Montrant les préjugés auxquels doivent faire face les
convertis de l’islam, L’Apôtre a été primé au festival du film du Vatican.
Cheyenne-Marie Carron a vu son film L’Apôtre, récompensé le
3 juillet par la Capax Dei Foundation. Cette fondation, présidée par Liana
Marabini, organise, sous le patronage du Conseil pontifical pour la culture, le
festival de cinéma du Vatican Mirabile Dictu. C’est la cinquième année qu’a
lieu ce festival. C’est aussi son cinquième film que réalise Cheyenne Carron.
Le sujet en est brûlant, car il s’agit de la conversion d’un jeune musulman au
christianisme. Le film ne cherche pas la polémique et évite tout prosélytisme
déplacé. Le jeune Akim vit dans une famille française apparemment bien intégrée
et tranquille. Lui et son frère Youssef se destinent à devenir imams. Ils
participent régulièrement à la prière musulmane commune et suivent les
enseignements islamiques.
Un assassinat a lieu dans le quartier : la sœur d’un prêtre
est poignardée par un voisin. Le prêtre décide de continuer de résider auprès
de la famille de l’assassin car il sent que cela les aide à vivre. Akim est
interloqué d’une décision si peu naturelle. Son admiration pour l’attitude du
prêtre va être son chemin d’accès à la découverte du Christ. Mais si lui trouve
normal d’avancer sur cette voie, qu’il découvre lumineuse et pacifique, son
frère Youssef, et toute sa communauté, ne l’entendent pas ainsi. Karim va
découvrir ce qu’il en coûte de vouloir quitter l’islam.
Témoignages des protagonistes
L’Apôtre ne cherche nullement à dresser le christianisme
contre l’islam. S’il montre l’attitude hostile des musulmans envers ceux
d’entre eux qui veulent se convertir, c’est par un souci de vérité, dont
Cheyenne-Marie Carron témoigne avec un évident courage. Mais elle le fait avec
la volonté affichée de lutter contre les préjugés. Non pas d’abord les préjugés
qu’on nous invite toujours à combattre, ceux que les Français de tradition
chrétienne auraient à l’encontre des musulmans, mais bien ceux que les
musulmans ont à l’encontre des chrétiens. Car c’est pour les musulmans que ce
film est fait. Et s’il est douteux que la fin, trop irénique, les ébranle
beaucoup, en tout cas la mise en relief de leurs a priori et de leur violence a
de quoi les interpeller. Film de vérité et de justice, c’est aussi un film de
courage et de paix.
Édouard Huber