La pensée du Pape François
Neuf mois après son élection, le pape François a été élu
mercredi «personne de l'année» 2013 par le magazine américain Time. Il est le
troisième chef du Saint-Siège à obtenir cette distinction après Jean-Paul II,
en 1994, et Jean XXIII, en 1962, le prix récompensant à l'époque «l'Homme
de l'année» .
Il devance Edward Snowden, l'ancien consultant de l'agence de sécurité nationale américaine (NSA) actuellement refugié en Russie, à l'origine des révélations fracassantes sur les pratiques de surveillance des télécommunications par les Etats-Unis. A la troisième place, on retrouve la militante américaine Edith Windsor, la veuve octogénaire à l'origine de la décision de la Cour suprême des Etats-Unis en juin de donner aux couples homosexuels les mêmes droits au niveau fédéral que les couples hétérosexuels. Arrive ensuite le président syrien Bachar al-Assad, qui a su montrer «qu'une cruauté absolue et continue, combinée à une intelligence géostratégique, est le meilleur moyen de rester au pouvoir au Moyen-Orient».
«Il est au centre des discussions essentielles de notre époque»
«Avoir tiré la papauté hors de son
palais afin de l'emmener dans la rue, avoir poussé la plus grande Eglise au
monde à faire face à ses besoins les plus profonds, avoir fait le juste
équilibre entre jugement et compassion», sont les raisons avancées par la
rédactrice en chef Nancy Gibbs, mercredi sur la chaîne NBC, pour justifier ce
choix.
«Il est rare qu'un nouvel acteur de la scène mondiale suscite autant d'attention si rapidement, que ce soit parmi les jeunes ou les plus âgés, parmi les croyants ou les sceptiques, que le pape François», d'origine argentine, parvenu en mars à la tête de l'Eglise catholique. «En neuf mois, il a su se placer au centre des discussions essentielles de notre époque : la richesse et la pauvreté, l'équité et la justice, la transparence, la modernité, la mondialisation, le rôle de la femme, la nature du mariage, les tentations du pouvoir», a-t-elle encore énuméré.
En septembre
dans sa toute première interview, accordée à la revue jésuite "Civilta
Cattolica", le pape recommandait ainsi la "miséricorde" pour les homosexuels, les divorcés et
les femmes ayant avorté: sans changer les conceptions catholiques,
il invitait à "accompagner" les personnes dans leur cheminement et
leur complexité.
La semaine dernière encore, le pape a décidé d'instaurer une commission d'experts pour améliorer la protection des enfants et mineurs, alors que l'Eglise catholique est embourbée dans des scandales de pédophilie.
Il succède à Barack Obama
Le porte-parole du Vatican, Frederico Lombardi, s'est réjoui de cette nomination. «C'est un signe positif que l'une des récompenses les plus prestigieuses des médias internationaux revienne à une personne qui prêche des valeurs spirituelles, religieuses et morales dans le monde et prône véritablement la paix et la justice».
Le pape François succède au président américain Barack Obama. Alors réélu à la Maison Blanche, ce dernier avait été désigné «personne de l'année» par le magazine, pour la deuxième fois après 2008, lors qu'il avait conquis son premier mandat à la tête des Etats-Unis. Du Saint-Père, Barack Obama a notamment dit qu'il possédait une «humilité incroyable, un sens de l'empathie pour les petits, les pauvres». «C'est quelqu'un qui pense d'abord à se rapprocher des gens plutôt qu'à les repousser, à trouver ce qui est bon chez eux», a ajouté le président américain.