Homélie de Benoît XVI pour la béatification de Jean-Paul II
Fête le 22 octobre
Je désire adresser mes cordiales salutations à
vous tous qui, pour cette heureuse circonstance, êtes venus si nombreux à Rome
de toutes les régions du monde, Messieurs les Cardinaux, des Églises Orientales
Catholiques, Confrères dans l'Épiscopat et dans le sacerdoce, Délégations
officielles, Ambassadeurs et Autorités, personnes consacrées et fidèles laïcs,
ainsi qu'à tous ceux qui nous sont unis à travers la radio et la télévision.
Ce dimanche est le deuxième dimanche de
Pâques, que le bienheureux Jean-Paul II a dédié à la Divine Miséricorde. C'est
pourquoi ce jour a été choisi pour la célébration d'aujourd'hui, car, par un
dessein providentiel, mon prédécesseur a rendu l'esprit justement la veille au
soir de cette fête. Aujourd'hui, de plus, c'est le premier jour du mois de mai,
le mois de Marie, et c'est aussi la mémoire de saint Joseph travailleur. Ces
éléments contribuent à enrichir notre prière et ils nous aident, nous qui
sommes encore pèlerins dans le temps et dans l'espace, tandis qu'au Ciel, la
fête parmi les Anges et les Saints est bien différente ! Toutefois unique est
Dieu, et unique est le Christ Seigneur qui, comme un pont, relie la terre et le
Ciel, et nous, en ce moment, nous nous sentons plus que jamais proches, presque
participants de la Liturgie céleste.
« Heureux ceux qui n'ont pas vu
et qui ont cru »
« Heureux ceux qui n'ont pas vu
et qui ont cru. » (Jean 20,29). Dans l'Évangile d'aujourd'hui, Jésus prononce
cette béatitude : la béatitude de la foi. Elle nous frappe de façon
particulière parce que nous sommes justement réunis pour célébrer une
béatification, et plus encore parce qu'aujourd'hui a été proclamé bienheureux
un Pape, un Successeur de Pierre, appelé à confirmerses frères dans la foi.
Jean-Paul II est bienheureux pour sa foi, forte et généreuse, apostolique.
Et, tout de suite, nous vient à l'esprit cette
autre béatitude : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation
t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les
cieux » (Matthieu 16, 17). Qu'a donc révélé le Père céleste à Simon ? Que Jésus
est le Christ, le Fils du Dieu vivant. Grâce à cette foi, Simon devient «
Pierre », le rocher sur lequel Jésus peut bâtir son Église. La béatitude
éternelle de Jean-Paul II, qu'aujourd'hui l'Église a la joie de proclamer,
réside entièrement dans ces paroles du Christ : « Tu es heureux, Simon » et «
Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru. ». La béatitude de la foi, que
Jean-Paul II aussi a reçue en don de Dieu le Père, pour l'édification de
l'Église du Christ.
Cependant notre pensée va à une autre
béatitude qui, dans l'Évangile, précède toutes les autres. C'est celle de la
Vierge Marie, la Mère du Rédempteur. C'est à elle, qui vient à peine de
concevoir Jésus dans son sein, que Sainte Élisabeth dit : « Bienheureuse celle
qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de
la part du Seigneur ! » (Luc 1, 45). La béatitude de la foi a son modèle en
Marie et nous sommes tous heureux que la béatification de Jean-Paul II advienne
le premier jour du mois marial, sous le regard maternel de Celle qui, par sa
foi, soutient la foi des Apôtres et soutient sans cesse la foi de leurs
successeurs, spécialement de ceux qui sont appelés à siéger sur la chaire de
Pierre. Marie n'apparaît pas dans les récits de la résurrection du Christ, mais
sa présence est comme cachée partout : elle est la Mère, à qui Jésus a confié
chacun des disciples et la communauté tout entière. En particulier, nous notons
que la présence effective et maternelle de Marie est signalée par saint Jean et
par saint Luc dans des contextes qui précèdent ceux de l'Évangile d'aujourd'hui
et de la première Lecture : dans le récit de la mort de Jésus, où Marie
apparaît au pied de la croix (Jean 19, 25) ; et au début des Actes des Apôtres,
qui la montrent au milieu des disciples réunis en prière au Cénacle (Actes 1,
14).
La deuxième Lecture d'aujourd'hui nous parle
aussi de la foi, et c'est justement saint Pierre qui écrit, plein
d'enthousiasme spirituel, indiquant aux nouveaux baptisés les raisons de leur
espérance et de leur joie. J'aime observer que dans ce passage, au début de sa
Première Lettre, Pierre n'emploie pas le mode exhortatif, mais indicatif pour
s'exprimer ; il écrit en effet : « Vous en tressaillez de joie », et il ajoute
: « Sans l'avoir vu vous l'aimez ; sans le voir encore, mais en croyant, vous
tressaillez d'une joie indicible et pleine de gloire, sûrs d'obtenir l'objet de
votre foi : le salut des âmes. » (1 P 1, 6. 8-9). Tout est à l'indicatif, parce
qu'existe une nouvelle réalité, engendrée par la résurrection du Christ, une
réalité accessible à la foi. « C'est là l'œuvre du Seigneur - dit le Psaume (118,
23) - ce fut une merveille à nos yeux », les yeux de la foi.
« Totus tuus »
Chers frères et sœurs, aujourd'hui, resplendit à nos yeux, dans la pleine lumière spirituelle du Christ Ressuscité, la figure aimée et vénérée de Jean-Paul II. Aujourd'hui, son nom s'ajoute à la foule des saints et bienheureux qu'il a proclamés durant les presque 27 ans de son pontificat, rappelant avec force la vocation universelle à la dimension élevée de la vie chrétienne, à la sainteté, comme l'affirme la Constitution conciliaire Lumen gentium sur l'Église. Tous les membres du Peuple de Dieu - évêques, prêtres, diacres, fidèles laïcs, religieux, religieuses -, nous sommes en marche vers la patrie céleste, où nous a précédé la Vierge Marie, associée de manière particulière et parfaite au mystère du Christ et de l'Église. Karol Wojtyła, d'abord comme Évêque Auxiliaire puis comme Archevêque de Cracovie, a participé au Concile Vatican II et il savait bien que consacrer à Marie le dernier chapitre du Document sur l'Église signifiait placer la Mère du Rédempteur comme image et modèle de sainteté pour chaque chrétien et pour l'Église entière. Cette vision théologique est celle que le bienheureux Jean-Paul II a découverte quand il était jeune et qu'il a ensuite conservée et approfondie toute sa vie. C'est une vision qui est synthétisée dans l'icône biblique du Christ sur la croix ayant auprès de lui Marie, sa mère. Icône qui se trouve dans l'Évangile de Jean (19, 25-27) et qui est résumée dans les armoiries épiscopales puis papales de Karol Wojtyła : une croix d'or, un « M » en bas à droite, et la devise « Totus tuus », qui correspond à la célèbre expression de saint Louis Marie Grignion de Montfort, en laquelle Karol Wojtyła a trouvé un principe fondamental pour sa vie : « Totus tuus ego sum et omnia mea tua sunt. Accipio Te in mea omnia. Praebe mihi cor tuum, Maria - Je suis tout à toi et tout ce que j'ai est à toi. Sois mon guide en tout. Donne-moi ton coeur, O Marie » (Traité de la vraie dévotion à Marie, nn. 233 et 266).
Dans son Testament, le nouveau bienheureux
écrivait : « Lorsque, le jour du 16 octobre 1978, le conclave des Cardinaux
choisit Jean-Paul II, le Primat de la Pologne, le Cardinal Stefan Wyszyński, me
dit : "Le devoir du nouveau Pape sera d'introduire l'Église dans le
Troisième Millénaire". Et il ajoutait : « Je désire encore une fois
exprimer ma gratitude à l'Esprit Saint pour le grand don du Concile Vatican II,
envers lequel je me sens débiteur avec l'Église tout entière - et surtout avec
l'épiscopat tout entier -. Je suis convaincu qu'il sera encore donné aux
nouvelles générations de puiser pendant longtemps aux richesses que ce Concile
du XXème siècle nous a offertes. En tant qu'évêque qui a participé à
l'événement conciliaire du premier au dernier jour, je désire confier ce grand
patrimoine à tous ceux qui sont et qui seront appelés à le réaliser à l'avenir.
Pour ma part, je rends grâce au Pasteur éternel qui m'a permis de servir cette
très grande cause au cours de toutes les années de mon pontificat ». Et quelle
est cette « cause » ?
Celle-là même que Jean-Paul II a formulée au
cours de sa première Messe solennelle sur la place Saint-Pierre, par ces
paroles mémorables : « N'ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les
portes au Christ ! ». Ce que le Pape nouvellement élu demandait à tous, il l'a
fait lui-même le premier : il a ouvert au Christ la société, la culture, les
systèmes politiques et économiques, en inversant avec une force de géant -
force qui lui venait de Dieu - une tendance qui pouvait sembler irréversible.
Par son témoignage de foi, d'amour et de courage apostolique, accompagné d'une
grande charge humaine, ce fils exemplaire de la nation polonaise a aidé les
chrétiens du monde entier à ne pas avoir peur de se dire chrétiens, d'appartenir
à l'Église, de parler de l'Évangile. En un mot : il nous a aidés à ne pas avoir
peur de la vérité, car la vérité est garantie de liberté. De façon plus
synthétique encore : il nous a redonné la force de croire au Christ, car le
Christ est Redemptor hominis, le Rédempteur de l'homme : thème de sa première
Encyclique et fil conducteur de toutes les autres. Karol Wojtyła est monté sur
le siège de Pierre, apportant avec lui sa profonde réflexion sur
la confrontation, centrée sur l'homme, entre
le marxisme et le christianisme. Son message a été celui-ci : l'homme est le
chemin de l'Église, et Christ est le chemin de l'homme. Par ce message, qui est
le grand héritage du Concile Vatican II et de son « timonier », le Serviteur de
Dieu le Pape Paul VI, Jean-Paul II a conduit le Peuple de Dieu pour qu'il
franchisse le seuil du Troisième Millénaire, qu'il a pu appeler, précisément
grâce au Christ, le « seuil de l'espérance ».
Oui, à travers le long chemin de préparation
au Grand Jubilé, il a donné au Christianisme une
orientation renouvelée vers l'avenir, l'avenir
de Dieu, transcendant quant à l'histoire, mais qui, quoi qu'il en soit, a une
influence sur l'histoire. Cette charge d'espérance qui avait été cédée en
quelque sorte au marxisme et à l'idéologie du progrès, il l'a légitimement
revendiquée pour le Christianisme, en lui restituant la physionomie authentique
de l'espérance, à vivre dans l'histoire avec un esprit d'« avent », dans une
existence personnelle et communautaire orientée vers le Christ, plénitude de
l'homme et accomplissement de ses attentes de justice et de paix.
Bienheureux es-tu, bien aimé Pape
Jean-Paul II, parce que tu as cru !
Je voudrais enfin rendre grâce à
Dieu pour l'expérience personnelle qu'il m'a accordée, en collaborant pendant
une longue période avec le bienheureux Pape Jean-Paul II. Auparavant, j'avais
déjà eu la possibilité de le connaître et de l'estimer, mais à partir de 1982,
quand il m'a appelé à Rome comme Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de
la Foi, j'ai pu lui être proche et vénérer toujours plus sa personne pendant 23
ans. Mon service a été soutenu par sa profondeur spirituelle, par la richesse
de ses intuitions. L'exemple de sa prière m'a toujours frappé et édifié : il
s'immergeait dans la rencontre avec Dieu, même au milieu des multiples
obligations de son ministère. Et puis son témoignage dans la souffrance : le
Seigneur l'a dépouillé petit à petit de tout, mais il est resté toujours un «
rocher », comme le Christ l'a voulu.
Sa profonde humilité, enracinée dans son union
intime au Christ, lui a permis de continuer à guider l'Église et à donner au
monde un message encore plus éloquent précisément au moment où les forces
physiques lui venaient à manquer. Il a réalisé ainsi, de manière
extraordinaire, la vocation de tout prêtre et évêque : ne plus faire qu'un avec
ce Jésus, qu'il reçoit et offre chaque jour dans l'Eucharistie.
Bienheureux es-tu, bien aimé Pape Jean-Paul
II, parce que tu as cru ! Continue - nous t'en prions - de soutenir du Ciel la
foi du Peuple de Dieu. Amen (homélie de Benoît XVI)
Journal de France2 1978, intronisation de Jean-Paul II
Messe à Auschwitz, 1979
Vidéos sur la vie de Saint Jean-Paul II
Jean-Paul II en France / Résumé des JMJ de Rome en 2000 / Veillée de prière à Tor Vergata aux JMJ de Rome / Sur les pas du Christ / Sermon aux riches / Jean-Paul II - Homme d"Eglise, homme d'état / Jean-Paul II - Témoin de l'Espérance / Jean-Paul II Le Grand et la civilisation de l'amour / Jean-Paul II et la liberté / Visite à Lourdes en 2004 - Partie I & II
Jean-Paul II en France
Résumé des JMJ de Rome en 2000
Veillée de prière à Tor Vergata aux JMJ de Rome
Sur les pas du Christ
Sermon aux riches
Jean-Paul II - Homme d'Eglise, homme d'état
Jean-Paul II - Témoin de l'Espérance
Jean-Paul II Le Grand et la civilisation de l'amour
Jean-Paul II et la liberté
Visite à Lourdes en 2004 - Partie I
Visite à Lourdes en 2004 - Partie II
Le Pape François, fils spirituel de Jean-Paul II, s'est recueilli sur la tombe du Bienheureux Pape. Déjà 8 ans que Jean-Paul II nous a quittés ! Il est est toujours bien présent à nos mémoires, ses écrits continuent d'inspirer nos vies et du Ciel il nous protège comme jamais.
e dernier jour de Jean-Paul II
"Laissez-moi m'en aller vers le Père"
Dernières paroles de Jean-Paul II
Trois proches de Jean-Paul II témoignent de sa mort.
Jean-Paul II fut "le pape des malades et des souffrants". Ce livre, bouleversant et plein d’espérance, rassemble trois témoignages sur ses derniers jours du Saint-Père. D’abord le cardinal Dziwisz, qui fut longtemps son secrétaire particulier, son ami et son confident, fait le lien entre ces jours et la place de la souffrance dans sa vie et son enseignement, et rappelle la place privilégiée qu’il accordait aux plus faibles, exprimée dans l’encyclique Salvifici doloris (1984) sur la souffrance.
Il relate son "chemin de croix", depuis l’attentat en 1981, qui ne l’empêcha pas de servir l’Église jusqu’à l’extrême limite de ses forces, son dernier et poignant pèlerinage à Lourdes, malade parmi les malades, ses dernières semaines où il apparaît très handicapé, ses derniers jours où, abandonné à la volonté de Dieu, il écrit comme "une encyclique sans paroles". "Laissez-moi m’en aller vers la maison du Père", exhale-t-il en un souffle l’après-midi du 2 avril 2005, avant de passer, à 21h37 "de la vie à la vie".
Ensuite, le Pr Renato Buzzonetti, son médecin personnel, revient sur son dossier médical et les relations d’affection et de confiance tissées avec lui. Le responsable de la basilique Saint-Pierre enfin, Mgr Angelo Comastri, évoque la douleur et la joie mêlées qui ont suivi sa mort, ses obsèques solennelles où ce cri spontané fuse dans la foule : "Santo subito !", et l’énorme afflux de pèlerins qui ne cesse sur sa tombe.
Messe de canonisations de Jean XXIII et de Jean-Paul II
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Homélie du pape François lors de la canonisation
Au centre de ce dimanche qui
conclut l’Octave de Pâques, et que saint Jean Paul II a voulu dédier à la
Divine Miséricorde, il y a les plaies glorieuses de Jésus ressuscité.
Il les montre dès la première
fois qu’il apparaît aux Apôtres, le soir même du jour qui suit le sabbat, le
jour de la résurrection. Mais ce soir là, nous l’avons entendu, Thomas n’est
pas là ; et quand les autres lui disent qu’ils ont vu le Seigneur, il répond
que s’il ne voyait pas et ne touchait pas les blessures, il ne croirait pas.
Huit jours après, Jésus apparut de nouveau au Cénacle, parmi les disciples,
Thomas aussi était là ; il s’adresse à lui et l’invite à toucher ses plaies. Et
alors cet homme sincère, cet homme habitué à vérifier en personne, s’agenouille
devant Jésus et lui dit « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28).
Les plaies de Jésus sont un
scandale pour la foi, mais elles sont aussi la vérification de la foi. C’est
pourquoi dans le corps du Christ ressuscité les plaies ne disparaissent pas,
elles demeurent, parce qu’elles sont le signe permanent de l’amour de Dieu pour
nous, et elles sont indispensables pour croire en Dieu. Non pour croire que
Dieu existe, mais pour croire que Dieu est amour, miséricorde, fidélité. Saint
Pierre, reprenant Isaïe, écrit aux chrétiens : « Par ses plaies vous avez été
guéris » (1P 2,24 ; Cf. Is53,5).
Saint Jean XXIII et saint Jean
Paul II ont eu le courage de regarder les plaies de Jésus, de toucher ses mains
blessées et son côté transpercé. Ils n’ont pas eu honte de la chair du Christ,
ils ne se sont pas scandalisés de lui, de sa croix ; ils n’ont pas eu honte de
la chair du frère (Cf. Is 58,7), parce qu’en toute personne souffrante ils
voyaient Jésus. Ils ont été deux hommes courageux, remplis de la liberté et du
courage (parresia) du Saint Esprit, et ils ont rendu témoignage à l’Église et
au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde.
Il ont été des prêtres, des
évêques, des papes du XXème siècle. Ils en ont connu les tragédies, mais n’en
ont pas été écrasés. En eux, Dieu était plus fort ; plus forte était la foi en
Jésus Christ rédempteur de l’homme et Seigneur de l’histoire ; plus forte était
en eux la miséricorde de Dieu manifestée par les cinq plaies ; plus forte était
la proximité maternelle de Marie.
En ces deux hommes, contemplatifs
des plaies du Christ et témoins de sa miséricorde, demeurait une « vivante
espérance », avec une « joie indicible et glorieuse » (1P 1,3.8). L’espérance
et la joie que le Christ ressuscité donne à ses disciples, et dont rien ni
personne ne peut les priver. L’espérance et la joie pascales, passées à travers
le creuset du dépouillement, du fait de se vider de tout, de la proximité avec
les pécheurs jusqu’à l’extrême, jusqu’à l’écœurement pour l’amertume de ce
calice. Ce sont l’espérance et la joie que les deux saints Papes ont reçues en
don du Seigneur ressuscité, qui à leur tour les ont données au peuple de Dieu,
recevant en retour une éternelle reconnaissance.
Cette espérance et cette joie se
respiraient dans la première communauté des croyants, à Jérusalem, dont parlent
les Actes des Apôtres (Cf. 2, 42-47), que nous avons entendus en seconde
lecture. C’est une communauté dans laquelle se vit l’essentiel de l’Évangile,
c'est-à-dire l’amour, la miséricorde, dans la simplicité et la fraternité.
C’est l’image de l’Église que le
Concile Vatican II a eu devant lui. Jean XXIII et Jean Paul II ont collaboré
avec le Saint Esprit pourrestaurer et actualiser l’Église selon sa physionomie
d’origine, la physionomie que lui ont donnée les saints au cours des siècles.
N’oublions pas que ce sont, justement, les saints qui vont de l’avant et font
grandir l’Église. Dans la convocation du Concile, saint Jean XXIII a montré une
délicate docilité à l’Esprit Saint, il s’est laissé conduire et a été pour
l’Église un pasteur, un guide-guidé, guidé par l’Esprit. Cela a été le grand
service qu’il a rendu à l’Église. C’est pourquoi j’aime penser à lui comme le
Pape de la docilité à l’Esprit Saint.
Dans ce service du Peuple de
Dieu, saint Jean Paul II a été le Pape de la famille. Lui-même a dit un jour
qu’il aurait voulu qu’on se souvienne de lui comme du Pape de la famille. Cela
me plaît de le souligner alors que nous vivons un chemin synodal sur la famille
et avec les familles, un chemin que, du Ciel, certainement, il accompagne et
soutient.
Que ces deux nouveaux saints Pasteurs
du Peuple de Dieu intercèdent pour l’Église, afin que, durant ces deux années
de chemin synodal, elle soit docile au Saint Esprit dans son service pastoral
de la famille. Qu’ils nous apprennent à ne pas nous scandaliser des plaies du
Christ, et à entrer dans le mystère de la miséricorde divine qui toujours
espère, toujours pardonne, parce qu’elle aime toujours.
Santo subito : vox ecclasiae
La mort du Pape racontée par ses proches