Les calomnies dans l'Eglise
Homélie du vendredi 4 avril
Le pape François a évoqué la persécution de Jésus par ses
contemporains, les calomnies dont il a fait l'objet, et la persécution, les
calomnies contre des "prophètes" dans l'Eglise, lors de la messe de
vendredi, 4 avril, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican.
Les ennemis de Jésus lui tendent des pièges, ils utilisent «
les calomnies », « lui volent sa réputation », comme s’ils préparaient « le
bouillon pour détruire le Juste », a expliqué le pape. Et cela, parce que le
Christ s’oppose à leurs actions, « il [leur] reproche de désobéir à la loi de
Dieu », et les « accuse d'abandonner [leurs] traditions ».
Dans toute l’histoire du salut, a-t-il fait remarquer, « les
prophètes ont été persécutés » et Jésus lui-même le dit aux pharisiens. Toujours,
« dans l’histoire du salut », au temps d’Israël, et même dans l’Église, a-t-il
insisté, les prophètes ont été persécutés ». Persécutés, parce qu’ils disent :
« Vous vous êtes trompés de route ! Revenez dans les voies de Dieu ! ». Et
cela, a-t-il constaté, « ne fait pas plaisir aux personnes qui ont le pouvoir
de cette mauvaise route ».
« L’Évangile d’aujourd’hui est clair, non ? Jésus se
cachait, en ces derniers jours, parce que son heure n’était pas encore arrivée
; mais il savait, lui, quelle allait être sa fin, comment sa fin allait se
passer. Et Jésus est persécuté depuis le début : souvenons-nous quand, au début
de sa prédication, il revient dans son village, il va à la synagogue et il
prêche ; après un moment de grande admiration, ils commencent [à dire] déjà :
‘Mais celui-ci, nous savons d’où il est. Il est de chez nous. Mais avec quelle
autorité vient-il nous enseigner ? Où a-t-il étudié ?' Ils le disqualifient !
C’est le même discours, non ? ‘Mais celui-ci, nous savons d’où il est ! Le
Christ, lui, quand il viendra, personne ne saura d’où il est !’ Disqualifier le
Seigneur, disqualifier le prophète pour lui enlever son autorité ! »
Persécutions à l'intérieur de l'Eglise
Ils le disqualifient, « parce que Jésus sortait et faisait
sortir de cet environnement religieux fermé, de cette cage ». Le prophète, a
continué le pape, « lutte contre les personnes qui mettent l’Esprit-Saint en
cage. Et il est persécuté pour cela : toujours ! », car les prophètes, « sont tous persécutés ou incompris, mis de
côté. On ne leur fait pas de place ! »
Or, a ajouté le pape, « avec la mort et la résurrection de
Jésus, cette situation a continué dans l’Église ! Persécutés de l’extérieur et
persécutés de l’intérieur ! »: quand nous lisons la vie des saints, « que
d’incompréhensions, que de persécutions ont subies les saints » « parce qu’ils
étaient prophètes ».
« Beaucoup de penseurs ont aussi été persécutés dans
l'Eglise. Je pense à l’un d’eux, maintenant, en ce moment, pas si loin de nous,
un homme de bonne volonté, un véritable prophète qui, dans ses livres,
reprochait à l’Église de s’éloigner de la voie du Seigneur. On l’a rappelé tout
de suite, ses livres ont été mis à l’index, on lui a interdit d’enseigner et
cet homme a fini sa vie comme cela ; il n’y a pas si longtemps. Le temps a
passé et aujourd’hui, il est bienheureux ! Mais comment était-il hérétique hier
et bienheureux aujourd’hui ? C’est qu’hier, ceux qui avaient le pouvoir
voulaient le faire taire, parce que ce qu’il disait ne plaisait pas.
Aujourd’hui l’Église qui, grâce à Dieu, sait se repentir, dit : ‘Non, cet homme
est bon !’ De plus, il est sur la voie de la sainteté, c’est un bienheureux ! »
« Toutes les personnes que l’Esprit-Saint choisit pour dire
la vérité au peuple de Dieu, a ajouté le pape, souffrent de persécutions », et
Jésus en « est précisément le modèle, l’icône » le Seigneur a pris sur lui «
toutes les persécutions de son peuple ». Et aujourd’hui encore, a relevé le
pape avec tristesse, « les chrétiens sont persécutés »: « J’ose dire, qu’il y a
peut-être autant ou même plus de martyrs maintenant que dans les premiers temps
», « parce qu’ils disent la vérité, ils annoncent Jésus-Christ à cette société
mondaine, à cette société un peu tranquille, qui ne veut pas avoir de problèmes
».
La prière clandestine des chrétiens
« Mais il y a la peine de mort ou la prison parce qu’on a un
Évangile chez soi, parce qu’on enseigne le catéchisme, aujourd’hui, dans
certaines parties du monde ! Un catholique de ces pays m’a dit qu’ils ne
peuvent pas prier ensemble. C’est interdit ! On ne peut prier que seul et
caché. Mais ils veulent célébrer l’Eucharistie et comment font-ils ? Ils font
une fête pour un anniversaire, ils font semblant de célébrer un anniversaire et
ils célèbrent l’Eucharistie, avant la fête. Et – c’est arrivé ! – quand ils
voient arriver les policiers, vite, ils cachent tout et ‘Tous nos vœux, tous
nos vœux ! Bon anniversaire !’ et ils continuent en faisant la fête. Et puis,
quand ils sont partis, on termine l’Eucharistie. Ils doivent faire comme cela,
parce que c’est interdit de prier ensemble. Aujourd’hui ! ».
Et cette histoire de persécutions, « est le chemin du Seigneur, le chemin de
ceux qui suivent le Seigneur », mais, a ajouté le pape, « cela se termine
toujours comme pour le Seigneur : par une résurrection, mais en passant par la
Croix ! ».
Le pape François a évoqué le père Matteo Ricci,
évangélisateur de la Chine, qui « n’a pas été compris, n’a pas été compris.
Mais il a obéi comme Jésus ! »: toujours, « il y aura des persécutions, des
incompréhensions ! Mais Jésus est le Seigneur et c’est cela le défi et la Croix
de notre foi ! ». Que le Seigneur « nous donne la grâce de marcher sur sa route
et, si cela arrive, avec aussi la croix des persécutions », a conclu le pape.
Qui prend la résolution d'éviter les médisances devient saint
Qui prend la résolution d'éviter les médisances devient
saint
Angélus du 16 février 2014
Chers frères et soeurs,
L’Evangile de ce dimanche fait encore partie de ce qu’on
appelle le “discours de la montagne”, la première grande prédication de Jésus.
Aujourd’hui le thème est l’attitude de Jésus à l’égard de la loi juive. Il
affirme: « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je
ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17). Jésus ne veut donc pas
supprimer les commandements que le Seigneur a donnés par Moïse, mais il veut
les porter à leur plénitude. Et il ajoute tout de suite après que
“l’accomplissement” de la Loi demande une justice supérieure, une observance
plus authentique. Il dit en effet à ses disciples : « Si votre justice ne
surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le
Royaume des cieux. » (Mt 5,20).
Mais que signifie ce « plein accomplissement » de la Loi ?
Et cette justice supérieure, en quoi consiste-t-elle ? Jésus nous répond avec
quelques exemples – Jésus était pratique, il parlait toujours avec des exemples
pour se faire comprendre. Il commence par le cinquième commandement du
décalogue : « Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras
pas de meurtre’... Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère
contre son frère en répondra au tribunal.» (vv. 21-22). Par là, Jésus nous
rappelle que les paroles aussi peuvent tuer ! Quand on dit d’une personne
qu’elle a une langue de vipère, que veut-on dire? Que ses paroles tuent ! Par conséquent,
non seulement il ne faut pas attenter à la vie du prochain, mais il ne faut pas
non plus déverser sur lui le poison de la colère ni le frapper avec la
calomnie. Ni dire du mal de lui. Nous arrivons aux médisances : les médisances,
aussi, peuvent tuer, car elles tuent la renommée des personnes ! Il est si laid
de médire ! Au début cela peut sembler une chose agréable, même plaisante,
comme sucer un bonbon. Mais à la fin, cela nous remplit le cœur d’amertume, et
nous empoisonne nous aussi. Je vous dis la vérité, je suis convaincu que si
chacun de nous prenait la résolution d’éviter les médisances, à la fin il
deviendrait saint ! C’est une belle route ! Voulons-nous devenir saints ? Oui
ou non ? [Foule: Oui!] Voulons-nous vivre attachés aux médisances comme à une
habitude ? Oui ou non ? [Foule : Non !] Alors nous sommes d’accord : pas de
médisances ! Jésus propose à celui qui le suit la perfection de l’amour : un
amour dont l’unique mesure est de ne pas avoir de mesure, d’aller au-delà des
calculs. L’amour du prochain est une attitude tellement fondamentale que Jésus
va jusqu’à affirmer que notre rapport avec Dieu ne peut être sincère si nous ne
voulons pas faire la paix avec le prochain : « Donc, lorsque tu vas présenter
ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose
contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier
avec ton frère. » (vv. 23-24). C’est pourquoi nous sommes appelés à nous
réconcilier avec nos frères avant de manifester notre dévotion au Seigneur dans
la prière.
De tout cela, on comprend que Jésus ne donne pas
d’importance à l’observance disciplinaire et à la conduite extérieure seules.
Il va à la racine de la Loi, visant surtout l’intention, c’est-à-dire le cœur
de l’homme, d’où nos actions bonnes ou mauvaises prennent leurs origines. Pour
obtenir des comportements bons et honnêtes, les normes juridiques ne suffisent
pas, mais il faut des motivations profondes, expression d’une sagesse cachée,
la Sagesse de Dieu, qui peut être accueillie grâce à l’Esprit Saint. Et nous,
par la foi en Christ, nous pouvons nous ouvrir à l’action de l’Esprit, qui nous
rend capables de vivre l’amour divin.
A la lumière de cet enseignement, chaque précepte révèle sa
pleine signification comme exigence d’amour, et tous se rejoignent dans le plus
grand commandement : aime Dieu de tout ton cœur et aime ton prochain comme
toi-même.
Paroles du pape après l’angélus
Je salue avec affection tous les romains et les pèlerins
présents, les familles, les paroisses, les jeunes de tant de pays du monde. Je
salue en particulier les nombreux fidèles de la République Tchèque qui ont
accompagné leurs évêques dans leur visite ad limina, et les espagnols provenant
des diocèses d’Orihuela-Alicante, Jerez de la Frontera, Cadix et Ceuta.
Je salue les groupes paroissiaux de Calenzano, Aversa et
Naples ; ceux de Sainte-Marie-Reine-la-paix à Ostie et de Saint-André Avellino
à Rome ; ainsi que le mouvement des jeunes ‘Guanelliano’, les jeunes du
mouvement Arcobaleno de Modène et la Chorale Saint-Stéphane de Caorle.
Je salue aussi les groupes de militaires italiens.
A tous je souhaite un bon dimanche et bon déjeuner ! Au
revoir !
PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
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Trop de martyrs sont victimes de
la calomnie, l'oeuvre de Satan
La calomnie détruit l’œuvre de
Dieu, car elle naît de la haine. Elle est fille du « père du mensonge » et veut
anéantir l’homme, en l’éloignant de Dieu. C’est ce que le Pape François a dit
lors de la Messe du 15 avril. La calomnie est vieille comme le monde et on en
parle déjà dans l’Ancien Testament. Il suffit de penser à l’épisode de la reine
Jézabel avec la vigne de Naboth, ou à celui de Suzanne avec les deux juges.
Lorsque l’on ne pouvait pas obtenir quelque chose « en empruntant une voie
juste, une voie sainte », on utilisait la calomnie, qui détruit. « Cela nous
fait penser — a commenté le Pape — que nous sommes tous pécheurs : tous. Nous
avons péché. Mais la calomnie est une autre chose ». C’est un péché, mais c’est
quelque chose de plus, parce qu’elle « veut détruire l’œuvre de Dieu et naît de
quelque chose de très méchant : elle naît de la haine. Et c’est Satan qui crée
la haine ». Mensonge et calomnie vont de pair parce qu’ils ont besoin l’un de
l’autre pour aller de l’avant. Et sans aucun doute, a ajouté le Pape « là où il
y a calomnie, il y a Satan, précisément lui ». Le Pape François a ensuite cité
le témoignage d’Étienne, le protomartyr. Étienne « regarde le Seigneur et obéit
à la loi ». Il est le premier d’une longue série de témoins du Christ qui ont
constellé l’histoire de l’Église. Non seulement par le passé, mais également de
nos jours, il y a de nombreux martyrs. « Ici à Rome — a ajouté le Saint-Père —
nous avons tant de témoignages de martyrs, en commençant par Pierre. Mais le
temps des martyrs n’est pas fini : aujourd’hui aussi, nous pouvons dire, en
vérité, que l’Église a plus de martyrs qu’à l’époque des premiers siècles ».
En effet, l’Église « a de
nombreux hommes et femmes qui sont calomniés, qui sont persécutés, qui sont
tués en haine de Jésus, en haine de la foi ». Certains sont tués parce qu’ils «
enseignent le catéchisme », d’autres parce qu’ils « portent la croix ». La
calomnie trouve une place dans tant de pays, où les chrétiens sont persécutés.
« Ce sont nos frères et sœurs — a-t-il souligné — qui aujourd’hui souffrent, en
cette époque de martyrs. Nous devons penser à cela ».
Le Pape a ensuite fait remarquer
que notre époque est caractérisée par « plus de martyrs que celle des premiers
siècles. Persécutés par la haine : c’est précisément le démon qui sème la haine
chez ceux qui accomplissent les persécutions ».
En parlant encore de saint
Étienne, le Pape a rappelé que c’était l’un des diacres ordonnés par les
apôtres. « Il se révèle plein de grâce et de puissance — a-t-il ajouté — et il
accomplissait de grands prodiges, de grands signes chez le peuple, et
transmettait l’Évangile. Alors, certains se sont mis à parler avec lui à propos
de Jésus, pour savoir si Jésus était le Messie ou pas ». Mais cette discussion
devint impétueuse et ceux qui « discutaient avec lui ne réussissaient pas à
résister à sa puissance, à sa sagesse, à sa science ». Et qu’ont-ils fait ?
s’est demandé le Pape. Au lieu de lui demander des explications, ils sont
passés à la calomnie pour le détruire. « Étant donné que la lutte correcte ne
les satisfaisait pas — a-t-il dit — la lutte entre personnes bonnes, ils ont
emprunté la voie de la lutte vile : la calomnie ». Ils ont trouvé de faux
témoins, qui dirent : « Celui-ci ne fait que parler contre ce lieu, contre la
Loi de Moïse, contre ceci, contre cela ». Ils avaient fait la même chose avec
Jésus.
Les potins assassins
Pour ne pas être « un chrétien de
bonnes manières et de mauvaises habitudes », qui « se mêle de la vie des autres
», le pape a indiqué cinq façons de parler à proscrire, lors de la messe du
samedi 18 mai 2013.
Le dialogue entre Jésus et ses
disciples est toujours « un dialogue d’amour », y compris après la trahison de
Pierre, a constaté le pape. Mais Pierre, comme tout homme, a « la tentation de
se mêler de la vie d’un autre » : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ?
Jésus lui reproche : Si je veux qu'il reste jusqu'à ce que je vienne, est-ce
ton affaire ? » (Jn 21, 20-25)
Pour le pape, « cette parole est
forte : est-ce ton affaire ? Qu’importe pour toi si je veux cela ? ». Si
Pierre, évêque de Rome, subit lui aussi la tentation « de faire le fouineur »,
tout chrétien est invité à un examen de conscience : « combien de fois
sommes-nous tentés de faire cela ? Le dialogue, ce dialogue d’amour avec Jésus,
est entraîné sur une autre voie… »
« Se mêler de la vie de l’autre a
tant de modalités », a ajouté le pape, dressant la liste de cinq façons de
communiquer « destructrices » dans l’Eglise, rapportées par L'Osservatore
Romano : la comparaison, le « potin », la désinformation, la diffamation et la
calomnie.
L’envie rouille le chrétien
La comparaison, a-t-il expliqué,
c’est se demander sans cesse : « Pourquoi à moi et non pas à l’autre ? Dieu
n’est pas juste ! ». Sainte Thérèse de l’enfant Jésus s’est aussi posé cette
question, a-t-il rappelé : « quand elle était enfant, elle a eu la curiosité de
comprendre pourquoi Jésus ne semblait pas juste : à l’un il donne tant et à
l’autre si peu. Elle a posé la question à sa grande soeur qui a pris un dé à
coudre et un verre. Elle les a remplis d’eau et lui a demandé : Dis-moi,
Thérèse, lequel des deux est-il le plus plein ? Mais tous les deux sont pleins
! »
« Jésus est ainsi », a poursuivi
le pape : peu importe que l’on soit « grand » ou « petit », il s’agit d’être «
plein de l’amour de Jésus et de la grâce de Jésus ».
La comparaison aboutit « à
l’amertume et l’envie ». « C’est ce que veut le diable : on commence à louer
Jésus et puis, par cette route de la comparaison, on termine dans l’amertume et
dans l’envie », a fait observer le pape.
Au final, l’envie « rouille la
communauté chrétienne » et « fait tant de mal, tant de mal à la communauté
chrétienne », a-t-il déploré.
Chrétiens éduqués mais méchants
Le pape a poursuivi en soulignant
la duplicité du « potin » : « On commence par une expression de personne bien
éduquée : « Je ne veux dire de mal de personne mais il me semble que… » et ça
se termine en « écorchant » le prochain ».
Le commérage en effet, « c’est
s’écorcher, se faire du mal l’un à l’autre », comme pour « diminuer l’autre
afin de se faire grand ». « Ça semble de bon ton de commérer... je ne sais pas
pourquoi, ça a l’air bien », a fait observer le pape François, illustrant avec
l’image du « caramel » : on commence par « en prendre un : Ah que c’est bon !
et puis un autre, un autre, un autre », et ce jusqu’au « mal de ventre ».
Le commérage de même « est doux
au début et puis il abîme l’âme. Les ragots sont destructeurs dans l’Eglise.
C’est un peu l’esprit de Caïn : tuer son frère, par la langue ».
Le pape a mis en garde : si le «
potin » peut se faire « avec de bonnes manières », cependant sur cette route
les chrétiens deviennent « chrétiens de bonnes manières et de mauvaises
habitudes. Chrétiens éduqués, mais méchants ».
« Donner une gifle à Jésus »
Le pape François a évoqué trois
autres discours négatifs qui sont des « péchés » : désinformation, diffamation
et calomnie sont comme « donner une gifle à Jésus » à travers ses frères,
a-t-il estimé.
La désinformation revient à «
dire seulement la moitié qui convient et non l’autre moitié moins avantageuse
pour soi ». La diffamation, c’est « faire le journaliste » lorsqu’ « une
personne a fait une grosse faute », et « détruire sa renommée ». Et la calomnie,
« dire des choses qui ne sont pas vraies », c’est finalement « tuer le frère ».
En outre, a-t-il ajouté, aucun
discours portant atteinte à une personne n’est nécessaire : « le Seigneur le
sait, car il connaît [chaque homme] comme [il est] ».
« Suis-moi » d’abord
En résumé, lorsque Jésus dit à
Pierre « est-ce ton affaire ? Mais toi, suis-moi ! », il « montre la route : ne
pas regarder de ci ou de là ».
« Suis-moi ! La comparaison avec
les autres ne fera pas de bien, mais portera à l'envie et l'amertume. Suis-moi
! Les commérages ne feront pas de bien, car ils porteront à l’esprit de
destruction dans l’Eglise. »
« Suis-moi ! Cette parole de
Jésus est belle, elle est si claire, elle est pleine d’amour », a souligné le
pape, qui a exhorté: « Ne rêvassez pas en pensant que le salut est dans la
comparaison avec les autres ou dans le commérage. Demandons au Seigneur qu’il
nous donne cette grâce de ne pas nous mêler de la vie des autres, de ne pas
devenir des chrétiens de bonne manière et de mauvaises habitudes ».
Ou les exigences supérieures du
chrétien
Rome, 13 juin 2013
Dans son homélie du matin, le
pape François invite à « maîtriser sa langue », « tailler un peu les
commentaires que l’on fait sur les autres », car celui qui « entre dans la vie
chrétienne a des exigences supérieures à celles de tous les autres ».
Le pape a commenté l’Evangile du
jour où Jésus avertit : « Tout homme qui se met en colère contre son frère en
répondra au tribunal. Si quelqu'un insulte son frère, il en répondra au grand
conseil. Si quelqu'un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu.
» (Mt 5, 20-26).
Diminuer l’autre pour grandir
Pour le pape, cet Evangile
souligne la nécessité de « revoir sa conduite » : « dans la tradition latine »,
a-t-il fait observer avec humour, le recours à l'insulte bénéficie « d’une
créativité merveilleuse » et se pratique « avec une série de définitions qui ne
sont pas exactement évangéliques ».
L'insulte, a-t-il poursuivi, est
une façon de diminuer l’autre et « nul besoin d’aller chez le psychologue pour
savoir que quand quelqu’un diminue l’autre, c’est parce qu’il ne peut plus
grandir, il a besoin que l’autre soit plus bas pour se sentir quelqu’un. Ce
sont de mauvais mécanismes ». Et Jésus dit le contraire : « ne parlez jamais
mal des autres, ne vous diminuez pas, ne vous disqualifiez pas ».
Le pape a rappelé le contexte de
l’évangile du jour, en continuité avec le discours sur la montagne où Jésus «
annonce la nouvelle loi », c’est-à-dire « les béatitudes ». Si Jésus « ne vient
pas abolir la loi antérieure, mais l’accomplir, la faire avancer, la faire
mûrir », cependant par cette réforme « dans la continuité », il indique un
chemin « très exigeant ».
Des exigences supérieures
Ainsi dans l’Evangile du jour, a
poursuivi le pape, le Christ appelle la justice de ceux qui l’écoutent à «
surpasser » celle qu’ils ont vue jusqu’à
présent, « celle des scribes et des pharisiens » : si leur justice n’est pas «
supérieure » ils « n’entreront pas dans le Royaume des cieux ». Celui qui «
entre dans la vie chrétienne, celui qui accepte de suivre ce chemin, a des
exigences supérieures à celles de tous les autres... Il n’a pas d’avantages
supérieurs, non ! Il a des exigences supérieures ».
Le pape a cité notamment «
l'exigence de la vie en commun » et « le thème de la relation négative avec ses
frères ». Les paroles de Jésus ne laissent pas d’issue, a-t-il constaté : «
Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre,
et si quelqu'un commet un meurtre, il en répondra au tribunal. Eh bien moi, je
vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au
tribunal. Si quelqu'un insulte son frère, il en répondra au grand conseil. Si
quelqu'un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu.».
Celui qui « commence à sentir
dans son cœur quelque chose de négatif » contre son frère et qui l’exprime «
par une insulte, une malédiction, ou la colère »… doit « se convertir, changer
».
Maîtriser sa langue
Si quelqu’un « n’est pas capable
de maîtriser sa langue, il se perd », a expliqué le pape en citant Jacques
3,4-5 : « Voyez aussi les navires : quelles que soient leur taille et la force
des vents qui les poussent, ils sont dirigés par un tout petit gouvernail au
gré de celui qui tient la barre. De même notre langue, qui est une si petite
partie de notre corps : elle peut se vanter de faire de grandes choses.»
Il est « beaucoup plus facile de
résoudre une situation par une insulte, une calomnie, une diffamation, que de
la résoudre d’une bonne façon, comme le dit Jésus », a ajouté le pape : «
l’agressivité naturelle qu’avait Caïn à l‘égard d’Abel se répète le long de l’histoire
», non pas que l’homme soit « mauvais » mais il est « faible et pécheur ».
En conclusion, le pape a invité à
« être un peu plus attentif à sa langue », « une petite pénitence », qui «
donne de bons fruits » sur le long terme : il s’agit de « conformer sa vie à
cette nouvelle loi, qui est la loi de la douceur, la loi de l’amour, la loi de
la paix », en commençant par « tailler un peu sa langue, tailler un peu les
commentaires que l’on fait sur les autres ou les explosions qui portent à
l'insulte, à la colère facile ».
Homélie du 5 décembre 2013
Il ne suffit pas que
des paroles soient de "bonnes paroles" pour qu'elles fassent du bien,
fait observer le pape François: seul le fait de parler « en Jésus », « avec
Jésus », préserve de l’orgueil. Car on peut, dit-il, prononcer « des paroles
chrétiennes » mais sans humilité et cela crée des divisions dans l’Eglise.
Commentant l’Evangile, de ce jeudi 5 décembre, lors de la
messe du matin, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe du Vatican, le pape a
expliqué comment parler « chrétiennement » et sans orgueil ».
C’est la « grâce » que le pape invitait à demander, au terme
de son homélie : « Je fais allusion, aux paroles chrétiennes, parce que quand
il n’y a pas Jésus-Christ, cela aussi nous divise, cela crée la division dans
l’Église. Demander au Seigneur la grâce de nous aider dans cette humilité, que
nous devons toujours avoir, de dire des paroles chrétiennes en Jésus-Christ, et
non sans Jésus-Christ. Avec cette humilité des disciples sauvés et qui nous
fait avancer, et non pas avec des paroles qui, parce qu'elles se croient
puissantes, finissent dans la folie de la vanité, dans la folie de l’orgueil.
Que le Seigneur nous donne cette grâce d’avoir l’humilité de dire des paroles
avec Jésus-Christ, fondées sur Jésus-Christ ».
Comme à son habitude, le pape a proposé, concrètement, un
point d’examen de conscience : « Cela nous fera du bien de faire un examen de
conscience, pour comprendre « comment sont nos paroles », si ce sont des
paroles « qui se croient puissantes », capables « de nous donner le salut », ou
si « ce sont des paroles avec Jésus-Christ ». »
Commentant la parabole de la maison construite sur le sable
et de la maison construite sur le roc, de la Parole de Dieu mise en pratique,
le pape a fait observer que Jésus reproche aux pharisiens de connaître les
commandements mais de ne pas les mettre en pratique dans leur vie : « ce sont
des paroles bonnes » mais, si elles ne sont pas mises en pratique, « non
seulement elles sont inutiles, mais elles font du mal, elles nous trompent,
elles nous font croire que nous avons une belle maison, mais sans fondements ».
« Cette image du roc se réfère au Seigneur, a ajouté le
pape. Isaïe le dit dans la première Lecture : « Mettez toujours votre confiance
dans le Seigneur, car le Seigneur est le rocher pour toujours. » Le rocher,
c’est Jésus-Christ ! Le rocher, c’est le Seigneur ! Une parole est forte, elle
donne la vie, elle peut aller de l’avant, elle peut tolérer toutes les
attaques, si cette parole a ses racines en Jésus-Christ. Une parole chrétienne
qui n’a pas ses racines vitales, dans la vie d’une personne, en Jésus-Christ,
est une parole chrétienne sans le Christ ! Et les paroles chrétiennes sans le
Christ trompent, elles font du mal ! Un écrivain anglais disait à propos des hérésies
qu’une hérésie est une vérité, une parole, une vérité, qui est devenue folle.
Quand les paroles chrétiennes sont sans le Christ, elles commencent à partir
sur la voie de la folie ».
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