Discours aux séminaristes et novices
Homélie aux séminaristes et novices
Au séminaire pontifical d'Anagni au Vatican
Discours du pape François
Chers frères évêques, prêtres et séminaristes,
Saint Théophane Vénard, martyr à Hanoï en 1881 |
Je vous salue tous, vous qui formez la communauté du Collège
pontifical léonien d’Anagni. Je remercie le recteur pour les paroles qu’il m’a
adressée en votre nom à tous. Une salutation toute particulière à vous, chers
séminaristes, qui avez voulu venir à Rome à pied ! Courageux ! Ce pèlerinage
est un très beau symbole de votre chemin de formation,
qu’il faut parcourir avec enthousiasme et persévérance, dans l’amour du Christ
et dans la communion fraternelle.
Le Léonien, en tant que séminaire régional, offre son service
à plusieurs diocèses du Latium. Dans le sillage de sa tradition de formation,
il est appelé, dans l’aujourd’hui de l’Église, à proposer aux candidats au
sacerdoce une expérience en mesure de transformer leurs projets vocationnels en
une réalité apostolique féconde. Comme tous les séminaires, le vôtre aussi a
pour but de préparer les futurs ministres ordonnés dans un climat de prière,
d’étude et de fraternité. C’est cette atmosphère évangélique, cette vie remplie
d’Esprit-Saint et d’humanité, qui permet à ceux qui s’y immergent d’assimiler
jour après jour les sentiments de Jésus-Christ, son amour pour le Père et pour
l’Église, son attachement sans réserve au Peuple de Dieu. Prière, étude, fraternité et aussi vie apostolique : ce sont
les quatre piliers de la formation qui interagissent entre eux. La vie
spirituelle : forte ; la vie intellectuelle : sérieuse ; la vie communautaire
et enfin la vie apostolique mais ce n’est pas un ordre d’importance. Ces quatre
points sont importants, s’il en manque un, la formation n’est pas bonne. Et
tous les quatre interagissent entre eux. Quatre piliers, quatre dimensions sur
lesquelles un séminaire doit fonder sa vie.
Vous autres, chers séminaristes, vous ne vous préparez pas à
exercer un métier, à devenir des fonctionnaires d’une entreprise ou d’un
organisme bureaucratique. Nous avons tellement,
tellement de prêtres à mi-chemin. C’est
douloureux qu’ils n’aient pas réussi à parvenir à la plénitude : ils ont
quelque chose des fonctionnaires, une dimension bureaucratique et cela ne fait
pas de bien à l’Église. Je vous en prie, faites attention à ne pas
tomber là-dedans ! Vous êtes en train de devenir des pasteurs à l’image de
Jésus, Bon pasteur, pour être comme lui et « dans sa personne même » (in
persona) au milieu de son peuple, pour paître ses brebis.
Face à cette vocation, nous pouvons répondre comme Marie à
l’ange : « Comment cela se fera-t-il ? » (cf. Lc 1,34). Devenir « de bons
pasteurs » à l’image de Jésus est quelque chose de trop grand, et nous sommes
si petits… C’est vrai ! Je pensais ces jours-ci à la messe chrismale du Jeudi
saint et je me suis dit que, avec ce don si grand que nous recevons, notre
petitesse est forte : nous sommes parmi les plus petits des hommes. C’est vrai,
c’est trop grand ; mais ce n’est pas notre œuvre ! C’est l’œuvre de
l’Esprit-Saint, avec notre collaboration. Il s’agit de s’offrir humblement
soi-même, comme de l’argile à modeler, pour que le potier, qui est Dieu, la
travaille avec l’eau et le feu, avec la Parole et l’Esprit. Il s’agit d’entrer
dans ce que dit saint Paul : « Ce n’est plus moi qui
vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20). C’est uniquement comme cela
que l’on peut être diacres et prêtres dans l’Église, uniquement comme cela que
l’on peut paître le peuple de Dieu et le guider non pas sur nos voies, mais sur
la voie de Jésus, ou plutôt, sur la Voie qu’est Jésus.
Il est vrai qu’au début, il n’y a pas toujours une totale
droiture d’intention. Mais j’ose dire : c’est difficile qu’il en soit
autrement. Nous tous, nous avons toujours eu de ces petites choses qui
n’étaient pas toujours dans une droiture d’intention, mais avec le temps cela
se résout, avec la conversion quotidienne. Mais pensons aux apôtres ! Pensez à
Jacques et Jean, qui voulaient devenir l’un premier ministre et l’autre
ministre de l’économie, parce que c’était plus important. Les apôtres n’avaient
pas encore cette droiture, ils pensaient à autre chose et le Seigneur, avec
beaucoup de patience, a corrigé leur intention et, à la fin, leur droiture
d’intention était telle qu’ils ont donné leur vie dans la prédication et dans
le martyre. Ne vous effrayez pas ! « – Mais je ne sais pas très bien si je veux
être prêtre pour la promotion… – Mais est-ce que tu aimes Jésus ? – Oui. –
Parle avec ton père spirituel, parle avec tes formateurs, prie, prie, prie et
tu verras que la droiture d’intention viendra. »
Ste Thérèse - Patronne des missions |
Si vous – mais je le dis avec mon cœur, sans
vouloir offenser ! – si vous, si certains d’entre vous, n’êtes pas disposés à
suivre cette route, avec ces attitudes et ces expériences, il vaut mieux que
vous ayez le courage de chercher une autre voie. Il y a de nombreuses manières, dans l’Église, de
donner un témoignage chrétien et de nombreuses routes qui mènent à la sainteté.
Dans la sequela ministérielle de Jésus, il n’y a pas de
place pour la médiocrité, cette médiocrité qui pousse toujours à utiliser le
saint peuple de Dieu pour son propre intérêt. « Malheur
aux mauvais pasteurs qui se font paître eux-mêmes au lieu de faire paître leur
troupeau ! », s’exclamaient les prophètes (cf. Ez 34,1-6), avec
tellement de force ! Et Augustin reprend cette phrase prophétique dans son De
Pastoribus que je vous recommande de lire et de méditer.
Mais malheur aux mauvais pasteurs, parce que le
séminaire, disons la vérité, n’est pas un refuge pour toutes les limites que
nous pouvons avoir, un refuge pour les fragilités psychologiques ou un refuge
parce que je n’ai pas le courage d’aller de l’avant dans la vie et que je
cherche un lieu pour me protéger. Non, ce n’est pas cela. Si votre séminaire était cela, il
deviendra une hypothèque pour l’Église ! Non, le séminaire est vraiment pour
avancer, avancer sur cette route. Et quand nous entendons les prophètes dire «
malheur ! », que ce « malheur ! » vous fasse réfléchir
sérieusement sur votre avenir. Autrefois, Pie XI, disait qu’il valait
mieux perdre une vocation que de prendre un risque avec un candidat qui n’était
pas sûr. Il était alpiniste, il s’y connaissait.
Très chers amis, je vous remercie pour votre visite. Je vous
remercie d’être venus à pied. Je vous accompagne par ma prière et ma
bénédiction et je vous confie à la Vierge, qui est Mère. Ne l’oubliez jamais !
Les mystiques russes disaient que dans les moments de
turbulences spirituelles, il fallait se réfugier sous le manteau de la sainte
Mère de Dieu. Ne jamais en sortir ! Couverts de son manteau. Et s’il vous
plaît, priez pour moi !
Le pape témoigne témoigne de son enfance, de son cheminement et de l'appel de Dieu au sacerdoce