Premier angélus de 2014
Paroles du pape François en italien avant l’angélus :
Chers frères et sœurs, bonjour et bonne année !
Au commencement de cette nouvelle année je vous adresse à
tous mes vœux les plus cordiaux de paix et de biens. Mon vœu est celui de
l’Eglise, c’est [le vœu] chrétien ! Il n’a pas de lien avec le sens un peu
magique et un peu fataliste d’un nouveau cycle qui commence. Nous savons que
l’histoire a un centre : Jésus Christ, incarné, mort et ressuscité, qui est
vivant parmi nous ; elle a une fin : le Royaume de Dieu, Royaume de paix, de
justice, de liberté dans l’amour; et elle a une force qui la porte vers cette
fin : cette force est l’Esprit-Saint. Nous avons tous l’Esprit-Saint, que nous
avons reçu au Baptême, et qui nous pousse à avancer sur le chemin de la vie
chrétienne, sur la route de l’histoire, vers le Royaume de Dieu.
Cet Esprit est la puissance d’amour qui a fécondé le sein de
la Vierge Marie; c’est le même qui anime les projets et les œuvres de tous les
artisans de paix. Là où il y a un homme ou une femme artisan de paix, c’est
l’Esprit-Saint qui les aide, qui les pousse à faire la paix. Deux routes se
rencontrent aujourd’hui : la fête de Marie Mère de Dieu et la Journée mondiale
de la paix. Il y a huit jours, a résonné l’annonce angélique : “Gloire à Dieu
et paix aux hommes”; aujourd’hui nous l’accueillons à nouveau de la Mère de
Jésus, qui « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc
2,19), pour en faire notre engagement au cours de l’année qui s’ouvre.
Le thème de cette Journée mondiale de la Paix est «
Fraternité, fondement et route pour la paix ». Fraternité : dans le sillage de
mes prédécesseurs, depuis Paul VI, j’ai développé ce thème dans un Message déjà publié et que je remets symboliquement à tous aujourd’hui. A la base, il y a la
conviction que nous sommes tous enfants de l’unique Père céleste, que nous
faisons partie de la même famille et que nous partageons un destin commun. De
là dérive pour chacun la responsabilité d’œuvrer afin que le monde devienne une
communauté de frères qui se respectent, s’acceptent dans la diversité et
prennent soin les uns des autres. Nous sommes aussi appelés à rendre compte des
violences et des injustices présentes dans tant de parties du monde et qui ne
peuvent pas nous laisser indifférents et inertes : il faut l’engagement de tous
pour construire une société vraiment plus juste et solidaire. Hier j’ai reçu
une lettre d’un monsieur, peut-être l’un de vous, qui en me parlant d’une
tragédie familiale, faisait ensuite la liste des nombreuses tragédies et
guerres actuelles, dans le monde, et me demandait : que se passe-t-il dans le
cœur de l’homme, qui est poussé à faire cela ? Et il disait à la fin : “Il est
temps de s’arrêter”. Moi aussi je crois que cela nous fera du bien de nous
arrêter sur cette route de violence, et de chercher la paix. Frères et sœurs,
je fais miennes les paroles de cet homme : que se passe-t-il dans le cœur de
l’homme ? Que se passe-t-il dans le cœur de l’humanité ? Il est temps de
s’arrêter !
De tous les coins de la terre, aujourd’hui les croyants
élèvent leur prière pour demander au Seigneur le don de la paix et la capacité
de la porter dans tous les milieux. En ce premier jour de l’année, que le
Seigneur nous aide à tous nous mettre en marche avec plus de détermination sur
les voies de la justice et de la paix. Et cela commence à la maison ! Justice
et paix à la maison, entre nous. Cela commence à la maison et puis se répand,
dans toute l’humanité. Mais nous devons commencer chez nous. L’Esprit Saint
agit dans les cœurs, dissipe les fermetures et les duretés et nous donne de
nous attendrir devant la faiblesse de l’Enfant Jésus. La paix, en effet, exige
la force de la douceur, la force non violente de la vérité et de l’amour.
Dans les mains de Marie, Mère du Rédempteur, mettons avec
confiance filiale nos espérances. A elle, qui étend sa maternité à tous les
hommes, confions le cri de paix des populations oppressées par la guerre, par
la violence, pour que le courage du dialogue et de la réconciliation l’emporte
sur les tentations de vengeance, d’abus, de corruption. A elle, demandons que
l’Evangile de la fraternité, annoncé et témoigné par l’Eglise, puisse parler à
toute conscience et abattre les murs qui empêchent les ennemis de se reconnaître
frères.
Paroles du pape en italien après l’angélus :
Frères et sœurs,
Je désire remercier le Président de la République Italienne
pour les vœux qu’il m’a adressés hier soir, durant son Message à la Nation. Je
les lui rends de tout cœur, invoquant la bénédiction du Seigneur sur le peuple
italien, afin qu’il puisse, avec la participation responsable et solidaire de
tous, regarder vers l’avenir avec confiance et espérance.
Je salue avec gratitude les nombreuses initiatives de
prières et d’engagement pour la paix qui sont déployées dans de nombreux
endroits du monde à l’occasion de la Journée mondiale de la Paix. Je rappelle,
en particulier, la Marche nationale qui a eu lieu hier soir à Campobasso,
organisée par la Conférence épiscopale italienne (CEI), Caritas et Pax Christi.
Je salue les participants à la manifestation “Paix sur toutes les terres”,
promue à Rome et dans de nombreux pays par la communauté de Sant’Egidio. Comme
les familles du Mouvement de l’Amour Familial, qui ont veillé cette nuit place Saint-Pierre.
Merci ! Merci pour cette prière.
J’adresse un salut cordial à tous les pèlerins présents, aux
familles, aux groupes de jeunes. Une pensée spéciale pour les « Chanteurs de
l’Etoile » (“Cantori della Stella”) – Sternsinger –, c’est-à-dire les enfants
et jeunes qui en Allemagne et en Autriche apportent dans les maisons la
bénédiction de Jésus et recueillent des offrandes pour les enfants qui manquent
du nécessaire. Merci de votre engagement ! Et je salue aussi les amis et les
volontaires de la « Fraterna Domus ».
A tous, je souhaite une année de paix dans la grâce du
Seigneur et avec la protection maternelle de Marie, que nous invoquons
aujourd’hui par le titre “Mère de Dieu”. Qu’en pensez-vous si tous ensemble
nous la saluons, maintenant, en disant trois fois “Sainte Mère de Dieu”? Tous
ensemble : Sainte Mère de Dieu ! Sainte Mère de Dieu ! Sainte Mère de Dieu !
Bon début d’année, bon déjeuner et au-revoir !
"Que le Seigneur te bénisse et te garde"
Les vœux de l'Eglise pour 2014
Marie Mère de Dieu, homélie du 1er janvier
Homélie du pape François :
La première lecture nous a proposé à nouveau l’ancienne
prière de bénédiction que Dieu avait suggérée à Moïse pour qu’il l’enseigne à
Aaron et à ses fils: «Que le Seigneur te bénisse et te garde! Que le Seigneur
fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi! Que le Seigneur
tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix!»(Nb 6, 24-25). Il est ô
combien significatif de réécouter ces paroles de bénédiction au début d’une
année nouvelle: elles accompagneront notre chemin pour le temps qui s’ouvre
devant nous. Ce sont des paroles de force, de courage, d’espérance. Non pas une
espérance illusoire, basée sur de fragiles promesses humaines; ni une espérance
naïve qui imagine un avenir meilleur seulement parce qu’il est l’avenir. Cette
espérance a sa raison dans la bénédiction de Dieu, une bénédiction qui contient
le souhait le plus grand, le souhait de l’Église pour chacun de nous, souhait
rempli de toute la protection affectueuse du Seigneur, de son aide
providentielle.
Le souhait contenu dans cette bénédiction s’est réalisé
pleinement en une femme, Marie, en tant que destinée à devenir la Mère de Dieu;
et il s’est réalisé en elle avant toute créature.
Mère de Dieu! C’est le titre principal et essentiel de la
Vierge. Il s’agit d’une qualité, d’un rôle que la foi du peuple chrétien, dans
sa tendre et naïve dévotion pour la maman du ciel, a perçu depuis toujours.
Rappelons-nous ce grand moment de l’histoire de l’Église
antique, le Concile d’Éphèse, au cours duquel fut définie avec autorité la
maternité divine de la Vierge. La vérité sur la maternité divine de Marie
trouva écho à Rome où, peu de temps après, fut construite la Basilique de
Sainte Marie Majeure, premier sanctuaire marial de Rome et de tout l’Occident,
où on vénère l’image de la Mère de Dieu – la Theotokos – sous le titre de Salus
populi romani. On raconte que, pendant le Concile, les habitants d’Éphèse se
rassemblèrent devant la porte de la Basilique où se réunissaient les Évêques et
crièrent: «Mère de Dieu!» Les fidèles, demandant de définir officiellement ce
titre de la Vierge, montraient en reconnaître la divine maternité. C’est
l’attitude spontanée et sincère des enfants qui connaissent bien leur Mère,
parce qu’ils l’aiment d’une immense tendresse. Mais il y a plus: c’est le
sensus fidei du saint peuple fidèle de Dieu, qui jamais, dans son unité, jamais
ne se trompe.
Marie est depuis toujours présente dans le cœur, dans la
dévotion et surtout sur le chemin de foi du peuple chrétien. «L’Eglise marche
au cours du temps… et sur ce chemin elle progresse en suivant l’itinéraire
accompli par la Vierge Marie» (Jean Paul II, Enc. Redemptoris Mater, n. 2).
Notre itinéraire de foi est le même que celui de Marie, c’est pourquoi nous la
sentons particulièrement proche de nous! Concernant la foi, qui est le pivot de
la vie chrétienne, la Mère de Dieu a partagé notre condition, elle a dû marcher
sur les mêmes routes que nous parcourons, parfois difficiles et obscures, elle
a dû avancer dans le «pèlerinage de la foi» (Conc. Œcum. Vat. II, Const. Lumen
gentium, n. 58).
Notre chemin de foi est lié de manière indissoluble à Marie
depuis que Jésus, mourant sur la croix, nous l’a donnée pour Mère en disant:
«Voici ta mère!» (Jn 19, 27). Ces paroles ont la valeur d’un testament et
donnent au monde une Mère. Depuis ce moment, la Mère de Dieu est devenue aussi
notre Mère! Au moment où la foi des disciples était fissurée par tant de
difficultés et d’incertitudes, Jésus les confiait à Celle qui avait été la
première à croire, et en qui la foi n’a jamais faibli. Et la «femme» devient
notre Mère au moment où elle perd son divin Fils. Son cœur blessé se dilate
pour faire place à tous les hommes, bons et mauvais, tous, et elle les aime
comme elle aimait Jésus. La femme qui, aux noces de Cana en Galilée, avait
coopéré par la foi à la manifestation des merveilles de Dieu dans le monde, au
calvaire tient allumée la flamme de la foi en la résurrection du Fils, et elle
la communique aux autres avec une affection maternelle. Marie devient ainsi
source d’espérance et de vraie joie!
La Mère du Rédempteur nous précède et sans cesse nous
confirme dans la foi, dans la vocation et dans la mission. Par son exemple
d’humilité et de disponibilité à la volonté de Dieu elle nous aide à traduire
notre foi en annonce joyeuse et sans frontières de l’Évangile. Ainsi notre
mission sera féconde, parce que modelée sur la maternité de Marie. Confions lui
notre itinéraire de foi, les désirs de notre cœur, nos nécessités, les besoins
du monde entier, spécialement la faim et la soif de justice et de paix et de
Dieu ; et invoquons-la tous ensemble, et je vous invite à l’invoquer par trois
fois, en imitant ces frères d’Éphèse, lui disant : Mère de Dieu! Mère de Dieu!
Mère de Dieu! Amen.