontre avec le Seigneur. Le livre fait environ 200 pages. Il veut être le « livre du maître » qui guide l'accompagnateur spirituel lors d'une retraite d'environ 30 jours.


Les méditations ont été écrites de manière à refléter authentiquement la spiritualité catholique, mais l'accent mis sur la rencontre personnelle entre le retraitant et Dieu attire aussi des chrétiens d'autres confessions.

Vidéo de présentation


Qui cherche trouve



5 - Œuvres d'Ignace de Loyola

Saint Ignace n’est pas un « grand écrivain », au sens où on l’entend habituellement. Ses écrits sont fonctionnels (direction spirituelle ou gouvernement de la Compagnie) ou personnels (journal spirituel). Une édition critique de l’ensemble de ses écrits se trouve dans les MHSI: les Monumenta Ignatiana (22 volumes).

Les Exercices spirituels

Les Exercices spirituels proposent des méditations et contemplations organisées en quatre semaines, permettant un progrès dans la compréhension de soi-même et des mystères de la vie du Christ pour les assimiler. Pour chaque méditation, seuls quelques ‘points’ sont donnés, chaque fois avec beaucoup de sobriété. Dans l’esprit de Saint Ignace les ‘exercices spirituels’ sont toujours faits avec un guide dont le rôle doit être cependant effacé car «il doit laisser le Créateur agir sans intermédiaire avec la créature [retraitant], et la créature avec son Créateur et Seigneur» (ES, N°15)

·         Exercices spirituels, introduit par François Courel, Paris, DDB, 1963

Les Exercices Spirituels
Durée : de 7 à 30 jours

Le Journal spirituel

Il s'agit d'un journal intime strictement personnel tenu dans les années 1544 et 1545 où il note quotidiennement les mouvements intérieurs de son âme durant et suivant la célébration de la messe (expériences de consolations et désolations). Seule une partie de ce journal nous est parvenue. Ce cahier fut publié pour la première fois au xixe siècle.

·         Journal des Motions intérieures, édité par Pierre Antoine Fabre, Lessius, 286p, 2007


L’Autobiographie

Signature de Saint Ignace
Le Récit du pèlerin (c’est ainsi qu’Ignace s’identifie dans ce récit) est l'histoire autobiographique d'Ignace de Loyola tel qu'il l'a racontée, entre 1553 et 1555, à un autre jésuite, le père Luis Gonçalvès da Câmara. À la fin de sa vie, il répondait ainsi à la demande de plusieurs compagnons qui désiraient obtenir un testament spirituel en forme de récit. Ignace a longtemps hésité avant de raconter son histoire, même s'il l'avait promis dès 1551. Selon Louis Gonçalvès da Câmara, c'est le 4 août 1553 qu'Ignace prit la décision de réaliser sa promesse. Après une conversation sur le thème de la vaine gloire, relate le père da Câmara, « alors qu'il mangeait avec Juan de Polanco et moi, notre Père dit que bien souvent Maître Nadal et d'autres de la Compagnie lui avaient demandé une chose et qu'il ne s'y était jamais décidé ; mais que, après avoir parlé avec moi et s'être recueilli dans sa chambre, il avait eu une grande dévotion et inclination à le faire et s'y était totalement décidé ». Ce texte fut ensuite maintenu dans les archives pendant 150 ans, jusqu'à ce que les bollandistes le publient dans les Acta Sanctorum.


·       Le Récit du Pèlerin: Autobiographie de saint Ignace de Loyola


Les Lettres

6815 lettres et instructions sont connues, écrites par lui-même ou - en son nom - par son secrétaire, Juan de Polanco. Lettres de direction spirituelle (la plus ancienne date de 1524) et de gouvernement, d’encouragement et de réprimande. Instructions pour ceux qui vont fonder un collège ou participer au concile de Trente. Ces lettres sont adressées à des compagnons jésuites, personnages importants, bienfaiteurs de la Compagnie, ou encore parents de novices, fils ou filles spirituelles.

·         Sélection de Lettres, commentées par Gervais Dumeige, Bruges, DDB, 1959

Les Constitutions

Les Constitutions forment le premier texte législatif fondamental de la Compagnie de Jésus, préparé avec l’aide de Juan de Polanco et revu régulièrement à la lumière de l’expérience des premiers jésuites. À strictement parler, Loyola n’en est pas l’auteur car il laissa à la première congrégation générale (réunie en 1558, après sa mort) le soin de les promulguer.

·         Constitutions de Saint Ignace de Loyola (avec les ‘Normes’ de la CG34), Paris, 1997


Emission KTO sur Saint Ignace de Loyola


Notes
1↑ Sa date de naissance a prêté à controverse. Selon l'Autobiographie, cette date serait 1495. Mais si l'on en croit sa nourrice interrogée par les enquêteurs de la Compagnie après sa mort, il s'agit bien de 1491, date confirmée par le fait qu'il signe en 1507 des actes après la mort de son père - la limite légale de signature étant fixée à 16 ans. - Lacouture T1 p. 15. Plutôt que le 24 décembre, WP polonaise mentionne la date du 25 octobre.


Références
1.     Catholic Encyclopedia, notice biographique Ignatius de Loyola, 1913
2.     Lacouture, T. 1, p. 17
3.     Catholic Encyclopédia
4.     Lacouture, T. 1, p. 21
5.    ↑ ab et c Catholic Encyclopedia
6.     A. Guillermou, St Ignace de Loyola, p. 15
7.     autobiographie p. 49
8.     A. Guillermou, St Ignace de Loyola, p. 17
9.     A. Guillermou, p. 19
10.   Lacouture, p. 35
11.   Lacouture, p. 37 ; les alumbrados sont les illuminés, empreints de mystique, liés à la réforme franciscaine et les conversos sont les juifs ayant en 1492 choisi d'opter pour le catholicisme
12.   deux mois pour l’Encyclopedia, 17 jours pour Lacouture
13.   Lacouture, p. 50 à 52
14.   Lacouture, p. 93, témoignage de Diego Lainez
15.   Lacouture, p. 96
16.   (en) St. Ignatius de Loyola and the Early Jesuits [archive] de Stewart Rose, The Catholic Publication Society, New York, 1891, pp. 263-264.
17.   Prêtre jésuite ayant prononcé l'ensemble de ses vœux
18.   Catholic encyclopedia
20.   Alain GuillermouLes Jésuites, PUF 1961 réed. 1992 p. 16
21.   Adrien BailletLes vies des saints composées sur ce qui nous est resté de plus authentique et de plus assuré dans leur histoire, volume 10, 1739, 400 pages ; page 393.