jeudi

Catéchèse du pape François sur le sacrement de l'Ordre


La vraie crédibilité du prêtre réside dans le service (mai 2014)

Catéchèse du pape François sur le sacrement de l'Ordre




Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous avons déjà eu l’occasion d’observer que les trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie constituent ensemble le mystère de l’ « initiation chrétienne », un unique grand événement de grâce qui nous régénère dans le Christ. C’est là la vocation fondamentale qui nous est commune à tous, dans l’Église, en tant que disciples du Seigneur Jésus. Il y a ensuite deux sacrements qui correspondent à deux vocations spécifiques : il s’agit de l’ordre et du mariage. Ils constituent deux grandes voies à travers lesquelles le chrétien peut faire de sa vie un don d’amour, à l’exemple et au nom du Christ, et ainsi coopérer à l’édification de l’Église.

L’ordre, qui se déploie dans les trois degrés de l’épiscopat, du presbytérat et du diaconat, est le sacrement qui habilite à l’exercice du ministère, confié par le Seigneur Jésus à ses apôtres, de paître son troupeau, dans la puissance de son Esprit et selon son cœur. Paître le troupeau de Jésus, non pas avec la puissance de la force humaine ou avec sa propre puissance, mais avec celle de l’Esprit et selon son cœur, le cœur de Jésus qui est un cœur d’amour. Le prêtre, l’évêque, le diacre doit paître le troupeau du Seigneur avec amour. S’il ne le fait pas par amour, il ne sert pas. Et dans ce sens, les ministres qui sont choisis et consacrés pour ce service prolongent dans le temps la présence de Jésus, s’ils le font avec le pouvoir de l’Esprit-Saint, au nom de Dieu et avec amour. 

1. Un premier aspect. Ceux qui sont ordonnés sont mis à la tête de la communauté. Ils sont  « à la tête », oui, mais cela signifie, pour Jésus, mettre son autorité au service, comme il l’a montré lui-même et l’a enseigné à ses disciples par ces paroles : « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il n’en doit pas être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier d’entre vous, sera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20,25-28 ; Mc 10,42-45). Un évêque qui n’est pas au service de sa communauté ne fait pas de bien ; un prêtre qui n’est pas au service de sa communauté ne fait pas de bien, il se trompe.

2. Une autre caractéristique, qui découle toujours de cette union sacramentelle avec le Christ, est l’amour passionné pour l’Église. Pensons à ce passage de la Lettre aux Éphésiens dans laquelle saint Paul dit que le Christ « a aimé l’Église : il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée » (5,25-27). En vertu de l’ordre, le ministre se consacre tout entier à sa communauté et l’aime de tout son cœur : elle est sa famille. L’évêque, le prêtre, aiment l’Église dans leur propre communauté, ils l’aiment avec force. Comment ? Comme le Christ aime l’Église. Saint Paul dira la même chose du mariage : l’époux aime sa femme comme le Christ aime l’Église. C’est un grand mystère d’amour : celui du ministère sacerdotal, et celui du mariage, deux sacrements qui sont la voie par laquelle les personnes vont habituellement vers le Seigneur.

3. Un dernier aspect. L’apôtre Paul recommande à son disciple Timothée de ne pas négliger mais au contraire de raviver sans cesse le don qui est en lui, le don qui lui a été fait par l’imposition des mains (cf. 1 Tm 4,14; 2 Tm 1,6).) Lorsque le ministère, le ministère de l’évêque, le ministère du prêtre, n’est pas nourri par la prière, par l’écoute de la Parole de Dieu, par la célébration quotidienne de l’eucharistie et aussi la fréquentation du sacrement de la pénitence, on finit inévitablement par perdre de vue le sens authentique de son service et la joie qui découle d’une profonde communion avec le Seigneur Jésus.

4. L’évêque qui ne prie pas, l’évêque qui n’écoute pas la Parole de Dieu, qui ne célèbre pas tous les jours, qui ne va pas se confesser régulièrement, et c’est la même chose pour le prêtre qui ne fait pas tout cela, à la longue, ils perdent l’union avec Jésus et deviennent d’une médiocrité qui ne fait pas de bien à l’Église. C’est pourquoi nous devons aider les évêques et les prêtres à prier, à écouter la Parole de Dieu qui est leur repas quotidien, à célébrer tous les jours l’eucharistie et à aller se confesser régulièrement. C’est très important parce cela concerne précisément la sanctification des évêques et des prêtres.

5. Je voudrais terminer par quelque chose qui me vient à l’esprit : mais comment doit-on faire pour devenir prêtre, où vend-on les accès au sacerdoce ? Non ! Cela ne se vend pas. C’est une initiative que prend le Seigneur. Le Seigneur appelle. Il appelle chacun de ceux qu’il veut voir devenir prêtres. Il y a peut-être ici quelques jeunes qui ont entendu dans leur cœur cet appel, le désir de devenir prêtre, le désir de servir les autres dans les choses qui viennent de Dieu, le désir d’être toute leur vie au service pour catéchiser, baptiser, pardonner, célébrer l’eucharistie, s’occuper des malades… et comme cela toute la vie. Si quelqu’un parmi vous a entendu cela dans son cœur, c’est Jésus qui l’y a mis. Prenez soin de cette invitation et priez pour qu’elle grandisse et porte du fruit dans toute l’Église.