mercredi

Le corrompu irrite Dieu et scandalise la société

La corruption, les pauvres en font les frais

Naboth lapidé devant sa vigne
Chronique universelle de Rodolphe d'Ems
Artiste anonyme (entre 1350 et 1375)
La corruption des puissants, ce sont finalement les pauvres qui en font les frais, et à cause de l’avidité des autres ils se retrouvent sans même avoir ce dont ils auraient besoin et auquel ils ont droit. Voilà l’idée développée par le Pape François ce lundi matin, dans l’homélie de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte Marthe. Pour parler de la corruption, un mal « aussi triste que vieux comme le monde » « un péché à portée de main », le Pape François est parti d’un récit de la Bible, proposé par la liturgie du jour: l’histoire de Nabot, propriétaire d’une vigne depuis des générations, et qui finit par être lapidé à mort pour avoir refusé de la vendre au roi Acab qui « voulait juste élargir un peu son jardin ». «Cette histoire  est habituelle dans les milieux où l’on trouve le pouvoir matériel ou politique, ou encore spirituel » :

« Dans la presse, nous lisons si souvent que l’un ou l’autre a été emmené au tribunal, tel politique parce qu’il s’est enrichi comme par enchantement. Ce chef d’entreprise emmené au tribunal lui aussi parce qu’il s’est enrichi d’un coup, en exploitant ses ouvriers. De ce prélat qui s’est trop enrichi et a abandonné son devoir pastoral au bénéfice de son pouvoir. Corrompus de la politique, du monde des affaires, de la vie ecclésiastique. Nous en trouvons partout. Et nous devons dire la vérité : la corruption est ce péché à portée de main, pour les gens qui ont autorité sur les autres, que ce soit économique, politique, ou ecclésiastique. Tous nous sommes tentés par la corruption. C’est un péché vraiment à portée de main. Parce que lorsque quelqu’un a du pouvoir il se sent puissant, il se sent comme Dieu ».


L’unique voie c’est le service qui te rend humble

Du reste, on en arrive à être corrompus « sur le chemin de notre propre sécurité ». Avec le «bien-être, l’argent, puis le pouvoir, la vanité, l’orgueil…et de là on en arrive même à tuer ». « Mais qui fait les frais à la fin de toute cette corruption ? » « C’est le pauvre»:

«Si nous parlons des corrompus politiques ou des corrompus dans le monde des affaires, qui en fait les frais ? Les hôpitaux sans médicaments, les malades qui n’ont pas de soins, les enfants sans éducation. Ce sont les ‘Nabot’ contemporains, qui font les frais de la corruption des grands. Et qui fait les frais de la corruption d’un prélat ? Les enfants, qui ne savent pas se faire le signe de la croix, qui ne connaissent pas le catéchisme, qui ne sont pas soignés » « Les malades qui ne reçoivent pas de visite, les prisonniers qui ne sont pas accompagnés spirituellement. Les pauvres payent la note. La corruption est payée par les pauvres : les pauvres économiquement, les pauvres spirituellement».

Par contre, «l’unique voie pour sortir de la corruption, l’unique voie pour vaincre la tentation, le péché de la corruption, c’est le service ». Parce que « la corruption vient de l’orgueil, de la superbe, et le service te rend humble » :

« Aujourd’hui, nous offrons la Messe pour tous ces gens qui payent le prix de la corruption, qui payent pour la vie de ces corrompus. Pour tous les martyrs de la corruption politique, de la corruption économique et de la corruption ecclésiastique. Prions pour eux. »


«Le corrompu irrite Dieu et fait pécher le peuple». 

C’est ce qu’a souligné le Pape François lors de la messe célébrée en la chapelle de la maison Sainte-Marthe et il s’est à nouveau attardé sur le martyr de Nabot, raconté dans le Premier Livre des Rois. Le Pape a répété que pour les corrompus, il n’y a qu’une seule voie de sortie: «demander pardon», car autrement, ils rencontreront la malédiction de Dieu.

Lorsque quelqu’un «entre» dans «la voie de la corruption», «il enlève la vie, usurpe et se vend». Le Pape François revient sur une vibrante dénonciation de la corruption. La Première Lecture du jour se concentre sur le meurtre de Nabot décrété sur ordre du roi Achab qui s’est emparé de sa vigne. Le prophète Élie, annote le Pape, déclare qu’Achab le corrompu s’est «vendu». C’est comme s’il «arrêtait d’être une personne et devenait une marchandise», «à vendre et acheter»:

«C’est la définition: une marchandise! Que fera ensuite le Seigneur avec les corrompus, quel que soit la corruption ?…Hier, nous avons dit qu’il en existait trois types, trois groupes : les corrompus de la politique, du monde des affaires et de la vie ecclésiastique. Tous les trois font du mal aux innocents, aux pauvres car ce sont les pauvres qui paient la fête des corrompus ! C’est à leur compte. Le Seigneur dit clairement ce qu’il fera : « Je vais faire venir le malheur sur toi et je te balaierai. J’exterminerai quiconque appartient à Achab, celui qui est esclave et celui qui est libre en Israël».

Les oiseaux du ciel te dévoreront !

«Le corrompu- poursuit le Pape- irrite Dieu et fait pécher le peuple!» Jésus, poursuit-il, l’a clairement dit : celui «qui crée un scandale fait mieux de se jeter à la mer», le corrompu «scandalise la société, scandalise le peuple de Dieu». Le Seigneur préannonce donc le châtiment pour les corrompus «car ils scandalisent et exploitent ceux qui ne peuvent pas se défendre, ils les rendent esclaves» : «Les oiseaux du ciel te dévoreront». Le corrompu, poursuit François, «se vend pour faire du mal, mais il ne le sait pas : il croit qu’il se vend pour avoir plus d’argent, plus de pouvoir». Mais, répète le Pape, en réalité «il se vend pour faire du mal, pour tuer». C’est pour cela qu’il avertit : «Lorsque nous disons : Cet homme est corrompu ; cette femme est corrompue …Mais arrêtons-nous un moment : « As-tu les preuves ?» Car, met en évidence le Pape, «dire à une personne qu’il ou elle est corrompu (e) : c’est dire «qu’elle est condamnée et que le Seigneur l’a chassée» :

Les corrompus ne sont pas seulement des traîtres mais plus que cela. La première chose dans la définition du corrompu, c’est qu’il vole, qu’il tue. La deuxième chose : qu’est-ce qui revient aux corrompus ? C’est la malédiction de Dieu car ils ont exploités les innocents, ceux qui ne peuvent pas se défendre et ils l’ont fait avec des gants blancs, de loin, sans se salir les mains. La troisième chose : il y a-t-il une voie de sortie, une porte de sortie pour les corrompus ? Oui ! Lorsqu’il entendit de telles paroles, Achab déchira ses vêtements, endossa un sac sur son corps et se mit à jeuner. Il se coucha avec son sac et m
archait la tête basse. Il commença à faire «pénitence».

Les corrompus doivent demander pardon

Le riche Zachée rencontre Jésus
Ceci, met en évidence le Pape, «est la porte de sortie pour les corrompus, les corrompus de la politique, les corrompus du monde des affaires et les corrompus de la vie ecclésiastique : demander pardon! Et, ajoute-t-il, «cela plaît au Seigneur». Le Seigneur, souligne-t-il encore, «pardonne mais il pardonne lorsque les corrompus» font «ce qu’a fait Zachée : «J’ai volé, Seigneur ! Je donnerai quatre fois ce que j’ai volé !».


«Lorsque nous lisons sur les journaux que celui-ci est corrompu, que cet autre-là est corrompu, qu’il a commis tel acte de corruption, que le pot-de-vin va par ici et par là et que tant de choses sont commises par les prélats, comme chrétiens, notre devoir est de demander pardon pour eux afin que le Seigneur leur donne la grâce de se repentir et qu’ils ne meurent pas avec le cœur corrompu…» «Condamner les corrompus, oui», a conclu le Pape, «demander la grâce de ne pas devenir corrompus, oui !» et aussi, «prier pour leur conversion !».