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Pédophilie : le coup de colère du pape François contre «la terrible obscurité de l'Église»

En recevant lundi, six victimes de prêtres pédophiles au Vatican avec qui il a célébré la messe, le pape François a prononcé une homélie d'une rare violence contre les comportements de « complicité » d'une partie de la hiérarchie.

Le pape François à la différence de Benoît XVI ne cache pas ses colères. Lundi, devant six victimes de prêtres pédophiles, trois hommes et trois femmes (deux Allemands, deux Britanniques, deux Irlandais), il a prononcé une homélie d'une rare vigueur contre les comportements passés de l'Église en ce domaine. Il a dénoncé pour la première fois explicitement la «complicité» d'une partie de la hiérarchie. Et comme son prédécesseur il a une nouvelle fois demandé «pardon» aux victimes pour ces «abus exécrables» mais il a aussi soulevé deux sujets tabous jusque là.

Tout d'abord la «terrible tragédie» du «suicide» des… victimes: «Les morts de ces enfants si aimés de Dieu pèsent sur mon cœur et ma conscience, et sur celle de toute l'Église», a lancé le pape François reconnaissant que ces drames cachés, conséquences d'abus non reconnus, a rarement été regardés en face par l'Église.

La persistance, ensuite, des ravages durables, psychologiques et sociaux, éprouvées tout au long de la vie par ces enfants et leurs familles: «Ces souffrances sont la source d'une douleur émotionnelle profonde et qui souvent ne cesse pas», a dit François. «Beaucoup de ceux qui ont souffert de cette manière, a-t-il noté, ont trouvé réconfort dans la voie de l'addiction. D'autres ont expérimenté des difficultés relationnelles, avec les parents, les épouses et les enfants.»

Des faits «si longtemps dissimulés, camouflés»

François qui s'était encore peu exprimé sur ce dossier a donc dénoncé «la complicité inexplicable» d'une partie du clergé et de la hiérarchie «si longtemps dissimulés, camouflés», à l'égard des prêtres et des évêques pédophiles pour «ces crimes et péchés graves»: «Voilà mon chagrin et ma douleur pour quelques prêtres et évêques qui ont violé l'innocence de mineurs et leur propre vocation sacerdotale en les abusant sexuellement».


Il a alors demandé «humblement pardon» pour le mal fait aux victimes et à leurs familles mais aussi pour «les péchés d'omission d'une partie des chefs de l'Église qui n'ont pas répondu de manière adéquate aux dénonciations d'abus présentées par les familles et les proches de ceux qui étaient les victimes d'abus».

Comportement d'autant plus irresponsable de la part des évêques ou cardinaux concernés qu'il a mis «en danger d'autres mineurs qui se sont trouvés en situation de risque». Car jusque dans les années 2000 la pratique consistait à déplacer les prêtres ainsi mis en cause dans d'autres diocèses mais sans prévenir les communautés qui l'accueillaient du problème alors que les responsables savaient…

Évoquant cette loi du silence le pape François a remercié les victimes et leurs familles du «courage» qu'ils ont eu d'avoir fait sauter cette chape de plomb: «Vous avez fait la lumière sur une terrible obscurité dans la vie de l'Église».

«Pas de place dans l'Église pour ceux qui commettent ces abus»

Des «actes méprisables» donc qui sont comme un «culte sacrilège» dans l'esprit du pape parce que ces «petits garçons et petites filles» leur avaient été «confiés pour leur charisme sacerdotal qui devait les conduire à Dieu» mais «ils les ont sacrifiés à l'idole de leur concupiscence».

Développant cette même idée devant la presse dans l'avion qui le ramenait de Terre Sainte, le pape François avait alors comparé cette déviation à une «messe noire». Ce qu'il a appelé, hier, une «profanation de l'image même créée par Dieu»,


S'adressant, enfin, lundi, à tout le clergé, le pape dans la ligne de ses deux prédécesseurs, a donc promis qu'il «ne tolérerait aucun mal» fait à un mineur. Assurant: «Il n'y a pas de place dans l'Église pour ceux qui commettent ces abus, et je m'engage à ne pas tolérer que du mal soit causé à un mineur par un individu, qu'il soit religieux ou autre». Il a également prévenu les évêques et les cardinaux qui devront réagir avec «le plus grand soin» pour protéger les mineurs de tels abus. Sans quoi «ils devront rendre des comptes».