jeudi

Le Pape François est sceptique sur Medjugorje



Selon "Il Fatto quotidianno", Papa Bergoglio est sceptique sur Medjugorje

Les affirmations récentes du Pape ne laissent guère présager une reconnaissance du phénomène de Medjugorje. Le Pape est sceptique sur les voyants.

D'une part, Bergoglio n'est pas en faveur d'une spiritualité sans le Christ, et d'autre part il a clairement affirmé que la Vierge n'est pas une postière qui délivre des messages.


La Vierge offrirait quasi tous les jours des messages, d'ailleurs sans grande originalité, au monde entier. L'aspect financier est également un sérieux danger.



San vouloir anticiper son jugement, auquel je me rallierai sans aucune difficulté, tout laisse penser qu'il rejoindra celui des différents évêques du lieu, qui selon le droit, sont responsables pour leur diocèse. (Le Suisse Romain)

Normes pour le discernement des apparitions ou révélations présumées


CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI

NORMES PROCÉDURALES POUR LE DISCERNEMENT
DES APPARITIONS OU RÉVÉLATIONS PRÉSUMÉES


Préface

1. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi traite des matières qui regardent la promotion et la protection de la doctrine de la foi et de la morale; elle est par ailleurs compétente pour l’examen d’autres problèmes connexes à la discipline de la foi, comme les cas de pseudo-mysticisme, d’apparitions prétendues, de visions et de messages attribués à une origine surnaturelle. Conformément à cette dernière mission délicate confiée au Dicastère, il y a maintenant plus de trente ans furent préparées des Normae de modo procedendi in diudicandis praesumptis apparitionibus ac revelationibus. Le Document, discuté par les Pères de la Session plénière de la Congrégation, fut approuvé par le Serviteur de Dieu le Pape Paul VI, le 24 février 1978, et par conséquent promulgué par le Dicastère en date du 25 février 1978. À cette époque, les Normes furent portées à la connaissance des évêques, sans en fournir une publication officielle, tenant aussi compte du fait qu’elles concernaient en premier lieu les Pasteurs de l’Église.

2. Comme on le sait, au fil des ans le Document fut publié dans quelques ouvrages sur cette matière, et ce en plusieurs langues, mais sans l’autorisation préalable de ce Dicastère compétent. Il faut reconnaître aujourd’hui que les contenus principaux de ces dispositions importantes relèvent du domaine public. Cette Congrégation pour la Doctrine de la Foi a donc retenu opportun de publier les susdites Normes, en pourvoyant à une traduction dans les principales langues.

3. L’actualité de la problématique des expériences liées aux phénomènes surnaturels dans la vie et la mission de l’Église a aussi été abordée récemment par les évêques réunis pour la XIIe Assemblée ordinaire du Synode des évêques sur la Parole de Dieu, en octobre 2008. Leur préoccupation pastorale a été recueillie par le Saint-Père Benoît XVI, qui l’a insérée dans l’horizon global de l’économie du salut, dans un passage important de l’Exhortation post-synodale Verbum Domini. Il semble opportun de rappeler ici cet enseignement du Pontife, qu’il s’agit d’accueillir comme une invitation à accorder l’attention convenable à ces phénomènes surnaturels, dont traite aussi la présente publication :

« L’Église exprime qu’elle est consciente de se trouver, avec Jésus Christ, face à la Parole définitive de Dieu; il est “le Premier et le Dernier” (Ap 1, 17). Il a donné à la création et à l’histoire son sens définitif ; c’est pourquoi nous sommes appelés à vivre le temps, à habiter la création de Dieu selon le rythme eschatologique de la Parole ; “l’économie chrétienne, du fait qu’elle est l’Alliance nouvelle et définitive, ne passera jamais et aucune nouvelle révélation publique ne doit plus être attendue avant la glorieuse manifestation de notre Seigneur Jésus Christ (cf. 1 Tm 6, 14 et Tt 2, 13)” (Dei Verbum, 4). En effet, comme l’ont rappelé les Pères durant le Synode, “la spécificité du Christianisme se manifeste dans l’événement Jésus-Christ, sommet de la Révélation, accomplissement des promesses de Dieu et médiateur de la rencontre entre l’homme et Dieu. Lui ‘qui nous a révélé Dieu’ (cf. Jn 1, 18) est la Parole unique et définitive donnée à l’humanité” (Proposition 4). Saint Jean de la Croix a exprimé cette vérité de façon admirable : “Dès lors qu’il nous a donné son Fils, qui est sa Parole – unique et définitive –, il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire. […] Car ce qu’il disait par parties aux prophètes, il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant interroger le Seigneur et lui demander des visions ou révélations, non seulement ferait une folie, mais il ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ et en cherchant autre chose ou quelque nouveauté” (Montée au Mont Carmel, II, 22) ».

En tenant compte de ce qui précède, le Saint-Père Benoît XVI relève :

« Le Synode a recommandé d’“aider les fidèles à bien distinguer la Parole de Dieu des révélations privées” (Proposition 47), dont le rôle “n’est pas de (…) ‘compléter’ la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire” (Catéchisme de l’Église catholique, 67). La valeur des révélations privées est foncièrement diverse de l’unique révélation publique : celle-ci exige notre foi; en effet, en elle, au moyen de paroles humaines et par la médiation de la communauté vivante de l’Église, Dieu lui-même nous parle. Le critère pour établir la vérité d’une révélation privée est son orientation vers le Christ lui-même. Quand celle-ci nous éloigne de Lui, à ce moment-là elle ne vient certainement pas de l’Esprit Saint, qui nous conduit à l’Évangile et non hors de lui. La révélation privée est une aide pour la foi, et elle se montre crédible précisément parce qu’elle renvoie à l’unique révélation publique. C’est pourquoi l’approbation ecclésiastique d’une révélation privée indique essentiellement que le message s’y rapportant ne contient rien qui s’oppose à la foi et aux bonnes mœurs. Il est permis de le rendre public, et les fidèles sont autorisés à y adhérer de manière prudente. Une révélation privée peut introduire de nouvelles expressions, faire émerger de nouvelles formes de piété ou en approfondir d’anciennes. Elle peut avoir un certain caractère prophétique (cf. 1 Th 5, 19-21) et elle peut être une aide valable pour comprendre et pour mieux vivre l’Évangile à l’heure actuelle. Elle ne doit donc pas être négligée. C’est une aide, qui nous est offerte, mais il n’est pas obligatoire de s’en servir. Dans tous les cas, il doit s’agir de quelque chose qui nourrit la foi, l’espérance et la charité, qui sont pour tous le chemin permanent du salut (Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Le message de Fatima, 26 juin 2000 : Ench. Vat. 19, nn. 974-1021)»[1].

4. Cette Congrégation espère vivement que la publication officielle des Normes procédurales pour le discernement des apparitions et révélations présumées pourra aider les Pasteurs de l’Église catholique dans la tâche exigeante de discernement des apparitions, des révélations, des messages et des locutions présumés ou, plus généralement, des phénomènes extraordinaires ou d’origine surnaturelle présumée. On souhaite en même temps que le texte puisse être également utile aux théologiens et aux experts dans ce domaine de l’expérience vivante de l’Église, qui revêt aujourd’hui une certaine importance et nécessite une réflexion toujours plus approfondie.

William Card. Levada
Préfet

De la Cité du Vatican, le 14 décembre 2011, mémoire liturgique de saint Jean de la Croix.


[1] Exhortation Apostolique post-synodale Verbum Domini sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, 30 septembre 2010, n. 14 : AAS 102 (2010) 695-696. À ce sujet, voir aussi les passages du Catéchisme de l’Église catholique dédiés à ce thème (cf. nn. 66-67).

Pape François : Faites tout pour que les jeunes reçoivent la Confirmation






"Faites tout pour que les jeunes reçoivent la Confirmation"
Catéchèse du 29 janvier 2014 


Catéchèse du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans cette troisième catéchèse sur les sacrements, nous nous arrêtons sur la Confirmation, qui doit se comprendre dans la continuité du baptême, auquel elle est liée de manière inséparable. Ces deux sacrements, avec l’Eucharistie, forment un unique événement salvifique, l’« initiation chrétienne », dans lequel nous sommes insérés en Jésus-Christ, mort et ressuscité, et nous devenons de nouvelles créatures et membres de l’Église. Voilà pourquoi, à l’origine, ces trois sacrements étaient célébrés en un moment unique, au terme du chemin catéchuménal, normalement pendant la Vigile pascale. Ainsi se scellait le parcours de formation et d’insertion graduelle dans la communauté chrétienne, qui pouvait parfois durer plusieurs années. On avançait pas à pas jusqu’au baptême, et ensuite à la Confirmation et à l’Eucharistie.

On parle en général [en italien] du sacrement de la « Cresima », mot qui signifie « onction ». Et, en effet, à travers l’huile dit « saint chrême », nous sommes conformés, dans la puissance de l’Esprit, à Jésus-Christ qui est l’unique et véritable « Oint », le « Messie », le Saint de Dieu.

Le terme de « Confirmation », nous rappelle aussi que ce sacrement fait croître la grâce baptismale : il nous unit plus fermement au Christ ; il porte à son achèvement notre lien avec l’Église ; il nous accorde une force spéciale de l’Esprit-Saint pour diffuser et défendre la foi, pour confesser le nom du Christ et pour ne jamais avoir honte de sa Croix (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n.1303).

C’est pour cela qu’il est important de veiller à ce que nos enfants, nos adolescents, reçoivent ce sacrement. Nous nous préoccupons tous de les faire baptiser, et c’est bien, mais peut-être que nous ne nous préoccupons pas assez de les préparer à la Confirmation. De cette façon, ils vont rester à mi-chemin et ils ne recevront pas l’Esprit-Saint qui est si important dans la vie chrétienne, parce qu’il nous donne la force d’avancer. Que chacun de nous réfléchisse un peu : avons-nous vraiment le souci que nos enfants, nos adolescents, reçoivent la Confirmation ? C’est important, cela ; c’est important ! Et si, chez vous, vous avez des enfants, des adolescents, qui n’ont pas encore été confirmés et qui sont en âge de l’être, faites tout votre possible pour qu’ils achèvent leur initiation chrétienne et qu’ils reçoivent la force de l’Esprit-Saint. C’est important !

Naturellement, il est important d’offrir aux confirmands une bonne préparation dont l’objectif est de les conduire à une adhésion personnelle à la foi dans le Christ et de réveiller en eux le sens de leur appartenance à l’Église.

La Confirmation, comme tous les sacrements, n’est pas l’œuvre des hommes, mais de Dieu, qui prend soin de notre vie en nous modelant à l’image de son Fils, pour nous rendre capables d’aimer comme lui. Dieu fait cela en répandant en nous son Esprit-Saint, dont l’action envahit toute la personne et toute sa vie, comme cela se manifeste à travers les sept dons que la Tradition, à la lumière de l’Écriture sainte, a toujours mis en avant. Ces sept dons : je ne vais pas vous demander si vous vous souvenez des sept dons. Peut-être que vous les savez tous… Mais je vais le dire à votre place. Quels sont ces sept dons ? La sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Et ces dons nous sont précisément donnés avec l’Esprit-Saint dans le sacrement de la Confirmation. J’ai l’intention de leur consacrer les catéchèses qui prolongeront celles sur les sacrements.

Lorsque nous accueillons l’Esprit-Saint dans notre cœur et que nous le laissons agir, le Christ lui-même se rend présent en nous et prend forme dans notre vie ; à travers nous, c’est lui, le Christ lui-même, qui va prier, pardonner, donner l’espérance et la consolation, servir nos frères, se faire proche des personnes démunies ou des derniers, créer la communion, semer la paix. Vous voyez comme c’est important : par l’Esprit-Saint, le Christ lui-même vient réaliser tout cela au milieu de nous et pour nous. C’est pour cela qu’il est important que les enfants et les adolescents reçoivent le sacrement de la Confirmation.

Chers frères et sœurs, souvenons-nous que nous avons reçu la Confirmation ! Tous ! Souvenons-nous en, avant tout pour remercier le Seigneur de ce cadeau, et ensuite pour lui demander de nous aider à vivre en véritables chrétiens, à toujours marcher dans la joie selon l’Esprit-Saint qui nous a été donné.

Salutations du pape en italien

J’adresse une cordiale bienvenue aux fidèles de langue italienne. Je salue en particulier les participants au Forum de la Faculté pontificale de théologie, les Silencieux Ouvriers de la Croix et les représentants du Spectacle itinérant de Bergantino, les exhortant à être les témoins joyeux des valeurs chrétiennes de solidarité et d’hospitalité.

Je salue aussi le groupe des Cuisiniers florentins et toscans, ainsi que les Associations « Carte de Rome » et « Maison Alessia », encourageant chacun de vous à poursuivre son engagement en faveur des personnes démunies et des réfugiés.

Je salue les familles des ouvriers de Shellbox, de Castelfiorentino, venues avec le cardinal Giuseppe Betori ; tout en vous exprimant ma proximité, je formule le vœu que tous les efforts soient faits de la part des instances compétentes pour que le travail, qui est source de dignité, soit la préoccupation centrale de tous. Que le travail ne manque pas ! Il est source de dignité !

Je salue les Fondations associées à la Consultation nationale anti-usure, accompagnées de l’archevêque de Bari, Mgr Francesco Cacucci, et je souhaite que les Institutions puissent intensifier leur engagement aux côtés des victimes de l’usure, qui est une plaie sociale dramatique. Quand une famille n’a pas de quoi manger parce qu’elle doit rembourser un emprunt à ses usuriers, ce n’est pas chrétien, ce n’est pas humain ! Et le drame de cette plaie sociale blesse la dignité inviolable de la personne humaine.

J’adresse une pensée particulière aux jeunes, aux personnes malades et aux jeunes mariés. Vendredi prochain, nous célèbrerons la mémoire de saint Jean Bosco. Chers jeunes, que cette figure de père et de maître vous accompagne au long de vos années d’études et de formation. Chers malades, ne perdez pas l’espérance, même dans les moments les plus durs de vos souffrances. Et vous, chers jeunes mariés, inspirez-vous du modèle salésien de l’amour prévenant pour donner une éducation intégrale à vos enfants.

jeudi

Pape François : Catéchèse sur l'unité des chrétiens

Pape François : Seul l'amour peut vaincre le mal



Seul l'amour peut vaincre le mal
Angélus du 19 janvier 2014


Chers frères et soeur, bonjour !

Avec la fête du baptême du Seigneur, célébrée dimanche dernier, nous sommes entrés dans le temps liturgique appelé "ordinaire". En ce deuxième dimanche, l’Évangile nous présente la scène de la rencontre entre Jésus et Jean Baptiste, près du fleuve du Jourdain. Celui qui raconte est le témoin oculaire, Jean l’Évangéliste, qui avant d'être disciple de Jésus était disciple du Baptiste, avec son frère Jacques, avec Simon et André, tous de la Galilée, tous pêcheurs. Le Baptiste voit Jésus qui avance parmi la foule et, inspiré d'en-haut, reconnaît en Lui l’envoyé de Dieu, qu'il introduit avec ces paroles : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).

Le verbe qui est traduit par "enlève" signifie littéralement "soulever", "prendre sur soi". Jésus est venu dans le monde avec une mission précise : le libérer de l'esclavage du péché, en se chargeant des fautes de l'humanité. De quelle façon ? En aimant. Il n'y a pas d'autre façon de vaincre le mal et le péché sinon avec l’amour qui pousse à donner sa vie pour les autres. Dans le témoignage de Jean Baptiste, Jésus a les traits du Serviteur du Seigneur, qui « portait nos souffrances, qui s'est chargé de nos douleurs » (Is 53,4), jusqu'à mourir sur la croix. Il est le véritable agneau pascal, qui s'immerge dans le fleuve de notre péché, pour nous purifier.

Le Baptiste voit devant lui un homme qui se met dans la file avec les pécheurs pour se faire baptiser, alors qu'il n'en a pas besoin. Un homme que Dieu a envoyé dans le monde comme agneau immolé. Dans le Nouveau Testament, le terme "agneau" revient plusieurs fois et fait toujours référence à Jésus. Cette image de l’agneau pourrait surprendre; en effet, un animal qui ne se caractérise pas par sa force et sa robustesse porte sur ses épaules un poids si oppressant. La masse énorme du mal est enlevée et emportée par une créature faible et fragile, symbole d'obéissance, de docilité et d'amour sans défense, qui va jusqu'à se sacrifier elle-même. L’agneau n'est pas un dominateur, mais il est docile ; il n'est pas agressif, mais pacifique ; il ne montre pas les griffes ou les crocs quelle que soit l’attaque, mais il supporte et est soumis. Et Jésus est ainsi ! Jésus est ainsi, comme un agneau.

Qu'est-ce que signifie pour l'Eglise, pour nous, aujourd'hui, d’être disciples de Jésus Agneau de Dieu ? Cela signifie mettre l’innocence à la place de la méchanceté, l'amour à la place de la force, l'humilité à la place de l'orgueil, le service à la place du prestige. C'est un gros travail ! Nous chrétiens, devons faire ceci : mettre l’innocence à la place de la méchanceté, l'amour à la place de la force, l'humilité à la place de l'orgueil, le service à la place du prestige. Être disciples de l’Agneau signifie non pas vivre comme une "citadelle assiégée", mais comme une ville sur un mont, ouverte, accueillante, solidaire. Cela veut dire non pas endosser des attitudes de fermeture, mais proposer l'Evangile à tous, en témoignant par notre vie que suivre Jésus nous rend plus libres et plus joyeux.

Paroles après l'angélus (en italien)

Chers frères et soeurs,

Aujourd'hui on célèbre la Journée mondiale du migrant et du réfugié, sur le thème « Migrants et réfugiés: vers un monde meilleur », que j'ai développé dans un Message déjà publié il y a quelque temps. J'adresse un salut spécial aux représentants de diverses communautés ethniques ici rassemblées, en particulier aux communautés catholiques de Rome. Chers amis, vous êtes proches du cœur de l'Eglise, car l'Eglise est un peuple en chemin vers le Royaume de Dieu, que Jésus a apporté au milieu de nous. Ne perdez pas l'espérance d'un monde meilleur ! Je vous souhaite de vivre en paix dans les pays qui vous accueillent, en gardant les valeurs de vos cultures d'origine.

Je voudrais remercier ceux qui travaillent auprès des migrants pour les accueillir et les accompagner dans les moments difficiles, pour les défendre de ceux que le bienheureux [Jean-Baptiste] Scalabrini nommait « les marchands de chair humaine », qui veulent rendre esclaves les migrants. De façon particulière, j'entends remercier la Congrégation des Missionnaires de Saint-Charles, les pères et les soeurs Scalabriniens qui font tant de bien à l'Eglise et se font migrants avec les migrants.

Pensons maintenant à tant de migrants, tant de réfugiés, à leurs souffrances, à leur vie, si souvent sans travail, sans papier, tant de douleurs; nous pouvons tous ensemble adresser une prière pour les migrants et les réfugiés qui vivent des situations plus graves et plus difficiles : Je vous salue Marie…

Je vous salue tous avec affection, chers fidèles provenant de diverses paroisses d’Italie et d'autres pays, ainsi que les associations et les groupes variés. Je salue en particulier les pèlerins espagnols de Pontevedra, La Coruña, Murcia et les étudiants de Badajoz. Je salue les anciens élèves de l’Oeuvre de Don Orione, l’Associations de laïcs Amour Miséricordieux et la Chorale "Saint François" de Montelupone.

A tous je souhaite un bon dimanche et un bon déjeuner. Au revoir !






Psaume 139 (140)


02 Délivre-moi, Seigneur, de l'homme mauvais, contre l'homme violent, défends-moi,
03 contre ceux qui préméditent le mal et tout le jour entretiennent la guerre,
04 qui dardent leur langue de vipère, leur langue chargée de venin.
05 Garde-moi, Seigneur, de la main des impies, contre l'homme violent, défends-moi, contre ceux qui méditent ma chute,
06 les arrogants qui m'ont tendu des pièges ; sur mon passage ils ont mis un filet, ils ont dressé contre moi des embûches.
07 Je dis au Seigneur : « Mon Dieu, c'est toi ! » Seigneur, entends le cri de ma prière.
08 Tu es la force qui me sauve, Maître, Seigneur ; au jour du combat, tu protèges ma tête.
09 Ne cède pas, Seigneur, au désir des impies, ne permets pas que leurs intrigues réussissent !
10 [Sur la tête de ceux qui m'encerclent, que retombe le poids de leurs injures !
11 Que des braises pleuvent sur eux ! Qu'ils soient jetés à la fosse et jamais ne se relèvent !
12 L'insulteur ne tiendra pas sur la terre : le violent, le mauvais, sera traqué à mort.]
13 Je le sais, le Seigneur rendra justice au malheureux, il fera droit au pauvre.
14 Oui, les justes rendront grâce à ton nom, les hommes droits siégeront en ta présence.



vendredi

Pape François : L'histoire "exemplaire" de la communauté chrétienne du Japon




L'histoire "exemplaire" de la communauté chrétienne du Japon
Deuxième catéchèse du pape sur le sacrement du baptême
Rome, 15 janvier 2014

Chers frères et sœurs, bonjour !

Mercredi dernier, nous avons initié un cycle, court, de catéchèses sur les sacrements, en commençant par le baptême. Et je voudrais m’arrêter encore aujourd’hui sur le baptême, pour souligner un fruit très important de ce sacrement : il fait de nous des membres du Corps du Christ et du peuple de Dieu.

Saint Thomas d’Aquin affirme que celui qui reçoit le baptême est incorporé au Christ presque comme son propre membre, et agrégé à la communauté des fidèles (cf. Somme théologique, III, q.69, art.5 ; q.70, art.1), c’est-à-dire au peuple de Dieu. À l’école de Vatican II, nous disons aujourd’hui que le baptême nous fait entrer dans le peuple de Dieu, qu’il fait de nous des membres d’un peuple en chemin, un peuple en marche dans l’histoire.

En effet, de même que la vie se transmet de génération en génération, ainsi la grâce se transmet aussi de génération en génération, à travers la renaissance sur les fonts baptismaux, et le peuple chrétien chemine dans le temps avec cette grâce, comme un fleuve qui irrigue la terre et répand dans le monde la bénédiction de Dieu. À partir du moment où Jésus a dit ce que nous avons entendu dans l’Évangile, les disciples sont allés baptiser ; et depuis ce moment-là jusqu’à aujourd’hui, il y a une chaîne dans la transmission de la foi, à travers le baptême. Et chacun de nous est un maillon de cette chaîne ; un pas en avant, toujours ; comme un fleuve qui irrigue. C’est la grâce de Dieu et c’est notre foi, que nous devons transmettre à nos enfants, transmettre aux petits enfants, pour que, une fois devenus adultes, ils puissent eux-mêmes la transmettre à leurs enfants. C’est cela le baptême. Pourquoi ? Parce que le baptême nous fait entrer dans ce peuple de Dieu qui transmet la foi. C’est très important. Un peuple de Dieu en marche et qui transmet la foi.

En vertu du baptême, nous devenons des disciples missionnaires, appelés à apporter l’Évangile dans le monde (cf. Exhort. apost. Evangelii gaudium, 120). « Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation… La nouvelle évangélisation doit impliquer que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle. » (ibid.), tous, tout le peuple de Dieu, que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle. Le peuple de Dieu est un peuple disciple – parce qu’il reçoit la foi - et missionnaire – parce qu’il transmet la foi. Et cela, c’est le baptême qui le fait en nous : il nous donne la grâce et transmet la foi. Dans l’Église, nous sommes tous des disciples, et nous le sommes toujours, pour toute la vie ; et nous sommes tous des missionnaires, chacun à la place que le Seigneur lui a assignée. Tous : le plus petit est aussi missionnaire ; et celui qui semble le plus grand est disciple. Mais parmi vous quelqu’un va dire : « les évêques ne sont pas des disciples, les évêques savent tout ; le pape sait tout, ce n’est pas un disciple ». Non, les évêques et le pape aussi doivent être des disciples, parce que s’ils ne sont pas disciples, ils ne font pas de bien, ils ne peuvent pas être missionnaires, ils ne peuvent pas transmettre la foi. Nous sommes tous disciples et missionnaires.

Il existe un lien indissoluble entre la dimension mystique et la dimension missionnaire de la vocation chrétienne, l’une et l’autre étant enracinées dans le baptême. « En recevant la foi et le baptême, les chrétiens accueillent l’action de l’Esprit-Saint qui conduit à confesser que Jésus est le Fils de Dieu et à appeler Dieu « Abba », Père ! Tous les baptisés et toutes les baptisées d’Amérique latine et des Caraïbes sont appelés à vivre et à transmettre la communion avec la Trinité, puisque l’évangélisation est un appel à participer à la communion trinitaire » (Document final d’Aparecida, n.157).

Personne ne se sauve tout seul. Nous sommes une communauté de croyants, nous sommes le peuple de Dieu et, dans cette  communauté, nous goûtons la beauté de partager cette expérience d’un amour qui nous précède tous mais qui, en même temps, nous demande d’être des « canaux » de la grâce les uns pour les autres, malgré nos limites et nos péchés. La dimension communautaire n’est pas seulement un « cadre », un « contour » ; elle fait partie intégrante de la vie chrétienne, du témoignage et de l’évangélisation. La foi chrétienne naît et vit dans l’Église et, dans le baptême, les familles et les paroisses célèbrent l’incorporation d’un nouveau membre au Christ et à son corps qu’est l’Église (cf. ibid. n.175b).

À propos de l’importance du baptême pour le peuple de Dieu, l’histoire de la communauté chrétienne du Japon est exemplaire. Elle a subi une violente persécution au début du XVIIème siècle. Il y a eu de nombreux martyrs, les membres du clergé ont été expulsés et des milliers de fidèles ont été tués. Il n’est resté aucun prêtre au Japon, ils ont tous été expulsés. La communauté est alors entrée dans la clandestinité, en conservant la foi et la prière tout en étant cachée. Et lorsqu’un enfant naissait, le papa ou la maman le baptisait parce que, dans des circonstances particulières, tous les fidèles peuvent baptiser. Lorsque, environ deux siècles et demi plus tard, 250 ans après, les missionnaires sont retournés au Japon, des milliers de chrétiens sont sortis et se sont fait connaître et l’Église a pu refleurir. Ils avaient survécu par la grâce de leur baptême ! Que c’est grand ! Le peuple de Dieu transmet la foi, il baptise ses enfants et il avance. Et ils avaient maintenu, même dans le secret, un esprit missionnaire fort, parce que le baptême avait fait d’eux un seul corps dans le Christ ; ils étaient isolés et cachés, mais ils étaient toujours membres du peuple de Dieu, de l’Église. Nous pouvons beaucoup apprendre de leur histoire ! Merci.

mardi

Pape François : Audience au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège



Audience au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège
Dieu pardonne toujours, l'homme parfois, la nature, jamais
Rome, 13 janvier 2014

« Dieu pardonne toujours, nous, nous pardonnons parfois, la nature – la création – ne pardonne jamais quand elle est maltraitée ! »: le pape François cite de dicton dans son discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège pour la présentation des vœux de nouvel an, exhortant une nouvelle fois au respect de la création, notamment pour éviter les catastrophes naturelles qui font de nombreuses victimes.


Le pape François a reçu en audience les membres du Corps diplomatique ce lundi 13 janvier, à 11h, dans la Salle Regia du palais apostolique du Vatican, comme c'est la tradition au début de l'année civile.

Après le mot d’accueil du doyen du Corps diplomatique, M. Jean-Claude Michel, ambassadeur de la Principauté de Monaco près le Saint-Siège, le pape a prononcé un discours dont voici une traduction intégrale de l’italien (Zenit, Hélène Ginabat, et Radio Vatican).

Le pape a axé son allocution sur la paix, en citant son message pour la Journée mondiale de la paix (1er janvier 2014) sur "la fraternité, fondement et route de la paix", et ces paroles de Paul VI: la paix « ne se réduit pas à une absence de guerre, fruit de l’équilibre toujours précaire des forces. Elle se construit jour après jour, dans la poursuite d’un ordre voulu par Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes ».

Discours du pape François

Éminence, Excellences, Mesdames et Messieurs,

La tradition, désormais longue et confirmée, veut que le pape, à l’aube de chaque nouvelle année, rencontre le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège pour présenter ses vœux de bonne année et échanger quelques réflexions qui jaillissent avant tout de son cœur de pasteur, attentif aux joies et aux souffrances de l’humanité. Notre rencontre de ce jour est donc un motif de grande joie. Elle me permet de vous exprimer personnellement, ainsi qu’à vos familles, aux Autorités et aux peuples que vous représentez, mes vœux les plus sincères pour une année riche de bénédictions et de paix.

Je remercie avant tout le Doyen, Jean-Claude Michel qui, en votre nom à tous, a formulé les marques d’affection et d’estime qui lient vos Nations au Siège apostolique. Je suis heureux de vous revoir ici, si nombreux, après vous avoir rencontrés une première fois quelques jours après mon élection. Depuis, un bon nombre de nouveaux ambassadeurs ont été accrédités, et je leur souhaite à nouveau la bienvenue. D’autre part, je ne peux omettre de mentionner, comme l’a fait votre Doyen, le regretté ambassadeur Alejandro Valladares Lanza, lui-même doyen du Corps diplomatique pendant plusieurs années, que le Seigneur a rappelé à lui il y a quelques mois.

L’année qui vient de se conclure a été particulièrement dense en événements non seulement dans la vie de l’Église mais aussi dans le cadre des rapports que le Saint-Siège entretient avec les États et les Organisations internationales. Je rappelle, en particulier, l’établissement de relations diplomatiques avec le Soudan du Sud, la signature d’accords – de base ou spécifiques – avec le Cap Vert, la Hongrie et le Tchad, et la ratification de l’accord avec la Guinée équatoriale, signé en 2012. Sur le plan régional aussi, la présence du Saint-Siège s’est étendue, en Amérique centrale, où il est devenu Observateur extra-régional auprès du Système d’Intégration sud-américaine, comme en Afrique, avec l’accréditation du premier Observateur permanent auprès de la Communauté économique des États de l’Afrique occidentale.

Dans le message pour la Journée mondiale de la Paix, consacré à la fraternité comme fondement et chemin pour la paix, j’ai souligné que « la fraternité commence habituellement à s’apprendre au sein de la famille » qui, « par vocation devrait gagner le monde par son amour » et contribuer à faire mûrir cet esprit de service et de partage qui construit la paix. C’est ce que nous raconte la crèche, où nous voyons la Sainte Famille non pas seule et isolée du monde, mais entourée des bergers et des mages, c’est-à-dire une communauté ouverte, dans laquelle il y a de la place pour tous, pauvres et riches, proches et lointains. Et on comprend ainsi les paroles de mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI, qui soulignait combien « le lexique familial est un lexique de paix ».

Malheureusement, souvent ce n’est pas ce qui arrive, parce que le nombre des familles divisées et déchirées augmente, non seulement à cause de la conscience fragile du sens de l’appartenance qui caractérise le monde actuel, mais aussi à cause des conditions difficiles dans lesquelles beaucoup d’entre elles sont contraintes de vivre, au point de manquer des moyens-mêmes de subsistance. Par conséquent, des politiques appropriées qui soutiennent, favorisent et consolident la famille sont rendues nécessaires !

Il arrive en outre que les personnes âgées soient considérées comme un poids, tandis que les jeunes ne voient pas devant eux des perspectives sûres pour leur vie. Les aînés et les jeunes sont au contraire l’espérance de l’humanité. Les premiers apportent la sagesse de l’expérience ; les seconds nous ouvrent à l’avenir, empêchant de nous refermer en nous-mêmes. Il est sage de ne pas exclure les personnes âgées de la vie sociale pour maintenir vivante la mémoire d’un peuple. De même, il est bon d’investir sur les jeunes, avec des initiatives adéquates qui les aident à trouver du travail et à fonder un foyer domestique. Il ne faut pas éteindre leur enthousiasme ! Je garde vivante dans mon esprit l’expérience de la XXVIIIème Journée mondiale de la Jeunesse de Rio de Janeiro. Que de jeunes heureux j’ai pu rencontrer ! Que d’espérance et d’attente dans leurs yeux et dans leurs prières ! Que de soif de vie et de désir de s’ouvrir aux autres ! La fermeture et l’isolement créent toujours une atmosphère asphyxiante et lourde, qui tôt ou tard finit par attrister et étouffer. Par contre, un engagement commun de tous est utile pour favoriser une culture de la rencontre, parce que seul celui qui est en mesure d’aller vers les autres est capable de porter du fruit, de créer des liens de communion, d’irradier la joie, de construire la paix.

Les images de destruction et de mort que nous avons eues devant les yeux au cours de l’année qui vient de s’achever le confirment, s’il en était besoin. Que de souffrances, que de désespoir à cause de la fermeture sur soi-même, qui prend peu à peu le visage de l’envie, de l’égoïsme, de la rivalité, de la soif de pouvoir et d’argent ! Il semble, quelquefois, que ces réalités soient destinées à dominer. Noël, au contraire, fonde en nous, chrétiens, la certitude que la parole ultime et définitive appartient au Prince de la Paix, qui change « les épées en soc et les lances en serpes » (cf. Is 2, 4), et transforme l’égoïsme en don de soi et la vengeance en pardon.

C’est avec cette confiance que je désire regarder l’année qui est devant nous. Je ne cesse donc pas d’espérer que le conflit en Syrie ait finalement une fin. La sollicitude pour cette chère population et le désir de conjurer l’aggravation de la violence m’ont amené, en septembre dernier, à promulguer une journée de jeûne et de prière. À travers vous, je remercie profondément tous ceux qui, nombreux dans vos pays, Autorités publiques et personnes de bonne volonté, se sont associés à cette initiative. Il faut maintenant une volonté politique commune renouvelée pour mettre fin au conflit. Dans cette perspective, je souhaite que la Conférence “Genève 2”, convoquée pour le 22 janvier prochain, marque le début du chemin désiré de pacification. En même temps, le plein respect du droit humanitaire est incontournable. On ne peut accepter que la population civile sans défense, surtout les enfants, soit frappée. En outre, j’encourage chacun à favoriser et à garantir, de toutes les façons possibles, la nécessaire et urgente assistance d’une grande partie de la population, sans oublier le louable effort des pays, surtout le Liban et la Jordanie, qui avec générosité ont accueilli sur leur territoire les nombreux réfugiés syriens.

Restant au Moyen-Orient, je note avec préoccupation les tensions qui de différentes manières frappent la région. Je regarde avec une particulière inquiétude le prolongement des difficultés politiques au Liban, où un climat de collaboration renouvelée entre les différentes instances de la société civile et les forces politiques est plus que jamais indispensable pour éviter l’aggravation de divergences qui peuvent miner la stabilité du pays. Je pense aussi à l’Égypte, qui a besoin de retrouver une concorde sociale, comme aussi à l’Irak, qui peine à arriver à la paix espérée et à la stabilité. En même temps, je relève avec satisfaction les progrès significatifs accomplis dans le dialogue entre l’Iran et le “Groupe 5+1” sur la question nucléaire.

Partout, la voie pour résoudre les problématiques ouvertes doit être la voie diplomatique du dialogue. C’est le chemin éminent déjà indiqué avec lucidité par le Pape Benoît XV alors qu’il invitait les responsables des Nations européennes à faire prévaloir « la force morale du droit » sur la force « matérielle des armes » pour mettre fin à ce « désastre inutile » qu’a été la Première Guerre mondiale, dont cette année a lieu le centenaire. Il faut « le courage d’aller au-delà de la surface du conflit » pour considérer les autres dans leur dignité la plus profonde, afin que l’unité prévale sur le conflit et qu’il soit « possible de développer une communion dans les différences ».

En ce sens, il est positif que les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens aient été reprises, et je forme le vœu que les parties soient déterminées à assumer, avec le soutien de la communauté internationale, des décisions courageuses pour trouver une solution juste et durable à un conflit dont la fin se révèle toujours plus nécessaire et urgente. L’exode des chrétiens du Moyen-Orient et du Nord de l’Afrique ne cesse de préoccuper. Ils désirent continuer à faire partie de l’ensemble social, politique et culturel des pays qu’ils ont contribué à édifier, et ils aspirent à concourir au bien commun des sociétés dans lesquelles ils veulent être pleinement insérés, comme des artisans de paix et de réconciliation.

De même en d’autres parties de l’Afrique, les chrétiens sont appelés à témoigner de l’amour et de la miséricorde de Dieu. Il ne faut jamais renoncer à faire le bien, même quand c’est difficile et quand on subit des actes d’intolérance, ou même de vraie persécution. Dans de grandes zones du Nigéria les violences ne cessent pas et beaucoup de sang innocent continue à être versé. Ma pensée va surtout vers la République centrafricaine, où la population souffre à cause des tensions que le pays traverse, et qui ont semé à plusieurs reprises destructions et mort. Alors que j’assure de ma prière pour les victimes et pour les nombreuses personnes déplacées, contraintes à vivre dans des conditions d’indigence, je souhaite que l’attention de la communauté internationale contribue à faire cesser les violences, à rétablir l’état de droit et à garantir l’accès des aides humanitaires, même dans les zones les plus reculées du pays. Pour sa part, l’Église catholique continuera d’assurer sa présence et sa collaboration, en se dévouant avec générosité pour fournir toute l’aide possible à la population, et surtout pour reconstruire un climat de réconciliation et de paix entre toutes les composantes de la société. Réconciliation et paix sont aussi des priorités fondamentales en d’autres parties du continent africain. Je me réfère en particulier au Mali, où on remarque la reprise positive des structures démocratiques du pays, comme aussi au Sud Soudan où, au contraire, l’instabilité politique de ces derniers temps a déjà provoqué de nombreux morts et une nouvelle urgence humanitaire.

Le Saint-Siège suit également avec une vive attention les évènements en Asie, où l’Église désire partager les joies et les attentes de tous les peuples qui composent ce vaste et noble continent. À l’occasion du 50ème anniversaire des relations diplomatiques avec la République de Corée, je voudrais implorer de Dieu le don de la réconciliation dans la péninsule, souhaitant que, pour le bien de tout le peuple coréen, les parties concernées ne se lassent pas de chercher des points de rencontre et de possibles solutions. L’Asie, en effet, a une longue histoire de cohabitation pacifique entre ses diverses composantes civiles, ethniques et religieuses. Il faut encourager ce respect réciproque, surtout face à certains signes préoccupants de son affaiblissement, en particulier face à des attitudes croissantes de fermeture qui, s’appuyant sur des motifs religieux, tendent à priver les chrétiens de leurs libertés et à mettre en danger la cohabitation civile. Le Saint-Siège regarde, en revanche, avec grande espérance les signes d’ouverture qui viennent de pays de grande tradition religieuse et culturelle, avec lesquels il désire collaborer à l’édification du bien commun.

La paix, de plus, est blessée par certaines négations de la dignité humaine, en premier lieu par l’impossibilité de se nourrir de manière suffisante. Les visages de tant de personnes qui souffrent de la faim, surtout des enfants, ne peuvent nous laisser indifférents, si l’on pense à tant de nourriture gaspillée chaque jour en de nombreux endroits dans le monde, immergés dans ce que j’ai plusieurs fois défini comme « la culture du déchet ». Malheureusement, ce ne sont pas seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, mais souvent les êtres humains eux-mêmes, qui sont « jetés » comme s’ils étaient des « choses non nécessaires ». Par exemple, la seule pensée que des enfants ne pourront jamais voir la lumière, victimes de l’avortement, nous fait horreur ; ou encore ceux qui sont utilisés comme soldats, violentés ou tués dans les conflits armés, ou ceux qui sont objets de marché dans cette terrible forme d’esclavage moderne qu’est la traite des êtres humains, qui est un crime contre l’humanité.

Le drame des multitudes contraintes à fuir la famine ou les violences et les abus ne peut nous laisser insensibles, en particulier dans la Corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs. Beaucoup vivent en déplacés ou en réfugiés dans des camps où ils ne sont plus considérés comme des personnes mais comme des numéros anonymes. D’autres, avec l’espérance d’une vie meilleure, entreprennent des voyages de fortune, qui, bien souvent, se terminent tragiquement. Je pense en particulier aux nombreux migrants qui d’Amérique Latine vont aux États-Unis, mais surtout à tous ceux qui d’Afrique ou du Moyen Orient cherchent refuge en Europe.

La brève visite que j’ai faite à Lampedusa en juillet dernier pour prier pour les nombreux naufragés en Méditerranée, est encore vive dans ma mémoire. Malheureusement il y a une indifférence générale devant de semblables tragédies, signe dramatique de la perte du « sens de la responsabilité fraternelle », sur lequel est basé toute société civile. Mais à cette occasion j’ai pu constater aussi l’accueil et le dévouement de beaucoup de personnes. Je souhaite au peuple italien, que je regarde avec affection, également en raison des racines communes qui nous lient, de renouveler son louable engagement de solidarité envers les plus faibles et les sans défense, et, avec l’effort sincère et général des citoyens et des institutions, de dépasser les difficultés actuelles, en retrouvant le climat de créativité sociale constructive qui l’a longtemps caractérisé.
Enfin, je désire mentionner une autre blessure à la paix, qui vient de l’exploitation avide des ressources environnementales. Même si « la nature est à notre disposition », trop souvent « nous ne la respectons pas et nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont nous devons prendre soin, et à mettre au service des frères, y compris des générations futures ».

Également dans ce cas, il est fait appel à la responsabilité de chacun pour que, dans un esprit fraternel, des politiques respectueuses de notre terre qui est la maison de chacun d’entre nous soient poursuivies. Je me souviens d’un dicton populaire qui dit : « Dieu pardonne toujours, nous, nous pardonnons parfois, la nature – la création – ne pardonne jamais quand elle est maltraitée ! ». D’autre part, nous avons eu devant les yeux les effets dévastateurs de certaines catastrophes naturelles récentes. En particulier, je désire rappeler encore les nombreuses victimes et les graves dévastations aux Philippines et en d’autres pays du Sud-Est asiatique provoquées par le typhon Haiyan.

Excellence, Mesdames et Messieurs,
Le Pape Paul VI remarquait que la paix « ne se réduit pas à une absence de guerre, fruit de l’équilibre toujours précaire des forces. Elle se construit jour après jour, dans la poursuite d’un ordre voulu par Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes ». Voilà l’esprit qui anime l’action de l’Église partout dans le monde, à travers les prêtres, les missionnaires, les fidèles laïcs, qui avec grand esprit de dévouement, se dépensent, entre autre, en de multiples œuvres de caractère éducatif, sanitaire et d’assistance, au service des pauvres, des malades, des orphelins et de tous ceux qui ont besoin d’aide et de réconfort. Par cette « attention aimante », l’Église coopère avec toutes les institutions qui ont à cœur tant le bien des individus que le bien commun.


Au début de cette nouvelle année, je désire donc renouveler la disponibilité du Saint-Siège, et en particulier de la secrétairerie d’État, à collaborer avec vos pays pour favoriser ces liens de fraternité, qui sont le reflet de l’amour de Dieu et le fondement de la concorde et de la paix. Que la bénédiction du Seigneur descende avec abondance sur vous, sur vos familles et sur vos peuples. Merci.

Pape François : Que le baptême des enfants aide les parents à redécouvrir la foi

"C'est le moment de la grande miséricorde!": allocution avant l'angélus



Fête du baptême de Jésus
Rome, 13 janvier 2014
Allocution du pape François avant l'angélus

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui c’est la fête du Baptême du Seigneur. Ce matin j’ai baptisé 32 bébés. Je remercie avec vous le Seigneur pour ces créatures et pour chaque nouvelle vie. J’aime baptiser les enfants. Cela me plait beaucoup ! Chaque enfant qui naît est un don de joie et d’espérance, et chaque enfant baptisé est un prodige de la foi et une fête pour la famille de Dieu.

L’Évangile d’aujourd’hui souligne que dès que Jésus eut reçu le baptême de Jean dans les eaux du Jourdain, « les cieux s’ouvrirent » (Mt 3,16). Ceci réalise les prophéties. En effet, il y a une invocation que la liturgie nous fait répéter pendant la période de l’Avent : « Si tu déchirais les cieux et descendais ! » (Is 63,19). Si les cieux restent fermés, notre horizon dans cette vie éternelle est sobre, sans espérance. Par contre, en célébrant Noël, la foi encore une fois nous a donné la certitude que les cieux se sont déchirés avec la venue de Jésus. Et le jour du baptême du Christ nous contemplons encore les cieux ouverts.

La manifestation du Fils de Dieu sur terre marque le début d’une grande période de Miséricorde, après que le péché a fermé les cieux, élevant comme une barrière entre l’être humain et son Créateur. Avec la naissance de Jésus les cieux s’ouvrent! Dieu nous donne dans le Christ la garantie d’un amour indestructible. Depuis que le Verbe s’est fait chair il est donc possible de voir les cieux ouverts.

Ce fut possible pour les bergers de Bethléem, pour les mages d’Orient, pour Jean Baptiste, pour les apôtres de Jésus, pour saint Etienne, le premier  martyr, qui s’exclama: «  Je contemple les cieux ouverts ! » (Ac. 7,56). Et c’est possible aussi pour chacun de nous, si nous laissons l’amour de Dieu nous envahir, amour qui nous est donné la première fois dans le baptême par le Saint-Esprit. Laissons-nous envahir par l’amour de Dieu! C’est le moment de la grande miséricorde! Ne l’oubliez pas: c’est le moment de la grande miséricorde!

Quand Jésus reçut le baptême de pénitence des mains de Jean Baptiste, se rendant solidaire du peuple pénitent - Lui, sans péché, et sans avoir besoin de conversion -, Dieu le Père fit entendre sa voix du ciel : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour. » (v.17). Jésus reçut l’approbation du Père céleste, qui l’a envoyé précisément pour qu’il accepte de partager notre condition, notre pauvreté. Partager est la vraie manière d’aimer. Jésus ne se dissocie pas de nous, il nous considère comme ses frères et partage avec nous. Il fait ainsi de nous des enfants, les enfants de Dieu le Père, avec Lui. Telle est la révélation et la source du vrai amour. Et ceci est le moment de la grande miséricorde!

Ne vous semble-t-il pas qu’à notre époque il y ait besoin d’un supplément de partage fraternel et d’amour ? Ne vous semble-t-il pas que nous ayons tous besoin d’un supplément de charité ? Pas de celle qui se contente d’une aide extemporanée, dépourvue de toute implication, qui ne met pas en jeu, mais d’une charité de « partage », qui prend sur elle le malaise et la souffrance d’un frère. Quelle saveur prend la vie quand on se laisse inonder par l’amour de Dieu!

Demandons à la Très Sainte Vierge de nous soutenir par son intercession dans notre engagement de suivre le Christ sur la voie de la foi et de la charité, la voie tracée par notre Baptême.



Que le baptême des enfants aide les parents à redécouvrir la foi
Allocution après l'angélus

Chers frères et sœurs,

Je vous adresse à tous mes plus cordiales salutations, en particulier aux familles et aux fidèles venus de différentes paroisses d’Italie et d’autres pays, ainsi qu’aux associations et divers groupes.

Aujourd’hui je voudrais adresser une pensée spéciale aux parents qui ont amené leurs enfants au baptême et à ceux qui préparent en ce moment le baptême d’un de leurs enfants. Je m’unis à la joie de ces familles, je remercie avec eux le Seigneur, et prie pour que le baptême des enfants aide les parents eux-mêmes à redécouvrir la beauté de la foi et à revenir, changés, aux Sacrements et à la communauté.

Comme déjà annoncé, le 22 février prochain, fête de la Chaire de Saint Pierre, j’aurai la joie de tenir un Consistoire, durant lequel je nommerai 16 nouveaux cardinaux, qui – appartenant à 12 nations de chaque région du monde – représentent le profond rapport ecclésial entre l’Eglise de Rome et les autres Eglises répandues dans le monde.


Le lendemain, je présiderai une concélébration solennelle avec les nouveaux cardinaux, alors que les 20 et 21 février je tiendrai un consistoire avec tous les cardinaux pour réfléchir au thème de la famille.

Homélie pour la fête du baptême du Seigneur

jeudi

Pape François : Réveillez la mémoire de votre baptême !


"Réveillez la mémoire de votre baptême !"
Catéchèse du 8 janvier 2014


Catéchèse du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous commençons aujourd’hui une série de catéchèses sur les sacrements, et la première concerne le baptême. Par une heureuse coïncidence, nous célèbrerons dimanche prochain la fête du baptême du Seigneur.

1 Le baptême est le sacrement sur lequel se fonde notre foi et qui nous greffe, comme membre vivant, sur le Christ et son Église. Avec l’Eucharistie et la Confirmation, il forme ce que l’on appelle « l’initiation chrétienne » : celle-ci est un grand et unique événement sacramentel qui nous configure au Seigneur et fait de nous un signe vivant de sa présence et de son amour.

Mais nous pouvons nous demander : le baptême est-il vraiment nécessaire pour vivre en chrétiens et suivre Jésus ? N’est-ce pas, au fond, simplement un rite, un acte formel de l’Église pour donner un nom au petit garçon ou à la petite fille ? C’est une question qu’on peut se poser. Et ce qu’écrit l’apôtre Paul à ce propos est éclairant : « Ne le savez-vous donc pas : nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts. » (Rm 6,3-4). Ce n’est donc pas une formalité ! C’est un acte qui touche notre existence en profondeur. Un enfant baptisé ou un enfant qui n’est pas baptisé, ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas la même chose, une personne baptisée, ou une personne qui n’est pas baptisée. Par le baptême, nous sommes immergés dans cette inépuisable source de vie qu’est la mort de Jésus, le plus grand acte d’amour de toute l’histoire ; et grâce à cet amour, nous pouvons vivre une vie nouvelle, non plus à la merci du mal, du péché et de la mort, mais dans la communion avec Dieu et avec nos frères.

2 Beaucoup d’entre nous n’ont pas le moindre souvenir de la célébration de ce sacrement, et c’est normal, si nous avons été baptisés peu après notre naissance. J’ai déjà posé cette question deux ou trois fois, ici, sur la place : que ceux d’entre vous qui savent la date de leur baptême lèvent la main. C’est important de connaître le jour où j’ai été immergé dans ce courant de salut de Jésus. Aujourd’hui, chez vous, cherchez, demandez la date de votre baptême et comme cela vous saurez bien quel est le jour si beau de votre baptême. Connaître la date de notre baptême, c’est connaître une date heureuse. Si on ne le sait pas, on risque de perdre la conscience de ce que le Seigneur a fait en nous, du don que nous avons reçu. Nous finissons alors par le considérer seulement comme un événement du passé – et même pas par notre volonté mais par celle de nos parents – et qui n’a donc plus aucune incidence sur le présent. Nous devons réveiller la mémoire de notre baptême. Nous sommes appelés à vivre notre baptême tous les jours, comme une réalité actuelle de notre existence. Si nous réussissons à suivre Jésus et à rester dans l’Église, malgré nos limites et nos fragilités, et nos péchés, c’est précisément grâce au sacrement dans lequel nous sommes devenus de nouvelles créatures et avons été revêtus du Christ. C’est en effet en vertu du baptême que, libérés du péché originel, nous sommes greffés sur la relation de Jésus avec Dieu le Père, que nous sommes porteurs d’une nouvelle espérance, parce que le baptême nous donne cette espérance nouvelle : l’espérance de marcher sur la route du salut, toute notre vie. Et rien ni personne ne peut éteindre cette espérance, parce que l’espérance ne déçoit pas. Souvenez-vous : l’espérance dans le Seigneur ne déçoit jamais. Grâce au baptême, nous sommes capables de pardonner et d’aimer même ceux qui nous offensent et qui nous font du mal, nous parvenons à reconnaître dans les derniers et dans les pauvres le visage du Seigneur qui nous visite et se fait proche. Le baptême nous aide à reconnaître le visage de Jésus dans celui des personnes démunies, des personnes souffrantes, et aussi dans celui de notre prochain. Tout cela est possible grâce à la force du baptême !

3 Un dernier élément important. Je pose la question : est-ce qu’on peut se baptiser soi-même ? Personne ne peut se baptiser soi-même ! Personne. Nous pouvons le demander, le désirer, mais nous avons toujours besoin de quelqu’un qui nous confère ce sacrement au nom du Seigneur Parce que le baptême est un don qui est fait dans un contexte de sollicitude et de partage fraternel. Toujours, dans l’histoire, une personne baptise une autre, une autre, une autre… c’est une chaîne, une chaîne de grâce. Mais, moi, je ne peux pas me baptiser tout seul ; je dois demander le baptême à un autre. C’est un acte fraternel, un acte de filiation vis-à-vis de l’Église. Dans la célébration du baptême, nous pouvons reconnaître les traits les plus authentiques de l’Église qui, comme une mère, continue à engendrer de nouveaux enfants dans le Christ, dans la fécondité de l’Esprit-Saint.

Demandons alors de tout cœur au Seigneur de pouvoir expérimenter toujours davantage, dans notre vie de chaque jour, cette grâce que nous avons reçue par le baptême. Qu’en nous rencontrant, nos frères puissent rencontrer de véritables enfants de Dieu, de véritables frères et sœurs de Jésus-Christ, de véritables membres de l’Église.


Et n’oubliez pas le devoir pour aujourd’hui : chercher, demander la date de votre baptême. De même que je connais la date de ma naissance, je dois connaître aussi la date de mon baptême, parce que c’est un jour de fête.

mercredi

Pape François à l’Épiphanie : "Toi qui ne crois pas ou qui es loin, le Seigneur t'appelle"


La "sainte ruse", pour éviter les dangers
Fête de l’Épiphanie, homélie
Rome, 6 janvier 2014 



Homélie du pape François :

"Lumen requirunt lumine". Cette expression suggestive d’un hymne liturgique de l’Épiphanie se réfère à l’expérience des Mages : en suivant une lumière ils recherchent la lumière. L’étoile apparue dans le ciel allume dans leur esprit et dans leur cœur une lumière qui les pousse à la recherche de la grande Lumière du Christ. Les Mages suivent fidèlement cette lumière qui les envahit intérieurement, et ils rencontrent le Seigneur.

Dans ce parcours des Mages d‘Orient se trouve symbolisé le destin de tout homme : notre vie est un cheminement, nous qui sommes illuminés par les lumières qui éclairent la route, pour trouver la plénitude de la vérité et de l’amour, que nous chrétiens nous reconnaissons en Jésus, Lumière du monde. Et tout homme, comme les Mages, a à sa disposition deux grands « livres » d’où tirer les signes pour s’orienter dans le pèlerinage : le livre de la création et le livre des saintes Écritures. L’important est d’être attentifs, de veiller, d’écouter Dieu qui nous parle, qui nous parle toujours. Comme dit le psaume, se référant à la Loi du Seigneur : « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 119, 105). Écouter l’Évangile, le lire, le méditer et en faire notre nourriture spirituelle nous permet spécialement de rencontrer Jésus vivant, d’apprendre de lui et de son amour.

La première lecture fait résonner, par la bouche du prophète Isaïe, l’appel de Dieu à Jérusalem : « Debout, resplendis ! » (60, 1). Jérusalem est appelée à être la ville de la lumière, qui reflète sur le monde la lumière de Dieu et aide les hommes à marcher sur ses voies. C’est la vocation et la mission du Peuple de Dieu dans le monde. Mais Jérusalem peut manquer à cet appel du Seigneur. L’Évangile nous dit que les Mages, quand ils parvinrent à Jérusalem, perdirent un peu de vue l’étoile. Ils ne la voyaient plus. En particulier, sa lumière est absente dans le palais du roi Hérode : cette demeure est ténébreuse, l’obscurité, la méfiance, la peur, la jalousie y règnent. En effet, Hérode se montre soupçonneux et préoccupé par la naissance d’un Enfant fragile qu’il ressent comme un rival. En réalité Jésus n’est pas venu pour le renverser lui, pauvre fantoche, mais le Prince de ce monde ! Toutefois, le roi et ses conseillers sentent craquer les structures de leur pouvoir, ils craignent que soient retournées les règles du jeu, démasquées les apparences. Tout un monde édifié sur la domination, sur le succès et sur l’avoir, sur la corruption, est mis en crise par un Enfant ! Et Hérode en arrive à tuer les enfants : « Tu assassines ces faibles corps parce que la peur assassine ton cœur » – écrit saint Quodvultdeus (Disc. 2 sur le Symbole : PL 40, 655). C’est ainsi : il avait peur, et par cette peur il devient fou.

Les Mages surent dépasser ce moment dangereux d’obscurité auprès d’Hérode, parce qu’ils crurent aux Écritures, à la parole des prophètes qui indiquait à Bethléem le lieu de la naissance du Messie. Ainsi ils échappèrent à la torpeur de la nuit du monde, ils reprirent la route vers Bethléem et là ils virent de nouveau l’étoile, et l’Évangile dit qu’ils éprouvèrent « une très grande joie » (Mt 2, 10). Cette étoile qui ne se voyait pas dans l’obscurité de la mondanité de ce palais.

Un aspect de la lumière qui nous guide sur le chemin de la foi est aussi la sainte « ruse ». C’est aussi une vertu, la sainte « ruse ». Il s’agit de cette rouerie spirituelle qui nous permet de reconnaître les dangers et de les éviter. Les Mages surent utiliser cette lumière de « ruse » quand, sur la route du retour, ils décidèrent de ne pas passer par le palais ténébreux d’Hérode, mais de prendre un autre chemin. Ces sages venus d’Orient nous enseignent comment ne pas tomber dans les pièges des ténèbres et comment nous défendre de l’obscurité qui cherche à envelopper notre vie. Eux, avec cette sainte « ruse » ont gardé la foi. Et nous aussi nous devons garder la foi. La garder de cette obscurité. Mais aussi, souvent, une obscurité revêtue de lumière ! Parce que le démon, dit saint Paul, s’habille en ange de lumière, certaines fois. Et ici, la sainte « ruse » est nécessaire pour garder la foi, la garder des chants des Sirènes, qui te disent : « Regarde, aujourd’hui nous devons faire ceci, cela… » Mais la foi est une grâce, elle est un don. Il nous revient de la garder avec cette sainte « ruse », avec la prière, avec l’amour, avec la charité. Il faut accueillir dans notre cœur la lumière de Dieu et, en même temps, cultiver cette ruse spirituelle qui sait unir simplicité et astuce, comme demande Jésus à ses disciples : « Soyez prudents comme les serpents, et candides comme les colombes » (Mt 10, 16).


En la fête de l’Épiphanie, où nous rappelons la manifestation de Jésus à l’humanité dans le visage d’un Enfant, nous sentons près de nous les Mages, comme de sages compagnons de route. Leur exemple nous aide à lever les yeux vers l’étoile et à suivre les grands désirs de notre cœur. Ils nous enseignent à ne pas nous contenter d’une vie médiocre, « sans envergure », mais à nous laisser toujours fasciner par ce qui est bon, vrai, beau… par Dieu, qui est tout cela de façon toujours plus grande ! Et ils nous enseignent à ne pas nous laisser tromper par les apparences, par ce qui pour le monde est grand, sage, puissant. Il ne faut pas s’arrêter là. Il est nécessaire de garder la foi. À notre époque cela est très important : garder la foi. Il faut aller au-delà, au-delà de l’obscurité, au-delà de l’attrait des Sirènes, au-delà de la mondanité, au-delà de tant de modernités qui existent aujourd’hui, aller vers Bethléem, là où, dans la simplicité d’une maison de périphérie, entre une maman et un papa pleins d’amour et de foi, resplendit le Soleil venu d’en-haut, le Roi de l’univers. À l’exemple des Mages, avec nos petites lumières, cherchons la Lumière et gardons la foi. Qu’il en soit ainsi !

"Toi qui ne crois pas ou qui es loin, le Seigneur t'appelle"
Angélus de l’Épiphanie
Rome, 6 janvier 2014

Paroles du pape François avant l’angélus (en italien)

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous célébrons l’Épiphanie, c’est-à-dire la « manifestation » du Seigneur. Cette solennité est liée au récit biblique de la venue des rois mages d’Orient à Bethléem pour rendre hommage au roi des juifs ; c’est un épisode que le pape Benoît a magnifiquement commenté dans son livre sur l’enfance de Jésus. Cela a été précisément la première « manifestation » du Christ aux peuples. C’est pourquoi l’Épiphanie met en relief l’ouverture universelle du salut apporté par Jésus. La liturgie de ce jour proclame : « Tous les peuples de la terre viendront t’adorer, Seigneur » parce que Jésus est venu pour chacun de nous, pour tous les peuples, pour tous !

En effet, cette fête nous montre un double mouvement : d’un côté, le mouvement de Dieu vers le monde, vers l’humanité – toute l’histoire du salut, qui culmine en Jésus – et, de l’autre, le mouvement des hommes vers Dieu – pensons aux religions, à la recherche de la vérité, au cheminement des peuples vers la paix, la paix intérieure, la justice, la liberté. Et ce double mouvement est porté par une attraction mutuelle. Du côté de Dieu, qu’est-ce qui l’attire ? C’est son amour pour nous : nous sommes ses enfants, il nous aime et veut nous libérer du mal, des maladies, de la mort et nous emporter dans sa maison, dans son Royaume. « Dieu, par pure grâce, nous attire pour nous unir à lui » (exhort. apost. Evangelii gaudium, 112). Et de notre côté aussi, il y a un amour, un désir : le bien nous attire toujours, la vérité nous attire, la vie, le bonheur, la beauté nous attirent… Jésus est le point de rencontre de cette attraction mutuelle, de ce double mouvement. Il est Dieu et homme : Jésus, Dieu et homme. Mais qui prend l’initiative ? C’est toujours Dieu ! L’amour de Dieu précède toujours le nôtre ! C’est toujours lui qui prend l’initiative. Il nous attend, il nous invite, l’initiative vient toujours de lui. Jésus est Dieu qui s’est fait homme, qui s’est incarné, qui est né pour nous. La nouvelle étoile qui est apparue aux mages était le signe de la naissance du Christ. S’ils n’avaient pas vu l’étoile, ces hommes ne seraient pas partis. La lumière nous précède, la vérité nous précède, la beauté nous précède. Dieu nous précède. Le prophète Isaïe disait que Dieu est comme la fleur d’amandier. Pourquoi ? Parce que sur cette terre, là-bas, l’amandier fleurit le premier. Et Dieu précède toujours, il est toujours le premier à nous chercher. C’est lui qui fait le premier pas. Dieu nous précède toujours. Sa grâce nous précède et cette grâce est apparue en Jésus. Il est l’épiphanie. Lui, Jésus-Christ, est la manifestation de l’amour de Dieu. Il est avec nous.

L’Église est tout entière dans ce mouvement de Dieu vers le monde : sa joie est l’Évangile, elle est de refléter la lumière du Christ. L’Église est le peuple de ceux qui ont fait l’expérience de cette attraction et qui la portent en eux, dans leur cœur et dans leur vie. « Je voudrais dire - sincèrement - je voudrais dire à ceux qui se sentent loin de Dieu et de l’Église, à ceux qui sont craintifs et indifférents : Le Seigneur t’appelle toi aussi à faire partie de son peuple et il le fait avec grand respect et amour ! » (ibid., 113). Le Seigneur t’appelle. Le Seigneur te cherche. Le Seigneur t’attend. Le Seigneur ne fait pas de prosélytisme, il donne de l’amour, et cet amour te cherche, t’attend, toi qui, en ce moment, ne crois pas ou qui es loin. Et c’est cela l’amour de Dieu.

Demandons à Dieu, pour toute l’Église, demandons la joie d’évangéliser, parce qu’elle a été « envoyée par le Christ pour manifester et communiquer la charité de Dieu à toutes les nations » (Ad gentes, 10). Que la Vierge Marie nous aide tous à être des disciples-missionnaires, de petites étoiles qui reflètent sa lumière. Et prions pour que les cœurs s’ouvrent à l’accueil de l’annonce et que tous les hommes parviennent à être « bénéficiaires de la même promesse par le moyen de l’Évangile » (Eph 3,6).

Paroles du pape après l’angélus (en italien)

Frères et sœurs,

J’adresse mes vœux cordiaux à nos frères et sœurs des Églises orientales, qui célébreront demain la fête de Noël. Que la paix, que Dieu a donnée à l’humanité par la naissance de Jésus, Verbe incarné, fortifie en chacun la foi, l’espérance et la charité, et apporte réconfort aux communautés chrétiennes et aux Églises qui sont dans l’épreuve.

L’Épiphanie est la Journée de l’enfance missionnaire, selon la proposition de l’Oeuvre pontificale de l’Enfance missionnaire. Beaucoup d’enfants, dans les paroisses, sont les acteurs de gestes de solidarité envers leurs contemporains, élargissant ainsi les horizons de leur fraternité. Chers enfants et chers jeunes, par votre prière et votre engagement, vous collaborez à la mission de l’Église. Je vous en remercie et je vous bénis !

Je vous salue, vous tous ici présents, familles, groupes paroissiaux et associations. Je salue en particulier les jeunes du mouvement Tra Noi et ceux du patronage San Vittore, de Verbania, les scouts de Minori et de Castelforte, le chœur Saint Antoine de Lamezia Terme, le chœur de Gozo « Laudate Pueri », qui a animé les chants de la liturgie de ce jour avec la Chapelle Sixtine, l’école catholique « Giacomo Sichirollo » de Rovigo, les participants au cortège folklorique, animé cette année par les familles de la ville de Leonessa et d’autres communes de la province de Rieti. Je vous souhaite à tous une bonne fête de l’Épiphanie et un bon déjeuner. Au revoir !